Bon, bon. J'en vois déjà qui se disent; c'est quoi l'affaire? Bien simple. Pour m'habituer à respecter les limites de mots (*kof**kof*) et pratiquer ma patience, je me suis donné comme nouveau hobby d'écrire des histoire 'courtes', ou en terme plus anglophone, des 'one shot'. En gros, des histoires à un chapitre. Ils n'ont pas de thème précis, peuvent varier grandment, et sont pour la plupart des expérimentations.
Les commentaires sont, bien entendus, acceptés.Titre :
Enfant de la patrieAuteur : Moi
Narration : Première personne du singulier, présent pour la majorité du temps.
Mots : (Selon les statistiques Word) 2,612
Genre : Euh, historique sans vraiment l'être?
Warning : Un peu de violence sous-entendue
Commentaire : Quelque chose que j'ai totalement improvisé. Il était très tard lorsque je l'ai terminé, alors je n'ai utilisé que le correcteur orthographique. Je réviserai l'orthographe une prochaine fois, ne vous inquiètez pas. Oh, et vous serez gentils de m'avertir des incohérences/anachronismes/whatever.
Enfant de la patrie
Je me réveille sous l'effet d'un choc contre ma tête. D'abord, mes souvenirs demeurent embrouillés par les brumes de ce qui restait de mon inconscience, puis, peu à peu, la vue de mon entourage me ramène à la réalité.
Où plutôt, l'absence de la vue de mon entourage.
Il fait si noir tout autours. Je tremble, plus de peur que de froid. En fait, la chaleur est suffocante, j'ai peine à respirer. J'ai mal au ventre, mal à la gorge, mal à la tête, mal aux poignets mais surtout mal au cœur. Oh oui, il fait si noir dans mon cœur…
J'entend un gémissement à coté de moi. Ma voisine viens de se réveiller. Dans la pénombre, je la vois se frotter la tête et ce que j'imagine être sa lisse tignasse rousse à présent striée de mèche pourpre. Elle a mal, plus mal que moi, bien que je ne puis le discerner dans la noirceur. Je perçois ses sanglots étouffés par la crainte. Le poids sur mon cœur s'alourdit à l'idée qu'elle ne survivra très certainement pas le voyage, mais mon cœur est si froid que je n'ai plus force à pleurer.
Une nouvelle secousse, cette fois-ci dans un silence oppressant. Mais quelque chose à bouger à l'intérieur de moi. Les souvenirs me reviennent, comme le souvenir d'une plaie qu'on croyait cicatrisé. Soudain, je n'ai plus la force de plaindre ma pauvre compagne, et les larmes me montent aux yeux. Tout s'est passé si vite! Je suis trop jeune pour comprendre, trop jeune pour encaissé, trop jeune pour mourir…
Où est partit Maman? A-t-elle rejoint Papa et Michael comme elle me l'avait promis? Je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Elle m'avait dit que tout irait bien, que tout allait s'arranger pour nous deux. Elle a mentit, je le savais dès que les mots ont franchis ses lèvres ensanglantées. Maman est une piètre menteuse, mais je ne sais plus discerner le mensonge de la vérité…
Ils l'ont pris, ils me l'ont volés. Ces êtres abjects, enroulés dans leur manteau de mort. Des corbeaux -oui des corbeaux! Des mauvaises augures, des voleurs, des charognards qui ont attendus que le désastre passe pour fondre sur leur proie.
Il n'y a pas longtemps, notre ville fut prise en siège. J'ignore pourquoi cela est nommé ainsi, car avons tout fait sauf rester assis. D'abord, il n'y avait que les murmures et les restrictions. Je ne pouvais plus aller cueillir des fleurs avec Maman. Puis un jours, Papa prit sa fourche et Michael son bel arc neuf pour aller aux remparts. J'ai demandé à maman ce qui se passait, elle ne m'avais pas répondu alors. Ce manège recommença tout les matins jusqu'à temps que, une nuit comme les autres, Maman me réveilla alors que la lune n'était pas encore descendu. Je me frottai les yeux, dans un état demi-éveillé, et lui demandai sans grand enthousiasme ce qui se passait. 'Shhh…' me fit-elle avec empressement, posant un de ses doigts sur ma bouche. 'Ne t'inquiète pas, tout ira bien ma chérie.' C'est alors que je remarquai ses blessures encore fraîche, c'est alors que j'entendit les cris d'effroi de nos voisins à l'extérieur. J'étais si sotte, j'ai vraiment cru que tout allait bien aller si je restais proche de Maman.
Maman n'est plus là, je suis seule à présent. Enfin, pas tout à fait. Il y a ma voisine qui me tient compagnie sans vraiment le faire dans ce chariot sans lumière, et il y a les autres. Des hommes, des femmes, des enfants, des personnes à la peau noire et d'autre blanche. Nous avons tous des visages différents, mais un point nous lie tous à ce moment; nous sommes des prisonniers, des malheureux et même pour certains, des rescapés à qui la mort semble bien belle comparé à la route que nous prenons. J'ai peur de la mort, je suis contente d'être encore en vie, mais je crains que ce ne soit que provisoire.
J'ai demandé à un homme, une heure auparavant, où allions-nous, dans cette caravane sombre et surpeuplé. Je ne pouvais pas le voir, mais je n'eu peine à imaginer sa grimace de pitié à mon égard. Ma voix devait un peu trembler, après tout j'étais sur le point de m'évanouir, mais il crut que j'étais terrifié, ce pourquoi il dit. 'Ne t'inquiète pas de savoir où nous allons, fillette. Dors petite, et avec un peu de chance, tu ne te réveilleras que lorsque tout serra finit'. Je compris alors que les histoires de guerres que mon père racontait à mon aîné pour l'effrayer, lorsque j'étais encore gamine n'était pas des fabulations. Je me souvenais alors trop bien de celle-ci dans les moindres détails. L'esclavage. Était-ce bien ce qui m'attendais, à moi aussi? Pourtant, j'étais bien loin d'être assez forte pour travailler aux champs, et Maman n'avait pas eu le temps de m'apprendre à coudre ni à tisser. Tant pis! Ils n'auraient rien de moi. Ils serraient donc forcer de me relâcher, non?
Une toux prolongé, quelque part à ma droite me tire brusquement de mes songes. Mes yeux, habitués au trop peu de lumière, m'avertissent que la plupart des autres infortunés dorment tout autours. La plupart sont d'une pâleur effrayante, si blancs que même le faible rayonnement de la lune réfléchit contre leur peau. Ils ont tous l'air si froid, malgré la chaleur, et je me demande alors si moi aussi je suis aussi froide. Je m'aperçois alors que la plupart d'entre eux sont striés de pourpre, tout comme les cheveux de la petite Aurélie, de nouveau endormie sur mes genoux. Moi aussi je saigne, mais beaucoup moins qu'eux. Mes poignets sont si douloureux que je ne les sens presque plus, alors je n'imagine pas la douleur que tous ces pauvres doivent ressentir. Mon regard parcourt, distant, comme pour tenter d'oublier. Puis finalement, j'identifie le deuxième éveillé de la salle, celui qui a toussé. Je ne vois que ses contours, mais il est plus proche que ce que je croyais. Je le dévisage, tentant de m'imaginer à quoi ressemble l'ombre qui lui tient lieu de figure. Soudain, comme alerté par l'intensité de ma concentration, sa tête tourne brusquement et je me retrouve le regard dans une paire de yeux bruns lumineux. Je réprime un cris de surprise, qui sors tout de même en exclamation de surprise. Les yeux me fixent, et je comprend alors le malaise de se faire regarder. Pourtant, son regard n'a rien d'hostile, plus fatigué qu'autre chose même. En fait, alors que la peur me quitte, j'ai l'impression de voir toute la fatigue du monde dans ces deux pupilles. Un nouveau toussotement étranglé de sa part me donne l'impression que le sommeil le guette, un très lourd sommeil. Je semble percevoir un son de sa part, mais le bruit de la roche contre les roues du véhicule m'induisent en erreur, et je conclu finalement que j'ai dû rêver. Pourtant, à peine trente secondes plus tard, comme si reprendre son souffle était si pénible qu'il devait prendre une pause à chaque fois, la voix de l'homme me parvint.
'Hey. Toi. Comment t'appelles-tu?'
Sa voix est lente et basse. Je me dis alors qu'il est plus vieux que ce que j'aurais penser. À présent toute réveillée, je répond presque instinctivement sur la défensive.
'Je ne dit pas mon nom aux étrangers.'
Un ricanement mélancolique, ou plutôt une tentative de ricanement me parvient. L'homme à mal, sa respiration est lourde, je regrette tout de suite d'avoir été dure avec lui. Mais il ne semble pas bien offusqué, car il reprend alors avec la même lenteur.
'Tu es bien prudente petite.'
'Je ne fais pas confiance à personne.' Je réplique avec tout la force qu'il me reste encore.
'Tu n'as donc rien dit de toi aux soldats?'
'Non, bien entendu!'
'… C'est bien. Très bien petite.' Un court moment de pause. 'Tu es courageuse, mais tout de même trop jeune pour être ici seule, qu'est-il arrivé à tes parents?'
Un long silence s'en suit. Pendant que l'homme tente de reprendre ses forces, je ne trouve pas la force de répondre. Un nœud s'est formé dans ma gorge, mais je ne veux pas pleurer. Je veux paraître forte, je veux être courageuse comme il le dit. Alors je me force une réponse qui ne sors pas du tout comme je le souhaitais. À la place, un sanglot s'échappe, et je m'aperçois alors que depuis mon réveil, les larmes n'ont pas cessé de couler. C'est plus fort que moi. Le compartiment est si petit que l'homme ne peut manquer de les voir briller à la lumière de la lune. Si nos poignets n'étaient pas attachés au mur, je pourrais sûrement l'atteindre de mes courts bras. Lui en revanche, ne semble même pas avoir la force d'esquisser autre mouvement que le mince sourire qu'il me dédia.
'C'est terrible.' Fit-il. J'allais approuver, mais il continua aussitôt, plus à lui-même qu'a mon attention. 'Ils ont tués nos soldats sans se soucier de leurs familles, emporter nos femmes on ne sait où, mais s'en prendre nos enfants…'
Une nouvelle toux forte, cette fois-ci, je crus presque qu'il allait cracher son cœur. Parler devenait ardu, je me retins de lui demander de cesser.
'… est tout simplement horrible.'
Ce qu'il dit me trouble un peu. Alors l'homme aurait perdus ses enfants? Mais il avait également dit 'nos femmes', cela signifiait-il qu'il en avait plusieurs. Interloquée, je ne peux m'empêcher de demander.
'Vous avez plusieurs femmes monsieur?'
Cette fois, son rire est plus franc, bien qu'encore difficile.
'Non.' Dit-il tout simplement. 'Je n'ai pas de femme, j'ai dédié ma vie à ma patrie. Je parle en son nom petite. Les enfants de notre partie comme toi ne mérite pas de mourir.'
Les enfants de la patrie? J'étais donc un enfant de notre patrie? Je sens soudain une petite étincelle de chaleur dans mon cœur. J'ai soudain l'impression qu'il me reste une mère et qu'elle m'entoure. Après tout, nous sommes bien dans les bras de la patrie où que l'on soit? Je me permet un faible hochement de tête approbatif. L'homme me sourit.
'J'ai toujours voulut avoir des enfants.' Relate-t-il. 'Mais lorsque l'occasion s'est présenté pour moi de devenir soldat, j'ai tout de suite sut qu'élever une famille ne serais pas ma vocation. Ma famille est mon peuple, notre peuple. C'est pourquoi j'ai l'impression que si je te laissais mourir, je laisserais mourir ma propre fille.'
Cette fois, je reste immobile, concentré. J'ai toujours aimé les histoires, même celle que je ne comprend pas au complet. Je ne suis pas capable de voir en quoi je ressemble à sa fille, mais peu m'importe. Le récit du soldat commencer tranquillement à me rassurer, à me bercer dans un sommeil que je croyais depuis longtemps impossible.
'Je ne peux malheureusement plus t'aider.' Poursuivit-il dans un souffle. Je remarque alors que la fatigue dans ses yeux s'est décuplé, l'histoire touchait à sa fin. 'Je ne peux que te donner une chance… Écoute bien petite, car c'est probablement ta dernière. Demain, à l'aube, si tout va bien, ce transport serra arrêter par des soldats de notre coté. Tes poignets sont petits, tu devrais être capable de te défaire de tes chaînes, alors tu te dépêcheras. Il n'y aura pas beaucoup de temps. Lorsque tout sera arrêter, lorsque tu n'entendras plus un bruit, ouvre la porte, elle ne serra pas verrouillée à cette heure, et sauve-toi. N'aie pas peur de te faire poursuivre petite, et si tu te sens suivie, court sans t'arrêter. Court petite, rappelle-toi de cela. Court sans te retourner…'
Je ne sais pas si cela marqua la fin de son histoire, je ne le saurai probablement jamais, car à ce moment-là, sa voix douce et rassurante acheva de m'endormir.