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 ¨˜”°º•Harlequin•º°”˜¨

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Sir Nordrakul
Mercenaire de l'Air
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Sir Nordrakul


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MessageSujet: ¨˜”°º•Harlequin•º°”˜¨   ¨˜”°º•Harlequin•º°”˜¨ Icon_minitimeJeu 2 Nov - 23:01

Mère, Père, Frères et Soeurs
Je vous écris en ce triste jour pour vous annoncer que je dois vous quitter.
Ne pleurez pas ma perte, je vous en conjure, car cela ne ferait qu'empirer ma déchéance. Il n'existe aucun mot pour exprimer à quel point je vous suis reconnaissant, à quel point je suis fier d'être votre fils, de faire partie de cette famille, et d'avoir autour de moi tant de gens attentionés et compréhensifs. Toute ma vie, vous avez étés mes anges. Jamais trop dur, rarement trop doux, je vous avoue aujourd'hui, j'idôlatre votre force. À tous. Je vous souhaites la plus belle des vies, sans le soucis de mon existence au creux de la votre. Je ne crois pas que nos chemins ne se recroisent. Je vous aime. Adieu.

~Harliquin~

Phoenix Dorchant



Je saigne de l'encre. Je n'y peux rien, dès que la douleur revient, seule l'écriture arrive à adoucir mon calvaire. Pourquoi est-ce arrivé ? Est-ce même réel ? Je ne suis pas si bête. Je suis naïf, mais je ne crois pas être bête. J'ai quitté ma famille pour pouvoir reprendre mon souffle. Pouvoir le reprendre seul. Ma vie, elle est ailleurs. Bon dieu.. que ce passe t-il ?... Où es-tu mon Ange ? Où es-tu ? Pourquoi es tu partie avec mon coeur ?..

Je ne veux plus écrire. Ça me fais mal. Trop de souvenirs, si pesant, si terrible... Je me rapelle l'Ange. Elle avait un nom. Elle était à moi, et j'étais à elle. Comme je fut naïf... Comme je me hais pour ma bétise. J'ai tout gâché. Elle m'a brisé. Je me souvient... Je dévore mes propres doigts pour ne plus écrire. Mais rien n'y fait, l'encre coule et coule encore, inexorablement. J'ai arraché mes ailes, me voilà poète déchu et solitaire, et de plus en plus je retrouve le calme, qui me donne cette envis irréfutable de m'enlever la vie... Je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur car déjà on m'a tout enlevé. Elle m'a tout enlevé. Mon Amour... À la peau si douce, au sourire étincellant. Tes caresses aujourd'hui me brûlent. Et je sais que tu sais. Je sais comme tu peux être sadique, et que pour toi aucun homme ne peut t'offrir autant de douleur et de plaisir que celui, brillant mais fragile, naïf, poète et sensible, que je fut... Tu as appris à aimer ce que j'étais. Tu as même appris à aimer ce que je n'étais pas. Et bien vite, tu as appris à exécrer l'amour. Tu es si belle, mon Ange. Si belle que j'en pleure encore plus d'encre, que j'ai envis de m'ouvrir le ventre et de t'offrir mon coeur.

Ne vois-tu pas à quel point je t'aime ? Je pourrais être vil pour toi. Je pourrais être tout ce que tu désires. Pourquoi alors ne m'écoutes-tu pas ? Tu as peur de l'amour, mon Ange, et moi je souffre de cette fracture. Il me manque de me perdre avec toi. Tu m'as tant appris mon Ange. Tu m'as appris à vivre, tu as fait du candide innocent que je fut un être lucide au delà des sens. Mais je ne veux plus de ces cadeaux ! J'ai fais germer en toi le Mal, je le sens. J'ai fais de ta beauté l'arme la plus destructrice au monde... Je veux mourir, je veux mourir, je dois mourir, je crois mourir mais non... Je me sens pourir lentement, et mon humanité crever lentement... J'ai si mal mon Ange. J'ai si mal et c'est de ta faute. J'ai si mal, et au fond je suis le seul à blamer. Pourquoi es-tu disparue ?... Pourquoi ?...


Harliquin pleure. Son souffle soulève son corps mince caché par un habit noir aux boutons d'argent. Ses mains ; ou plutôt ce qu'il en reste ; sont gantées de blanc, et tiennent un petit livret noir et une plume. Une goutte d'encre tombe sur la feuille à peine entâmée, où des poèmes sordides et minables s'enchaînent sans suite. Le petit homme semble tout jeune, 18 ans peut-être, et son visage androgyne est ombragé par ses longs cheveux noirs, qui semblent aussi tristes que lui. Sa peau est blanche comme celle d'un mort, et ses yeux sont cernés de noir. Penché sur son oeuvre, l'homme semble victime d'horribles tourments. Assis sur une souche tordue et pourissante, Harliquin compose sa majestueuse tragédie.

Si souvent on m'a craint plutôt que de me respecter. Tellement de fois on m'a regardé du coin de l'oeil, regard méprisant, et parfois pire encore ; la pitié. Je ne la supporte pas. Je/
L'homme s'arrête. Des gens passent. En général, ça ne le gêne pas, et il continue en essayant d'ignorer les ignorants. Mais pas cette fois. Qui peut bien se promener sur cette plaine désertée, baignée de brouillard ? Harliquin veut continuer d'écrire sa phrase, ça l'agace énormément, mais il regarde plutôt d'un oeil suspicieux la troupe de passants. Des villageois qui déménagent, semble t-il. Et ils le regardent en retour, étonné, parfois effrayés, parfois le prenant en pitié. Et sur sa souche, l'autre ne bronche pas, se repenche sur sa feuille et s'efforce de laisser passer ces gens sans s'en soucier.

Ses mains tremblent. Elles l'ont toujours fait, d'aussi loin qu'il s'en souvienne. À chaque main, près d'un centimètre manque à chaque doigt. Parfois plus, parfois moins. Seul le majeur et le pouce droit sont épargnés. Et alors qu'il sent enfin l'inspiration revenir, un bruit vient couper la concentration du rêveur. Dans le groupe de villageois, une troupe de brigands s'élance et fracasse les rangs. Le sang coule, les femmes et les enfants hurlent. Les hommes se défendent tant bien que mal contre ces vicieux envahisseurs. Et Harliquin regarde la bagarre, perdu entre sa fascination pour la violence et son empathie pour ces pauvres gens. Doit-il les aider ? Peut-il les aider ? Lentement, incertain, l'homme se lève. Des corps s'écroulent devant lui, d'autres se sauvent à toutes jambes. Posant sa plume comme un signet dans son livre, le petit être remet celui ci dans son sac, qui en contient une vingtaines d'autres, de tailles et d'allures différentes.

Une fraction de seconde, il croit appercevoir les cheveux de sa belle flotter dans le vent au milieu de la melée. Mais non, c'est impossible. Ce n'est pas elle. Total manque d'assurance... Il s'avance doucement plus près de la baston, et lance, sans savoir comment s'y prendre..
~ Hey ! Lâchez les bande d'idiots.

C'est à peine si les bandits y font attention, alors qu'ils continuent le carnage. L'un d'eux traverse la ligne de villageois et s'élance vers Harliquin, les dents serrées et le regard de requin. L'épée s'abbat brutalement sur la tempe du poète, dont les yeux se révulse. Le corps chavire et s'écroule sur le sol, fesant plus de bruit que ce que l'on aurait prévu de la part d'un si petit être. Sur le côté, les yeux ouverts, le jeune homme voit le sang. Du sang rouge, qui dégouline sur son nez et ses yeux. Pourquoi ?...

Harliquin pose sa paume contre son coeur qui bat si fort. Il pense à Elle. Il ne pense à rien d'autre, et doucement son souffle se transforme en plainte, et le pauvre homme se met à pleurer. Sa tête lui fait mal, mais il ne sait plus si cela est dût au coup d'épée ou à ses souvenirs déchirants. Autour de lui, la baston continue. Le bandit hurle de joie et retourne dans le tas, laissant le poète étalé sur le sol. Celui-ci prend son courage à deux mains et se lève malgré la détresse. Il refuse d'être encore la victime. Il veut la paix.. Il veut.. il veut... son Ange... Harliquin jète un regard à la fois méprisant et honteux sur la scène, et s'éloigne en vitesse en rassemblant ses affaires. Ça tambourine dans ses oreilles, son coeur et sa tête s'embrasent.

Et à nouveau, le silence. Au milieu du brouillard, Harliquin essuit ses joues et son facies devient haineux. Comme il les briserait, ces vermines, s'il n'avait pas si bon coeur. Il avait tellement envis de détruire le monde, de tout massacrer sur son chemin... Mais si le poète se sentait incapable de mener son coeur, il avait tout de même la force de contrôler ses gestes. Pourquoi se battaient-ils, ces imbéciles ? Eux qui avaient pourtant si peu de haine comparé à lui. Pourquoi, comment ?! Ces êtres tuaient, violaient et insultaient sans qu'on ne leur ai rien fait, alors que le jeune homme n'était même pas sur qu'il oserait répliquer à une attaque directe. D'ailleurs...

Sa main se posa contre sa tempe, puis devant ses yeux. Du sang rouge... Cette couleur le calmait. Il aimait le sang, le fluide le plus esthétique du monde. Nul alcool lumineux, nulle vase et nulle eau claire ne pouvait l'égaler. Rouge de vie... Rouge de passion... Et il pensa encore à son amour... Cela le tourmenterait indéfiniment... Cela, oui, il en avait peur. Comment guérir de cette chose qu'il ne pouvait oublier. Il ferma les yeux et referma ses doigts ensanglantés contre sa paume, pensif, sévère. Ç'avait été un si beau rêve...

Un regard vert. Vert émeraude, couronné d'un gris couleur acier. Des cheveux roux, si longs, si flamboyants... Et ce visage qui avait une touche masculine impossible à définir, et qui restait pourtant si féminin. Ce sourire... Les images défilèrent, de ces épaules fortes et douces, au creux de son dos, celui de ses reins et ses hanches, son bassin, ses longues jambes puissantes et souples. Un sourire apparu sur les lèvres du jeune homme, sourire qui ne puisait sa force que dans le masochisme de ces souvenirs exquis. Comment avait-elle osé s'offrir à d'autres ?... Comment ?... Comment ces seins parfaits avaient-ils pu se retrouver à la portée d'autres hommes. Comment cette chance s'était-elle évaporé ? Comment et pourquoi ? Tout était... disparu...

Harliquin eut envis de pleurer à nouveau, mais quelque chose s'était arraché hors de son torse et l'empêchait à présent de verser la moindre larme. Déçu et défait, l'androgyne s'enfonça d'un pas soutenu au travers la brume, à la recherche d'un endroit où se reposer. Dormir en plein air ne lui plaisait pas, surtout au milieu d'une plaine. Le petit homme fit tanguer à gauche sa tête, et son cou émit un craquement sonore. C'était agréable, et en même temps si sordide... Et à droite... Crack ! Le poète apperçu une maison. Il s'arrêta aussitôt, se demandant s'il était vraiment opportun de demander l'hospitalité puisque... Mine de rien... Il n'inspirait pas vraiment confiance. Il avait l'air tordu et déviant à souhait, naïf, dépressif, presque dangereux. Et ce qu'il détestait avoir le sentiment de s'imposer... Prit de confusion et de panique, Harliquin avança alors, et cogna à la porte de la chaumière. Autour, il y avait une grange et une clôture. Le reste était camouflé par cette épaisse purée de pois.

L'homme attend un moment, puis au moment de partir, les pas lourds du propriétaire se font entendre. Il descend des marches, visiblement... La porte s'ouvre. L'homme, gras et costaud, parle d'un ton sévère et neutre sous sa grosse barbe noire touffue.
- Qu'ess tu veux ?
Un instant prit de court, Harliquin se rattrape, maladroit.
~ J'aimerais savoir si vous pourriez m'offrir un gite pour passer la nuit monsieur... C'est que dehors il...
- Ouais ouais aller entre.
coupe l'autre, légèrement agacé par tant de justifications.
Harliquin souffle un léger "merci", trop sourd pour que son hôte ne l'entende. Il se dit qu'il devrait le répéter mais la gêne le prend, et le pauvre bougre choisit de se taire. Il y a seulement deux pièces dans la maison, plus un autre à l'étage et une cave. Harliquin a une drôle d'impression....


Dernière édition par le Ven 3 Nov - 3:35, édité 1 fois
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Sir Nordrakul
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MessageSujet: Re: ¨˜”°º•Harlequin•º°”˜¨   ¨˜”°º•Harlequin•º°”˜¨ Icon_minitimeVen 3 Nov - 3:31

Et Harliquin regarde, ébahit, ce petit monde qui se dessine devant lui. C'est qu'il s'émerveille de peu, le jeune poète ! L'esthétique se retrouve à ses yeux tant dans le grandiose que dans le charme singulier d'une petite cabane 2 pièces. Mais quelque chose de morbide rôde... Et il n'y peut rien, une part de lui se délecte de cette sensation de mal. Tiquant un peu d'un oeil, le petit homme suit le pesant propriétaire jusqu'en haut des marches, dans une large chambre où se trouvent 5 lits...

Dans chacun d'entre eux, une jeune fille sommeille. Harliquin est stupéfait... Qu'est-ce que... Le grand homme se craque la machoire ; habitude qu'Harliquin à perdue depuis que celle-ci est restée coincée pendant des heures ; puis brasse de sa grosse main velue l'épaule d'une des filles. La plus vieille, semble t-il, qui doit avoir environs le même âge que le jeune homme. Il la regarde, penaud, se réveiller. Quel gâchi de troubler le sommeil d'une si charmante créature, au nom d'une hospitalité qu'il était tout à fait près à refuser... Il la regarde, mais son regard se perd sur son pyjama... Sur ses bras menus, sa poitrine et ses petits pieds. Harliquin est en manque. Où es tu, mon ange ? Pourquoi les femmes viennent-elles me rappeler à ton irredescente lumière ?!

La fille croise le regard du jeune homme, qui, timide, le baisse contre le sol. Pendant ce temps, le père reste bourru, et d'un mouvement d'yeux indique à sa fille le chemin à suivre. Incertaine, résignée, celle-ci semble presque terrifiée lorsqu'elle passe à côté de l'invité et passe le seuil vers un autre lit.
- Prends ce lit. Demain il faudra partir tôt.
Et aussitôt la porte se referme. Le poète observe un instant le meuble, et repense à la fille qui y dormait quelques secondes plus tôt. Et tout à coup, il se trouble. Bourré de complexes et de pulsions étranges... Il se penche sur un autre lit, observe méticuleusement ce visage doucement assoupi, ce visage si jeune et si frais, ces cheveux si fin et cette infinie candeur. La main d'Harliquin s'approche en silence. Elle tremble plus que jamais, mais démontre une précision exceptionnelle malgré tout. Les doigts bousillés effleurent le cou de la belle sans la réveiller, puis retirent doucement la couverture....

Harliquin grince des dents. Quel bétise, quel disgrace ! Oser se résoudre à de telles vices, sur une femme qui n'a pas encore finit d'en devenir une, qui plus est ! Mais la main ignore ses pensées sans convictions, et se glisse par l'échancrure sur la chair meuble et tendre de la poitrine de la jeune femme. Quel âge peut-elle avoir ?... 16 ans peut-être ? Enfin, il espère que c'est quelque chose comme ça. Pour le salut de son âme, il espère que son péché ne s'est pas abattu malgré lui sur une gamine un peu trop mature....

Mais ses pensées sont bien vite coupées ; la fille semble se réveiller, grommeler doucement et gigotter. PANIQUE ! Harliquin retire le membre coupable et bondit sur son lit en vitesse, fesant vainement mine de dormir. La fille se réveille dans un long baillement, et après quelques secondes d'immobilité et de silence, elle lance dans un soupir ;
- Hey. Hey ! Les filles ! Regardez un garçon est dans le lit de Marie.
Bientôt, les autres se réveillent. 4 filles curieuses et qui s'approchent. Les yeux du petit homme sont grands ouverts, béant. C'est ridicule, mais ça n'a rien de drôle. Il tremble trop. Il tremble parce que le vice le poursuit, et qu'il veut retrouver sa belle. C'est sa faute. C'est la sienne. Non ! C'est la faute de tous les autres !!! Haaarg ! Et il ferme les yeux pour éteindre le mauvais rêve. Une main sur son épaule le fait sursauter. Elle le fait gigotter un peu et..
- Hey ! T'es qui ?
Harliquin fait mine de se réveiller. Il regarde et apperçoit les 3 filles curieuses, cligne des yeux comme s'il était bien assoupi, et enfin répond, nerveux et inefficace.
~ Hummph ?!... He.. b..bah moi je suis.. Harliquin. Je.. J'ai demandé à... à .. hee.. votre père je crois... enfin.. je lui ai demandé de m'offrir un endroit où passer la nuit... Et voilà.. Je ne voulais pas déranger, mais il a été plus rapide que moi alors...

Et il émet un vague sourire, alors que visiblement ses interlocutrices sont bien amusées de cette visite surprise. La plus jeune ; qui doit avoir 13 ans ; s'avance et touche la tempe blessée d'Harliquin de ses petits doigts fins.
- T'es tombé ?
Harliquin est interloqué, son regard se perd partout dans la pièce, ailleurs de ces petits regards qui le sondent.
~ Heee.. oui oui... Je suis tombé.
Cette fois, elles ne tombent pas dans le panneau. Trop d'incertitude dans cette voix pour ne pas cacher quelque chose.
- Menteur... ose lancer la plus vieille, sournoise et charmante.
Le jeune homme la regarde alors, presque terrifié. Son visage... Elle est si... Si... Ce sourire en coin.. ce regard défiant.. Ces cheveux blonds à ses épaules. La panique devient désarroi. Comment une chose si jeune peut elle si aisément se jouer de ses sens ?!!!!
Mais après hésitation, Harliquin reprend doucement son calme, et une assurance profonde commence à l'envahir devant ce public attentif.

~ Hahumm... Oui et bien.. En effet, cette blessure ne provient pas d'une chute. Mais je vous assure, je suis tombé ! Parce qu'on m'a frappé.
- As tu répliqué ?
- Est-ce que ça a fait mal ?
- Qu'est-ce qui t'as frappé, et pourquoi ?

Les dents du poète se serrent pour former un étrange sourire, et la confiance se ressent enfin dans la fluidité de ses mouvement de conteur expert comme dans sa voix magistrale et pesée à la perfection. Son regard passe de fille en fille, leur inspirant la magie de l'histoire... aussi banale et improvisée soit-elle.
~ Et bien... j'aurais pu répliquer, mais je ne l'ai pas fais... *sourire* J'ai vu et vécu beaucoup de choses vous savez.. Certaines dont vous ne pouvez même pas imaginer la portée ! J'ai vu et vécu beaucoup de violence, et je ne regrette pas d'avoir suivie ma nature réservée et de ne pas avoir levée la main sur cet homme. Car c'est bien un homme, un bandit de grand chemin, qui m'a infligé cette blessure. Et oui, ça a fait mal, mais comparées aux blessures de l'âme, ce coups n'apparait que comme une vulgaire écorchure...

Fier, poète, passioné, Harliquin était à présent tout souriant, se complaisant d'un si petit public par son intérêt et sa candeur. Elles étaient éberluées, stupéfaites et enchantées. Et la plus vieille aussi, sous le choc. Et ça, le poète en était fier... Cette peau qu'il avait touché à son insu... Cette peau dont sa paume se souvenait encore très bien. Quelques minutes à peine... Mais elle n'était vraissemblablement pas sotte...
- Mais.. avec quoi il t'a frappé ?

Harliquin semble confu. Une épée ? Il aurait l'air de quoi au juste ? Un coup d'épée sur la tempe, aux dernières nouvelles, on est pas supposé en réchapper. Et puis de quoi aurait-il l'air ?... En confiance, inventer la suite fut pour l'artiste un véritable jeu d'enfant, quasi-automatique.
~ Il m'a frappé par derrière. Surement un objet en métal quelconque... va savoir. Toujours est-il que j'ai eu de la chance qu'il ne s'acharne pas sur moi, et qu'il ne prenne pas quelque chose de plus drastique pour m'occire...
Et il souria, satisfait. Et elles sourièrent, satisfaites elles aussi. Une infime pointe de déception dans le regard de l'aînée des 4, mais à peine... Et soudain, des bruits de pas lourds, montant les marches. Les filles reprennent aussitôt leur place. Ce qu'il avait l'air ivre, ce gros bonhomme ! Et sa fille pleurait et rentrait dans la chambre. Et le père, souriant, "réveilla" la fille aux cheveux blonds... L'autre prit son lit, et tout le monde resta pétrifié.

Non.... Non.... L'homme sortit avec sa fille ; le deuxième plus vieille, et descendit les marches. Panique. À nouveau. Panique. Panique. Harliquin se prend la tête à deux mains et pleure. Ce n'est pas vrai... C'est un cauchemard. Et il pleure en silence, alors qu'à côté le seul son de la pièce est celui de cette fille qui a à peu près son âge ; elle pleure. Elle pleure, et pleure encore. Elle pleure bruyamment parce qu'elle a mal. Son corps et son coeurs souffrent, et cela le poète le sens. Une profonde empathie pour la blessure profonde et terrible.

Comme s'il ne contrôlait pas ses jambes, Harliquin se leva. Son visage était effrayé et contemplatif, ses yeux ouverts refusaient de cligner et ses bras entiers étaient parcourus de spasmes. Le stress, surement. Le stress, assurément, pensa-t-il. Les filles tentèrent de l'avertir, de lui dire d'arrêter, mais rien n'y fit. Ses jambes le dirigeaient en ignorant les oreilles. Et sans faire de bruit, il descendit les marches. Etttt voilà.... Ce qu'il attendait, appréhendait, la merveilleuse démence du Mal.

Le père est dans sa chambre, et dans son large lit il baise sa propre fille. Harlequin pétrifié, pantin sans muscle qui reste immobile devant la porte, incapable de gérer l'information, bouche ouverte et visage gelé. Et elle cri, ce petit corps qu'il voulait gentiment découvrir, en vil déviant qu'il était, maintenant victime du pire. Et lui, il se marait bien. Son regard se durcit lorsqu'il le vit. Il stoppa, se leva, s'approcha.
- CASSES TOI PETIT CONNARD !
Harliquin ne dit rien, bouge la bouche sans qu'aucun son n'en sorte.
- T'ENTENDS ? T'ES SOURD ? T'ES IDIOT ?
Enfin...
~ Je.. je... pourquoi vous...
Trop tard, une baffe fais valser le petit homme contre le mur. C'est bruyant, c'est brutal. La tête cogne dure contre le mur de pierre, et Harliquin s'écroule, assis contre celui-ci alors qu'une trainée rouge sépare sa nuque du point d'impact sur le mur. Il a l'air dans les vapes. Harliquin baragouine... Rien d'intelligible ne sors de sa bouche. Et ses yeux se croisent. Coup de pied violent dans les côtes, le petit poète pousse un petit râle de douleur et se recroqueville un peu plus sur lui même.
- Boon ! Maintenant, si tu permets...
Le gros homme retourne vers le lit, et...
Un rire retentit. Pas un rire tonitruant, ni dément, ni rien. Juste un petit rire méprisant, profondément méprisant, fin et vicieux.

Le bonhomme se retourne à nouveau, et tombe sur Harliquin, qui se relève tranquillement, prenant son temps comme si chaque articulation était rouillée. Maintenant debout, le poète émet un sourire en coin inspirant à la fois charme et terreur. Son corps mince semble onduler, incapable de rester droit. Le gros homme est surpris, mais pas abattu. Son poing s'élance... et s'écrase dans le mur de pierre. Hurlement de douleur, les phalanges se fracassent sans douceur. Et Harliquin rigole, à l'autre bout de la pièce. Cette fois, la crainte se lit dans le regard de l'homme. Que fait-il là lui ?...

Rapide comme l'éclair, le jeune poète fonce et frappe de son poing dans le torse du gros homme nu. Celui-ci est violemment projeté contre le mur de pierre, et du sang coule de sa bouche, sur sa barbe noire... Harliquin est sévère, mais il est évident qu'il retire de la situation un malsain plaisir. Un profond plaisir... L'homme âgé voit tout à coup le visage de son tortionnaire se transformer en un grotesque visage, monstrueux, à l'immense sourire plein de dents énormes et tranchantes, l'espace d'une fraction de seconde. Et 2 secondes plus tard, Harliquin apparait devant lui et aggripe sa barbe, frappe durement un coup contre son crâne de l'autre. Un creux apparait sur la tête de l'homme. Son crâne est brisé, renfoncé vers l'intérieur. Ses yeux se révulsent, il vascille.

Et la main gracile d'Harliquin lâche son emprise. Il regarde l'autre marcher tout croche et s'écrouler au sol, peiner à se relever et chercher à se diriger en grommelant de peur. Ce qu'il aurait envis de continuer, le petit poète... Déchaîner tout ce que sa vie de profonde agonie lui avait apprit. Mais non... Le plaisir a assez duré. Il ne doit pas empietter au delà du devoir. N'empêche... Harliquin grimace de mépris et crache alors sur le gros homme chancelant. Celui-ci trouve enfin la porte, et s'enfuit, tout nu, pour s'éloigner du danger. Complètement assomé le pauvre.. Et Harliquin regarde la fille d'un air désolé. Elle le regarde sans savoir si elle doit lui dire merci ou hurler de terreur. Les paupières du jeune homme tremblent. Il monte doucement sur le lit et pose sa main contre la joue de la jeune fille...
~ Tu n'as plus rien à craindre à présent. Je ne crois pas qu'il ne recommence. Tout est finit...

Et sa main se met à descendre, son sourire s'élargir, tout en finesse, et son corps se rapprocher de celui de cette fille. Doucement, elle tangue. Son gré n'a plus d'importance pour l'étrange garçon cerné. Il se délecte du pouvoir qu'il impose sur l'esprit, et découvre cette chair comme il l'avait souhaité. Il s'y abandonne. Transvide tout ce MAL... Quel joie, quand même. Et au petit matin, il n'a toujours pas eu le temps de dormir. Il n'a jamais le temps. Trop de choses à faire. Si ennuyant de dormir. Harliquin rêvasse. Mais non il ne l'a pas manipulé voyons ! C'était mérité, non ?... Ho et puis il s'en fou. Il est heureux pour le moment, et arrive à oublier son enfer le temps d'une petite journée. Il laisse la maison et ses habitants, et continue sa promenade. Mais, horreur ! Alors qu'il commence à peine à continuer son écriture, et que sa phrase se fait enfin agrémenter d'un point final et d'un contenu, la pluie se met à tomber. La pluie... Une tempête oui ! Mais plus de brouillard au moins... Il court vers un village, fouetté par le vent, gémissant un peu, pliant sous l'effort... et enfin, un village... Le clocher semble inquisiteur, et les bâtiments lui disent vaguement quelque chose. Pourtant il jurerait n'être jamais passé ici...
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