Les chroniques de Milamber, Annexe 1 La fin de Milamber"Un amour si doux et si nacré, oublié dans les méandres du passé" Milamber venait de s’évanouir dans les bras du dieu neutre. Sylphe, la grande déesse de l’Air, les regardaient impassible.
Accablé contre un mur, Ith’Djad n’avait pas bougé. Plongé dans son mutisme, le dieu neutre regardait par terre. Le seul moment où il avait bougé était celui où le mage s’était évanoui : Ith’Djad l’avait pris dans ses bras avant que le jeune homme ne s’écrase contre le sol. Depuis, la fièvre de Milamber ainsi que l’attitude du dieu n’avaient pas cillé. Sylphe, en son for intérieur ne savait que faire : parler ou se taire, rester ou partir ?
Au bout d’un moment, elle se décida à rompre le silence qui en devenait angoissant :
- Ith’, voyons ressaisi toi ! Il faut que tu fasses ou dises quelque chose ! Tu ne peux pas rester comme ça, par terre, à ne rien faire ! Parle, fais quelque chose, il faut que tu prennes une décision, que tu décides d’une marche à suivre et je ne parle pas que pour lui, dit elle en pointant le doigt sur le corps du jeune mage inconscient !
Lentement, les yeux encore vitreux et remplis de tristesse, le dieu neutre leva la tête et observa sa tante. Sylphe prit son neveu en pitié et peu à peu le silence retomba dans la salle.
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Depuis que son corps était resté auprès du dieu neutre, l’esprit de Milamber avait vagabondé, à travers les continents, à la recherche de quelque chose. La Grande Plaine fut paradoxalement le seul lieu où il trouva refuge. Tel un fantôme, l’esprit du mage s’était posé en haut d’une colline et contemplait l’amoncellement des dernières pièces du puzzle qui allaient constituer l’ultime bataille. Cependant, il s’aperçut très vite qu’il n’était point seul. Une présence avait attiré son attention juste derrière lui. L’émanation d’un être, sous une forme de masse vaporeuse noire, s’était constitué prés de lui. Sans le savoir, le jeune Milamber se trouvait à côté de l’esprit de la Grande Plaine elle-même. Soudain, la forme s’adressa à lui :
* Il est courant de voir des esprits par ici ! Les fantômes des héros morts au combat…mais tu as l’air différent, comme sorti de nulle part ! Ne dis rien et contemple la folie des hommes et des créatures avec moi. Ironique, me diras tu, surtout quand on sait qu’elle est sans limites. Regarde ! Regarde donc ses corps jonchant ma peau…Ce sang coulant le long de mes pores ! C’est un spectacle morbide qui est incessant ici ! …Mais cela n’est que de courte durée, avec mon appel tout cessera : les combats, la tristesse et les pleurs. Admire la dernière bataille opposant les factions du bien et du mal ! …*- Si tu veux, dit le mage d’une voix monotone !
Même si cela n’est pas mon absolu, j’observerais, comme tu me le demandes…mon bonheur est bien loin à l’heure qu’il est, l’espoir n’est plus qu’un vaste souvenir utopique…* Comme les fleurs qui fanent à l’automne et reparaissent au printemps, ton espoir n’est point mort…mais cela tu le comprendras très vite…*- Comment pouvez vous dire cela…vous ne me connaissez pas, après tout ! Et puis comment un esprit peut il savoir ce que je ressens, vous ne savez pas tout ! …*
…Oui, peut-être ! Mais je suis plus qu’un esprit, je suis la Grande Plaine ! Et puis, ton âme n’est pas si imperméable que ça, je ressens une douleur en toi…*Milamber resta abasourdi. Il discutait avec une entité qui était vieille de plus d’un million d’année. Le vent s’intensifia au-dessus de la colline : un vent aux odeurs acres de mort et de fin ultime. Lentement, le jeune homme tourna la tête en direction du champ de bataille. Des guerriers venaient d’apparaître et se disputaient déjà le droit de vivre ou non. Milamber plissa ses yeux pour mieux voir. Parmis les guerriers, il reconnut deux personnes qui étaient en train de combattre un troll géant : Gerudo et Kyidrean, que Milamber avait peu connu, se battaient côte à côte. Les deux elfes, qui étaient amis, ne semblaient plus vouloir se quitter ! …
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Sylphe était nerveuse. Cela faisait plus d’une heure que son neveu n’avait pas bronché un seul mot. Le problème existant était que Ith’Djad apprenait peu à peu les sentiments et le conditionnement humains…à ses dépends !
- Ith’, commença Sylphe,
ce n’est pas un défaut d’être humain, de ressentir des sentiments, même si ta condition de dieu ne le veut pas !! C’est, dans certaines circonstances, parfois salvateur…Le dieu neutre se releva difficilement, tenant toujours Milamber dans ses bras. Sylphe s’aperçue que celui ci pleurait sans émettre aucun son. Difficilement, celui ci parvint à émettre un son à peine étranglé et poursuivit :
- Je sais très bien ce que je ressens…mais c’est dur ! Ca me fait tellement mal…je sais que je me torture pour rien, mais je peux pas faire autrement…je sais pas comment réagir ! C’est tout nouveau pour moi et je n’ai pas toutes les données ! …Pourquoi mère ne m’a rien dit sur tout cela ? …Et puis il est trop tard…La dernière bataille a déjà commencé ! …Sylphe écarquilla les yeux. Soudain, elle se rendit compte qu’elle avait oublié le reste du monde ! Trop occupée à vouloir aider son neveu, elle avait coupé son esprit du reste des habitants et des faits qui se déroulaient ailleurs !
Au fur et à mesure que la déesse se rendait compte de ce qu’il se passait, elle fut prise de panique ! Elle s’adressa à Ith’Djad :
- Mince ! Ith’, il va falloir que j’y aille, la situation va devenir complexe d’ici quelques instants…mais je vais très bientôt revenir…dés que ce sera fini bien sûr, alors restes là, tu ne bouges pas d’un poil et tu ne fais rien d’idiot, on réglera ce problème d’identité à mon retour, ok ?Sans attendre la réponse de son neveu, Sylphe disparue dans une brise légère et le silence redoubla d’intensité. Ith’Djad se rassit lentement et dit, comme pour se parler à lui-même :
-
Chacun et chacune vont choisir leur camp…Il n’y aura de place que pour le bien ou le mal…Le neutre va disparaître, et avec lui s’éteindra mon existence…Mais toi ! Quoique je fasse, quoique je dise, tu es toujours là…Tu laisses jamais tomber ! …Sylphe dit qu’elle m’aidera…mais elle ne reviendra pas ! …***********************************************************
La bataille faisait rage sur la Grande Plaine ! Parmis tous les combats qui avaient lieu, Milamber reconnu certains de ses anciens compagnons. Beldandy combattait avec ardeur une troupe de monstres reptiliens invoqués par un sorcier du continent du mal. Son épée sifflait l’air et fauchait les abominations qui se présentaient à elle. A ses côtés se trouvait sa fidèle tigresse qui se débattait contre un golem de sang. Milamber sorti de sa contemplation quand la Grande Plaine lui dit :
* Tu vois cette jeune elfe en train de combattre ses montres ? D’après toi, qu’est ce qu’elle essaie de faire ? *Milamber ne savait que répondre :
- Euh ! …Elle essaie de survivre je crois ! …* C’est là que tu te trompes, jeune homme ! …Regarde les tous, emplis d’ardeur et d’acharnement au combat ! C’est plus que de la survie ! …Ils se battent comme toi, à ta façon d’être là à observer : par résignation ! Et sais tu pourquoi ? *Milamber hésita, comme s’il connaissait déjà la réponse. Il baissa la tête et attendit la réponse tant redoutée
* Tu te poses les mauvaises questions ! Ton esprit est ici à observer un tel carnage, comme pour se punir…Comme s’il fuyait quelque chose ! …Tu entrevois la réponse, n’est ce pas ? …
Tu es là tout simplement parce qu’il ne t’a pas dit ce que tu voulais entendre et ton esprit, trop effrayé par la réponse a préféré fuir ! …Eux se battent par résignation parce qu’ils attendent ce qu’ils n’ont jamais connu : La paix et la joie dans un monde où les combats en deviennent incessants ! …*Soudain, l’esprit se tut, comme s’il pressentait quelque chose et se rapprocha du mage pour observer en contrebas. Le ciel tonna et les éclairs zébrèrent le champ de bataille. Soudain, un éclair surgit et s’abattit sur le sol, ouvrant une large brèche d’où s’échappait des effluves noirâtres ! L’amas de poussière prit peu à peu forme et un homme en armure noire apparut. Les épées et les cris de combats se turent pour constater ce qui venait d’apparaître. Stalers, le dieu du mal était là en personne !
Un silence de mort s’installa et la peur se lue sur tous les visages, y compris des guerriers du continent du mal. La Grande Plaine, observant le spectacle, murmura :
* Déjà, il est là !!…*Stalers avança de quelques pas avant que le silence ne soit rompu. Un jeune guerrier téméraire avait décidé de lancer un assaut contre le dieu du mal. Avant même qu’il ait pût atteindre le dieu du mal, celui ci l’avait décapité de sa longue épée, éteignant à jamais le souffle de vie du jeune homme ! Quelques cris d’horreurs et d’acclamations plus tard et le combat se poursuit…
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Ith’Djad, désormais seul, ne cessait de fixer ses mains.
- Pourquoi ? …Pourquoi j’ai si mal tout au fond de mon être ? Je ne devrais pas, vu ma condition de Dieu ! …Alors pourquoi j’aime, pourquoi tous ses sentiments contradictoires ? …Est-ce que les sentiments humains sont si bons comme le dit Sylphe ? …Lentement, il se pencha vers Milamber et, dans la demi-obscurité de la bâtisse, il l’observa :
- J’ai peur ! …Tu ne le sais pas mais maintenant je peux te le dire, j’ai peur…Peur de ce que tu me fais ressentir, peur que tu me laisses si je me dévoile à toi…Peur de recevoir un refus si je t’ouvre mon cœur et mon âme…Peur de te l’avouer, peur de te dire ce que tu attends depuis le début et ce pourquoi tu es là, aux portes de la mort, dans mes bras ! …Le dieu neutre se releva, sans détourner son regard du corps qui se trouvait devant lui. Des larmes affluèrent le long de ses joues. Il leva sa main et s’aperçut que celle-ci commençait à disparaître lentement dans un scintillement doré :
- Je n’ai plus beaucoup de temps ! …J’aurais tellement voulu que l’on apprenne à se connaître, à te parler comme je le fais maintenant et te dire que je me sentais bien auprès de toi ! Te dire toutes les choses invraisemblables qui se passaient dans les cieux quand toi tu étais sur terre…te dire tout simplement que je t’aime ! …***********************************************************
Stalers jonchait le sol de cadavres au fur et à mesure qu’il traversait les rangs ennemis mettant à mal le nombre de guerriers du camp du bien ! Entre temps, les déesses étaient apparues : Sylphe dans une tornade impressionnante avait fait son apparition ; Guerluse, suivie de Kanbonverka, avaient brisé la terre et l’une était apparue dans un florilège de flammes tandis que l’autre s’était manifestée à travers son élément : la terre ; Mitroble avait fait apparaître au-dessus des combattants un nuage pour montrer sa présence et était apparu à travers les premières gouttes de pluies. Chacune n’avait qu’un seul désir : réduire à néant le dieu du mal. Même Kanbonverka était décidée à ce que son ancien amant cesse toute manifestation maléfique. Le vent, les tremblements de terre, le déluge de laves et les diverses trombes d’eaux clairsemaient le champ de bataille. Certains êtres du mal périrent lors de ses assauts incessants ! Le dieu du mal lui même reculait petit à petit aux manifestations élémentaires. Le combat en devenait "divin" !
Mais soudain, Milamber, qui ne perdait rien au combat, se sentit mal…une voix, lointaine, lui parvint aux oreilles. Cette voix, il ne la connaissait que trop bien, mais ce fut ce qu’elle apporta qui le mit mal à l’aise :
…Te dire tout simplement que je t’aime ! …Sans hésiter, Milamber se tourna vers l’esprit de la Grande Plaine qui semblait le regarder avec intensité :
- Comment puis je retourner dans mon corps, dit il anxieux et pressé ?
* Cela ne dépend pas de moi, mais de toi ! *- Mais, dit il la voix emplie de larmes,
je…je n’y arrive pas ! …* Alors, je ne peux rien pour toi ! *************************************************************
Les mains d’Ith’Djad avaient complètement disparues quand celui-ci dit à l’attention de Milamber :
- Je sais que tu ne peux pas me répondre mais j’aurais tellement voulu que tu sois à mes côtés pour ce dernier instant…Je vais partir ! De toute ma vie je n’ai aimé qu’une seule personne et il a fallu que je nous fasse souffrir, autant toi que moi !!…Je ne t’oublierais jamais…Un signe, c’est ce que j’aurais voulu que tu me fasses avant de partir ! …************************************************************
Un signe, c’est ce que j’aurais voulu que tu me fasses avant de partir ! … Milamber avait clairement entendu cette phrase. Il était au bord de la crise de nerf depuis que l’esprit de la Grande Plaine lui avait annoncé que s’il voulait réintégrer son corps, cela ne dépendait plus que de lui, mais il gardait espoir, espoir de retrouver enfin celui qu’il aimait.
Soudain, il lui sembla entrevoir une lueur, une voie qui le menait à Ith’djad. Il décida de la suivre…
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Ith’Djad avait presque complètement disparu quand le corps de Milamber sembla bouger. Depuis qu’il avait vu ses mains disparaître, le dieu neutre serrait inlassablement les mains du jeune mage. Quel ne fut pas son étonnement quand la main de Milamber répondit à son étreinte ! Et doucement, les deux corps aimant s’estompèrent du monde dans lequel ils étaient…
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Milamber allait partir quand la Grande Plaine lui souffla :
* Attends ! Regarde ce qui se passe en bas ! …*L’espace d’un instant, Milamber avait senti son corps. L’espace d’un instant, la Grande Plaine avait prononcé cette phrase. L’espace d’un instant, sur le champ de bataille, les déesses, réunies, avaient décidé de lancer un sort ultime contre le dieu infernal !
Ce même espace de temps, scellé par la volonté et le désir de la Grande Plaine, avait fini par sceller la vie de plusieurs personnes et de plusieurs divinités…
Et la lumière aveugla tout !
Epilogue : Il y a le noir et il y a moi ! Mon esprit plutôt que mon corps. J’ai tout perdu suivant le désir d’une entité qui se veut plus forte que les divinités mêmes ! Eploré, j’ai fini par sombrer quelque part. Je ne sais pas où je suis et je ne veux pas le savoir car IL n’est pas avec moi ! Je pleurerais toute l’éternité son retour car je l’aimais ! Je vais me recroqueviller sur moi-même et attendre…attendre que ma peine s’estompe, attendre que mon existence s’achève en tant qu’esprit…car désormais c’est tout ce que je suis, un esprit damné par l’amour et la peine….Attendre…..
Voilà! J'espère que cela plaira à tous et à toutes! Faites moi part de vos impressions, je suis impatient!
Amicalement!