Le bateau des Lames Grises

L'eau est claire, ce soir. Le navire vogue le long des côtes du continent du Mal, frolant les noirs rochers sans pourtant les toucher. Les archers sont à leurs postes respectifs, dans les voilures comme sur le pont, alors que les servants des balistes scrutent d'un oeil attentif le rivage. On ne sait pasd ce qui peut se passer ici. A tout moment des pantins peuvent apparaîtrent, des créatures terribles peuvent sortir des flots et des sortilèges infernaux peuvent frapper la coque. Les Lames Grises sont aux aguets, prèts à riposter. Personne ne menace impunément une possession de cette unité d'élite.

"Alors, maître elfe, combattons-nous ?"

Le nain est au centre du pont. En face de lui, l'elfe Meraziel avec ses deux couteaux. Peut-être l'entrainement commençera-t-il bientôt. Ou peut-être que non. L'heure n'est pas au combat pourtant, plutôt à la prudence. Mais Garzan ne connait pas la prudence. Car c'est un nain. Et personne ne peut tuer un nain.

"Peut-être préférez-vous attendre que nous soyons plus loin de ces sinistres rivages. J'avous qu'il me font froid dans le dos. Mais qu'à cela ne tienne, si un pantin nous attaque, je saurais faire parler ma hache."

Une hache à deux mains, pour être précis. Ouvragée, décorée, aiguisée, ensanglantée. Un peu des quatres à la fois, une arme de guerrier plutôt que de parade. Le nain regarda de coté, les yeux posé sur un mage très très grand allongé sur le sol. Contre un mat sur lequelle il s'est assomé.

"Au fait, quelqu'un sait-il qui est ce zouf ?"

Voyant les cotes du continent de mal, Arkannit s'avança vers Meraziel

-Puis-je partir vers mon clan et constater les dégats qu'il a subit lorsqu'il se fit attaqué vous pourrez continué je vous rejoindrai au maximun dans dans trois nuits.

En attendant sa réponse il regarda les cotesde son continent natal et de ses ancêtres il ferait payer cher celuiqui avait attaqué son clan. Il ouvrit un mirroire qui lui permit de constater les dégats il apprit une vague descrition de l'être qui avait attaqué puis referma son mirroire.

Son arc en main, Meraziel scrutait l'horizon. Son poignet le démangeait, comme toujours avant un combat. Jamais il n'était passé sans affrontement à une aussi petite distance du continent du Mal. Tout se faisait trop calme, trop serein. Quelque chose couvait comme des braises qui à tout moment pouvaient se rallumer... Il murmura entre ses lêvres, sans quitter des yeux le rivage.

"Pas pour le moment."

Un mouvement à la surface de l'eau. Les silouhettes qui se baladaient sur la plage venaient de plonger. Des guerriers spécialistes de l'abordage en côte de navires. Nageant profondément pour éviter les défenses standart, évitant les rames des galères et les filets de défense, ils passaient sous la coque pour crever le bois et faire s'échouer les navires. Leurs complices attendaient à des points précis du rivage pour tuer les équipages et récupérer le butin. Meraziel fit un petit signe à Nephalis, qui comprit immédiatement.

"Des chasseurs de navires ! En place, nous devons les repousser !"

Son arc chanta une fois, et une silhouette se cabra avant de teinter l'eau de pourpre. En conséquent les autres plongèrent plus profond. Une flèche de Meraziel fila tel un faucon fondant sur sa proie. Suivie de deux autres. Quatres cibles déjà au tapis. Un bon score pour les deux meilleures archer de la Compagnie.

"Attaquez-les quand ils reprennent leur souffle."

Hélas, certains chasseurs n'étaient pas des créatures conventionnelles, mais des êtres capables de tenir indéfinniment sous l'eau. Mauvais ça. Génée par les courants marins, les flèches s'éparpillaient et ne pouvaient pas atteindre leurs cibles. Et ils n'étaient plus qu'à quelques mètres du navire...

Nishi avait passé la plus grande partie du voyage à maugréer à l'encontre du dernier arrivant et à vomir par dessus bord. Elle n'avait donc guère eu le temps de finir son projet mais avait, en contre partie, tenu occupé Paul Jonas pendant la majeure partie du temps. Ce dernier restait interdit quant à l'origine du mal de mer de la mercenaire. Impossible de le soulager de quelque façon que cela soit... Sauf à l'aide d'un lourd maillet mais le toubib ne s'était pas encore résolu à proposer cette solution à sa supérieure... Même si cette dernière aurait sûrement accepté la proposition avec une joie sans limite.

Quoi qu'il en soit, Nishi accueillait la diversion qu'apportait un assaut avec une pointe de soulagement : ça lui permettrait de penser à autre chose.
L'inconvéniant étant que personne ne serait payé pour se battre cette fois.

Elle cracha par dessus bord encore une fois sans pouvoir se débarrasser d'un goût de bile particuliètrement désagréable, avant de se résoudre à allumer une cigarette de plus. Voila qui serait plus efficace.
Après une ou deux bouffées salvatrices, elle dégaina sa lame d'un geste vif et observa les alentours à la recherche des premiers assaillants assez enhardis pour tenter de prendre pied sur le pont du navire.

"Lorsqu'ils lanceront leurs grappins, ne les détachez pas : tuez des hommes, pas des cordes !"

Elle jeta un oeil suspicieux à la forme massive allongée sur le pont (non, pas le dragon ! l'autre !) espérant secrètement que l'individu ne se réveillerait pas. Lui et sa magie ridicule... Et son cactus étrange...Elle était sûre que lorsqu'ils avaient remonté le duo de la calle, le végétal avait essayé de lui faire du charme... ça dépassait toutes les limites du ridicule...

Nassty n'était en meilleur état que Nishi , elle passait son temps a vomir et a dormir sur son dragon , elle prit une demi feuille d'herbe a dragon et la fuma, l'odeur toxique du mélange mit K.O , la jeune femme mais a un moment , elle se réveilla et vu Nishi , l'épée a la main , complétement dans le brouillard , elle s'avanca vers sa supérieur , elle avait pris son épée sans comprendre pourquoi mais peut importe...

"Euh...chef?! vous voulez qu'on fasse quoi? vous voulez que je réveille Wazarr?"

Elle se serva de son épée comme une canne , les vapeurs toxique lui resta dans le cerveau et elle était comme drogué...

Meraziel regarda avec détachement la chevaucheuse. Dans son état, elle ne servait pas à grand chose. Peut-être n'avait-il pas eu raison de l'engager. Enfin, l'écrémage se faisait de toute manière au fil des combats. Si la chevaucheuse mourrait ou se voyait être inutile, tant pis pour elle. La prime n'était partagée qu'avec ceux qui avait bossé.

"Laissez tomber, miss Druadan, vous n'êtes pas en état de combattre."

Et pourtant un dragon aurait été utile. En faisant bouillir l'eau, il aurait pu cuire les assaillants. Pas grave. Une créature apparut devant lui. Il la transperça de la dague dragon. Puis une autre prit sa place. Trop nombreux, il fallait trouver un moyen. Surtout qu'au bruit caractéristique, il y en avait sous la coque. Ils allaient ressortir de l'autre coté pour encercler le navire, ou alors faire des dégats au bois pour l'empêcher d'aller plus loin. C'était mauvais, très mauvais même. Nephalis parut le comprendre, car il hurla à plein poumons :

"De l'autre coté, attention ! Et il faut des hommes dans la cale, ils essayent de passer par en-dessous !"

le jeune archer descendit immédiatement les escaliers de bois. Là, il vit distinstement plusieurs fissures d'où s'échappait de minces filets d'eau, preuve que les abordeurs faisaient preuve d'un zèle implacable. Il regarda une fissure s'enytrouvrirent un peu plus, et s'avança vers elle. Il lacha une flèche directement dedans, et atteignit l'être en plein coeur. Apparemment, ça eu pour effet de calmer les autres, puisque les coups sur la coque se firent plus lents. Il tua encore un ou deux ondins maléfiques, puis colmata les brêches dans la coque avec un coton spécial imperméabilisé, qu'il bloqua aux moyens de morceaux de bois courbés. Puis il remonta en haut.

Sur le pont, la bataille faisait rage. Les guerriers avaient enfin put commençer à se battre une fois que les habitants du mal avait pris pied sur le navire. Nephalis vit son maître sur le pont supérieur, son arc à la main, faisant un vrai carnage. Il le rejoignit et commença à faire comme lui.

"C'est bon maître, plus de danger en-dessous."

Nathan flottait sur un nuage rose... Pas métaphoriquement, non, il était réellement sur un nuage, portait une luxuriante barbe de patriarche et une majestueuse toge brodée d'or fin. Sa main droite tenait un éclair de pouvoir crépitant, symbole de sa grandeur et de sa domination absolue sur la création toute entière. Sa main gauche était refermée sur une corne remplie à raz bord du nectar de l'immortalité, signe de sa divinité. Il posa cette magnifique coupe sur l'accoudoir du gigantesque trône de marbre sur lequel il était juché et caressa sa barbe d'un geste lent et digne. Son regard perçant embrassa la scène qui se déroulait à ses pieds.
La création en contre bas attendait son bon vouloir, il le savait, un mot de sa part boulverserait le monde... Pourtant ce qui retint son attention divine, ce fut l'assemblée qui se tenait immédiatement à côté de lui.
Une bonne vingtaine de Nishi, sans compter celles qui se cachaient dans les recoins sombres, étaient allanguies sur les douces courbes vaporeuses des nuages proches. Leurs vêtements avaient d'ailleurs peu à envier à la texture desdits nuages.
L'une des plus proches, paresseusement appuyée sur un coude, tourna son joli visage vers DIEU et lui sourit d'un air complice. Elle se rapprocha, usant d'une démarche étrange, mi-rampant, mi-sautillant jusqu'à presque le toucher puis murmura, un sourire aguicheur sur les lèvres, quelque chose que DIEU ne saisit d'abord pas, en dépit de SA toute-puissance et de SA grandeur. Il lui semblait pourtant que ça finissait par "... voudrais bien connaître avec vous ... des plaisirs sans limite..."

"Heu... Pardon ?"

Avec un immense soupir et une expression soudainenement éxaspérée, la "Nishi" répèta d'une voix éraillée et rageuse :

"Bordel, mec, on va tous y passer ! on s'rait bien cons d'être avec ces fous... il faut déguerpir au plus vite !"

Puis "Nishi" lui planta un doigt dans la joue ce qui provoqua une douleur épouvantable, comme si des douzaines d'aiguilles avaient été plantées dans la Chair de Dieu.
Et soudain ce fut Harry qui observait Nathan, depuis son petit pot de terre cuite, posé à même le pont en bois d'un navire...
Le végétal lâcha un dernier "La vache, j'ai eu une de ces trouilles, me regarde jamais plus comme ça, j'ai cru que tu avais des idées derrière la tête...." pendant que Nathan tentait vainement de retrouver ses esprits.
Ceux-ci, pour peu qu'ils aient jamais existé, semblaient lui avoir poser un lapin et avaient trouvé un bien meilleur hôte ailleurs.
Ce fut donc passablement à l'ouest, que Nathan observait la scène autour de lui... Enfin... Sur lui, à un certain moment, quand un des flibustiers qui avaient abordé le navire le prit à tort pour un tas de cordages et posa son pied sur l'estomac délicat du Mage.
N'écoutant que son courage et sa vessie malmenée (elle lançait depuis peu des signaux 'niveau critique' vers le cortex principal qui semblait avoir pris une retraite anticipée), Nathan souleva du sol l'éfronté, lui assenna un coup de tête sur le nez et sortit son bon gros baton pour finir le travail plus consciencieusement. Une chose qu'il avait appris il y a longtemps : tant qu'il y a un risque que ça bouge encore, il y a un risque que ça revienne vous pourrir la vie plus tard.

Mis en jambe par ce premier exercice, il passa sournoisement à tabac par derrière un autre abordeur avant de se rendre compte qu'il tenait là une occasion en or pour prouver sa valeur, gagner le coeur de sa Dame, se marrier avec elle, vivre le parfait bonheur des années durant et surtout ne pas finir par dessus bord avec les pirates quand l'équipage se débarrasserait des indésirables...


Il prit alors pied sur un tonneau qui trainait sur le pont, et dans un geste digne du pire des magiciens de foire, leva la bras vers les cieux en hurlant comme un damné :
"Voyez ! J'en conjure l'astre suprème ! Que sa force soit mienne, que sa chaleur éternelle soit mienne, que son souffle ardent soit mien ! Par ma volonté souveraine, Thermostat Majoris !"

Bien entendu, son idée, brillante au demeurant, était de faire bouillir les flots et de cuire ainsi les assaillants...
Pourtant, le destin allait en décider autrement... Sans blague....
Un blizard glacial se leva sans avertissement, refroidit les ardeurs de tous les combattants et transforma l'eau autour du navire en un glaçon géant... Une sorte d'Iceberg sur lequel le bateau des lames grises était maintenant juché tant bien que mal...

"Humm...."
_J'te l'fais pas dire, mec, là, tu as vraiment l'air d'un c**...
_C'était complètement délibéré. Ma puissance quasi-divine a sauvé ce fier équipage et la douce Dame élue de mon coeur....

Ladite dame venait de pour ainsi dire trancher en deux verticalement un assaillant d'un coup de sa lame tenue à deux mains et était si recouverte de sang qu'on aurait pu la croire rousse...

Ce fut l'instant que choisirent alors les cieux pour faire pleuvoir aléatoirement sur la région des centaines de sacs de sel de mer de 30 kilos chacun...

A 19000 km de là, un esquimau regaganit la rive à la nage, encore sous le choc d'avoir vu sa banquise fondre sous ses pieds alors qu'il pèchait tranquillement le phoque assis à côté de son trou habituel...

Voulant être courtois et respectueux en se présentant à ces deux femmes, il espérait pouvoir engager une conversation dans le but de les connaître un peu plus mais puisque qu’elles l’ignoraient totalement, Tricenda se tourna vivement vers les cris de batailles qui venaient d’éclater il y a quelques instants et qui faisaient rage derrière lui.

Il regarde attentivement les créatures marines qui brandissaient des harpons et des tridents. Après une analyse rapide de leur physionomie et de leur environnement, il sût qu’ils avaient affaire avec des merriens. Plus poissons qu’humains, ils ressemblent physiquement aux sirènes, mais n’en possèdent pas la beauté et la grâce. Ils ratissent en bandes à la recherche de bateaux à couler. Ces êtres aquatiques habitent dans les gouffres marins ou encore ils aménagent de jolies résidences dans les bateaux de leurs victimes.

Voyant tous ses collègues, arme brandie à la main et frappant avec force et fougue sur les agresseurs, le mercenaire fit de même. Il dégaina son épée et se posta devant un grappin pour empêcher quiconque de monter à bord. Avec leur puissante queue, les merriens s’enroulaient autour des cordes et montaient aisément. Il réussit à tuer quatre de ces créatures mais il y en avait toujours qui arrivaient de tout les cotés.

- Il faut trouver un moyen de les éradiquer au plus vite ou sinon nous allons être envahis. Ceci n’est qu’un petit groupe d’éclaireurs, bientôt des centaines de merriens nous aurons encerclé !

S’époumona Tricenda à crier à tous ses frères et sœurs d’armes. Ayant eu la chance de lire beaucoup dans la grande bibliothèque du Manoir Baran, le jeune nécromancien fût éduquer sur les différentes créatures qui peuplaient ce monde par son grand-père Damien. Connaissant les monstres d’origine maléfique plus que n’importe quel autre type, il serait d’un grand atout lors des prochains combats en mer ou sur terre.

Pour ce qui est de repousser l’ennemi, le dragon pourrait sûrement réussir à nous en débarrasser mais il dormait sur le pont comme si de rien n’était et sa maîtresse n’était pas en condition de se battre.

Quelles options leurs restaient-ils ? Se battre pendant des heures et des heures et avoir peu de chance de survie ou trouver un moyen qui effrayera les créatures assez longtemps pour naviguer hors de leur territoire.

Tricenda détourna brièvement son regard vers Fiddler, ignorant totalement le mage pathétique, en espérant que leur chef trouverait un moyen de les sauver.

"Les éradiquer, les éradiquer... T'es malin toi, et comment on les éradiques avec ce clown qui fait que des conneries ?"

Juchés sur une montagne de corps découpés / tranchés / décapités / mutilés affreusement, Garzan taillait tout merrien passant à porté de hache. Et ils étaient nombreux. Bien décidés à venir à bout du petit nain nerveux, les créatures se jetaient sur lui par paquet. Et Hurlegueule les tranchait sans sourciller. Il en était à sa troisième dizaine, mais pas moyen de les faire lacher pirse. A croire qu'ils étaient là pour mourir.

"HAN ! Mais c'est pas possible vous êtes bouchés ou quoi ? Ya... Rien... Pour... Vous... ICI !"

Et à chaque mot, il découpait rageusement un assaillant. Plutôt peu décidé à servir d'amuse-gueule à des machins qui -il en était sûr- ne savait même pas apprécier la bonne musique, il rentra dans le tas. Se frayant un chemin de la lame de sa hache, il alla vers Nathan, le clown en question. Hachant menu un assaillant qui menaçait de trouer au poignard le plus grand mage du monde, il lui donna un grand coup dans les côtes.

"Hep toi, bouge-toi un peu au lieu de faire des conneries. Faut jeter c'est putains de trucs à l'eau !"

Puis il se lança à nouveaux à corps perdu dans le combat. Dieu qu'il aimait ça, c'était pour lui comme de hurler à plein tube sur la scène. L'ivresse de la bataille, l'abstraction de toute réflexion, de tout sentiments. Des viscères chaud-bouillant qui emplissent l'air, une odeur de sang et de pourriture. Les intestins des morts qui se vident lorsqu'ils perdent la vie. Tout cela combiné pour laisser place à la fureur divine. Né pour combattre, combattant pour rester en vie. A cela se résumait la vie du guerrier de métier, qui qu'il fut. Ceux qui invoquaient d'autres excuses refusaient simplement de voir la vérité en face.

"Pour l'honneur et la bière, boutons les merriens hors du navire !!"

Elle regarda l'elfe avec dédain puis des assaillants arrivèrent , essaya de se battre correctement mais elle ne fesait que de se défendre puis une idée lui traversa la tête...

"WAZARR réveille toi!"

Le dragon vi les hommes attaqué sa cavalière , il s'envola puis il attrappa Nassty dans sa gueule avant de la posé sur son dos

"Maitenant déchaine toi !"

Il aterrissa sur le pont puis il donna de violent coup de queue sur l'ennemi , le dragon en croqua un de temps en temps, Nassty , elle avait pris sa lance et elle fit de grand mouvement , elle avait frollé la tête du nain , puis elle tua deux homme d'un geste diagonal s'une grande vitesse , Nassty n'aimé pas se battre sur le bateau , car il n'y avais pas beaucoup d'espace...

Une voix étrange se fit entendre dans l'esprit de Nassty:

- "Ô toi qui rêve de destruction et de mort, toi qui a longtemps été l'Oubliée de tes convictions! Rend toi de ce pas au continent du Mal, à Carcharoth même...quelqu'un t'y attend pour mener à bien ton projet!...Va mon enfant et ne me déçoit pas! "

Puis la voix se tut dans un rire sinistre!

La cavalière prit de l'atitude puis elle regarda autour d'elle , les yeux fous comme si elle devennai parano , elle regarda les gens presentent puis elle grimpa encore , et encore pour ne devennir qu'un point dans le ciel , elle se tenait la tête fermement.
*Mes conviction, oui biensur , YS , je les aurai , je les mettrai a genoux devant moi , je ferai un royaume de guerrier!!*
Elle ordonna au dragon de volé jusqu'a la cité du tyran , elle le haissai mais la voie lui redonna espoir , une énergie de folie comme si , elle se sentait dragon elle même , le dragon prit la direction de cette cité , elle ne regarda même pas le bateau , Wazarr fendait les nuages comme un katana fend la chair , la dragonne n'avais jamais était si rapide comme si sa maitresse lui avait insuflé une énergie nouvelle , Nassty se tenait frièrement sur sa dragonne , elle tennait sa lance fièrement comme si elle défié Sylphe , elle même!
"Carcharoth , Nous voila!"
Elle disparu a travers les nuages fendu par la dragonne et la lance de la cavalière , elles adoraient sentir l'humidité des nuages sur leurs peaux...

[suite a Carcharoth]

A l'avant du navire, Meraziel ne comptait plus les victimes. Des deux cotés. Les Lames Grises se clairsemait véritablement. Au moins les inutiles dégageaient maintenant. Mais pour autant, les bons disparaissaient avec. Pas plus tard qu'il y a deux secondes, l'archer avait vu un de ses confrères se faire déchirer par une attaque en traitre. Il avait abattu deux douzaines de merriens en un temps record. Une grande perte pour la Compagnie. Dégainant les dagues, il tailla dans la chair impie, ouvrant de sanglants sillons purulents. Ses lames virevoltait, mais tout juste était-il plus rapide que les créatures. Le corps-à-corps, c'était pas son style. Pas nouveau ça. Mais bon, cas de force majeur. Avec le peu de place sur ces foutus navires, on fesait comme on pouvait. Tout d'un coup, il entendit un hurlement. En se retournant, il put contempler de prèt Wazzar qui s'envolait. Vraiment terrifiant. D'ailleurs quelques merriens se faisaient déjà la malle en se jetant par dessus bord. Ce qui n'était au final pas plus mal, étant donné le nombre. Mais que faisait la dragonnière ? Elle n'allait pas... Mais si, elle s'enfuyait ! Juste à coté de lui, Nephalis hurlait déjà :

"Reviens ici, sale traitresse ! T'a pas le droit de nous abandonner comme ça !"

D'un geste de rageur, il s'apprétait à la perforer d'une flèche quand son maître posa sa main sur l'arme.

"Elle est désormais sur la liste rouge de la Compagnie. Un jour, nous la reverrons, et elle nous devra des explications. Pour le moment, nous avons un navire à défendre."

Il perfora la tempe d'un merrien, puis un autre, et encore un autre. Avançant dans la cohue, il déchiqueté les crânes avec un zèle implacable. Ses flèches, tirées à bout portant, faisaient plus de ravage qu'une épée à deux mains. Pour autant, il n'arrivait pas à endiguer la masse. C'était impossible. Il ne restait qu'une solution, et elle lui en coutait. Car cela pouvait se retourner contre lui, risquer son navire et la santé de ses compagnons. En même temps, la seule autre possibilité était la défaite. Ce qu'il ne pouvait résolument pas admettre.

"Nishi ! Cusser..."

C'était là le plus dur.

"Niveau Alpha !"

Les mots étaient prononcés. Le Cusser Alpha, le plus dangeureux mélange mis au point par l'alchimiste et chef des Lames Grises. Une curieuse préparation enfermée dans un pot spécialement prévu, dont la chaleur s'apparentait à celle du plasma sous sa forme la plus pure. De quoi déssecher totalement tout ces êtres habitués à l'eau. Mais cela pouvait aussi tous les détruire. Et faire couler le fier vaisseau.

Fiddler le regarda droit dans les yeux, consciente du risque qu'entrainait un tel acte. Puis, vive comme l'éclair, elle porta la main à sa besace et en ressortit le petit flacon métallique dans lequel était gardé le précieux mélange. Au loin, Nephalis hurla un avertissement, et tous se mirent à l'abris. Fid lança le flacon en l'air, où le ceuillit la flèche de Meraziel. L'explosion qui s'en suivit fut cataclysmique. L'elfe fut projeté contre le bastinage par le souffle, et tomba dans les pommes...

Un jour passa lentement. Il se réveilla en fin d'après-midi. Plus un seul adversaire à l'horizon, mais toutes les Lames Grises avaient un sacré bronzage. Le genre de bronzage dont on ne se débarassera probablement jamais, à moins de vivre et permanence dans les solitudes glacées de Xolia. Meraziel, pour sa part, s'en moquait un peu, étant donné que du départ sa peau était déjà très sombre. Mais les effets s'étaient fait ressentir sur son novice.

"Paul Jonas, occupez-vous des blessés ! On a des blessures ouvertes et des brulûres au premier et deuxième degrés, peut-être même troisième ! Que les valides s'occupent de virer les morts du pont, foutez-les à l'eau ! Vigie, on est où ?"

Le problème, c'était que l'homme en haut n'était plus qu'une flaque à peine reconnaissable. Le pauvre... Mais Meraziel reconnaissait l'endroit où ils avaient dérivés. Du moins la côte, car la ville en elle-même était en aussi mauvais état que le navire des Lames Grises.

"Mairenn... Bordel de merde, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Le navire avait fini par être réparé. Sous les cris d'effroi de plusieurs marins, Murdock avait même plongé sous les eaux pour vérifier qu'il ne restait pas une brèche inaccessible à l'oeil humain. La peur des gens concernant ses yeux ou sa queue de poisson, il était habitué. Laisser un travail à moitié terminé, ça, il ne s'y ferait jamais. Il en était tout simplement hors de question.

Lorsqu'il était sorti de l'onde, il avait vu plusieurs membres de l'équipage d'origine toujours sur le quai, alors que le bateau était prêt à appareiller, prêt à partir d'un instant à l'autre. On lui avait dit de remonter. Oui mais ses vêtements étaient sur la berge, et il y avait des femmes dans le lot de ceux qui restaient à terre, pas question d'être vu ainsi. Il avait attrappé ses fringues, s'était déplacé en prenant appui sur le ponton pour ne pas mouiller ses frusques et sortir du champ de vision de ceux qui restaient à quai. Lorsque des jambes humaines avaient finalement repris la place de sa queue de poisson, il avait enfilé en quatrième vitesse ses vêtements, de peur qu'on ne le surprenne dans une tenue plutôt indécente, et avait terminé en essorant ses longs cheveux sombres et son lacet de cuir noué à son bras.

A pied donc, il avait regagné le navire. "Tu montes avec nous", qu'ils disaient, "on va avoir besoin de toi". Terrorisé par ce qu'on aurait fait de lui s'il avait refusé, il avait suivi le mouvement, même s'il aurait préféré être là pour le retour des marins qu'il avait abandonnés, ceux du village où tout le monde l'appelait "petit" et où il avait pour la première fois fait connaissance avec des gens qui ne le traitaient pas en pestiféré à cause de ses yeux rouges ou de sa queue de poisson.

Accoudé au bastingage, il regardait les flots se briser sur la coque maintenant que le navire avançait vers sa prochaine destination : Träne. Il avait à peine entendu parler de cette île et restait angoissé à l'idée de ce qu'il allait y trouver. Un soupir las passa ses lèvres. C'était la fin d'une époque de son existence, et il se demanda s'il n'allait pas regretter pour le restant de ses jours, d'avoir quitté le port qu'il connaissait si bien...

[===> Port de Mairenn]

La cabine était trop petite, hermétique, poussiéreuse ; il y régnait un parfum de vieux parchemins. Oh bien sur qu'elle l'a aimée, cette douce odeur de bibliothèque.. ! Mais pas maintenant. Pas envie. Assez de livres maudit pour l'instant. Trop de malheurs les suivant.
Il fallait cesser de se lamenter, aller de l’avant. Mais comment ? Comment ?
La Sorcière secoua la tête, elle étouffait ici… Même si elle avait été heureuse, dans un premier temps, de ce moment d’intimité qui lui avait été offert, elle ne pouvait s’empêcher de penser que rester ainsi enfermée ne pourrait qu’accélérer sa dépression. Trop d’ennuis extérieurs que pour se permettre de laisser de sombres pensées pourrir son esprit… Besoin d’air, tout simplement.
Ses grimoires étaient à nouveau rangés dans leur sacoche, et seul le plus fin observateur aurait pu deviner en ce moment-là la nature de l’étrange passagère… Du moins était-ce ce qu’elle crut jusqu’à ce qu’elle eut croisé le reflet d’un petit miroir, où le pâle regard de la Mirbelkor lui rendait sa surprise : personne n’avait des yeux comme elle. Et il était du domaine public que la Reine avait les iris les plus clairs de tout le Continent.
Un léger frisson lui traversa l’échine : si par malheur quelqu’un la reconnaissait, sur le pont… Il était si facile de jeter une Loyaliste par-dessus bord, enchaînée à l’ancre elle serait condamnée à une mort terrible… Rien qu’à cette pensée Eléonore sentit sa gorge se nouer.
Lentement, ses yeux glissèrent de son reflet épouvanté à cette sacoche qui la narguait, pensant un moment à nouveau user d’une illusion… Non. Pas le droit, trop de risques. Si l’Inquisition… Non, trop loin, pas elle, mais il n’y avait pas que l’Inquisition : le monde entier avait le droit de la haïr, après ce qu’elle avait fait… Et puis cette histoire, avec Darva : si vraiment elle voulait sa peau, si vraiment elle la recherchait, qu’arriverait-il si elle usait de ce sort qui la caractérisait tant ?
Non, pas de magie avant un bon moment.
Sans doute son regard du se troubler, car bientôt un bourdonnement se fit entendre. Qu’était-ce encore ? Un ennemi, un démon ? Déjà ? Tremblante, la femme se retourna vers la source du chahut, pour ne voir que la Fée Etincelle qui, bienveillante, lui tendait de sa petite main un mouchoir.
Elle était si gentille, cette petite ! Rejetant un regard en coin vers le miroir, la fugitive se rendit compte, non sans un certain amusement, qu’elle semblait en effet sur le point de pleurer à nouveau.
Souriant à l’adorable créature, elle accepta volontiers ce cadeau dont elle ne savait trop faire… Un bout de tissu, oui, mais elle ne voulait plus pleurer. Juste sortir, sortir sans prendre de risque.
Ah, si elle pouvait porter un masque pour camoufler ces yeux si reconnaissables !
Un masque… Mais oui, un masque ! Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? Si seulement…
Elle étira le mouchoir sur toute sa longueur, et se rendit bien vite compte qu’il était assez long, bien assez long ! Son visage s’éclaira alors qu’elle couva la petite Fée d’un sourire de remerciements.

« Dites-moi, l’amie, commença-t-elle, d’humeur facétieuse. Accepteriez-vous de servir de guide à une pauvre aveugle en détresse ? »

La bouche de la chose se fit ronde de surprise, et ses sourcils se froncèrent d’incompréhension. Ne pouvant s’empêcher de sourire devant son air ébahi, Eléonore attacha alors le présent féerique autour de sa tête, le laissant pendre, bander ses yeux avec grâce.
La Reine Déchue entendit le petit être pouffer, puis bientôt une petite menotte s’agrippa à l’un de ses doigts. Etincelle appréciait la blague, apparemment. Tant mieux.

« Merci, murmura Eléonore, soulagée. Menez-moi à l’air libre, je vous en prie… L’aveugle a besoin d’un peu d’air. »

Bourdonnant à nouveau de plaisir, la Fée la tira joyeusement çà et là, sans qu’elle puisse vraiment dire où elle allait… Mais bientôt un vent frais la rassura : elle devait être sur le pont.
Respirer, profondément… Une odeur de sel, de mer. Mitroble sentait-elle pareil ? Sans aucun doute. Sans aucun doute…

[Pas terrible, mais bon... Juste pour reprendre le RP ^^]

Murdock semblait en contemplation intensive de la surface de la coque et du clapotis de l'eau. Pourtant, ses pensées étaient à mille lieux des réparations effectuées quelques temps auparavant. Il avait retracé sa courte histoire - tout au moins courte pour un membre de son peuple - et se demandait pourquoi il avait dû naître si "différent". Différent des siens de par ses yeux de corail, qui lui avaient valu l'exil. Différent des hommes qui, pour la plupart, prenaient peur ou le regardaient étrangement, autant pour son regard que pour ce qui remplaçait ses jambes lorsqu'il était immergé. D'aussi loin qu'il se souvienne, il n'avait toujours su attirer que les moqueries de ses congénères, ou la peur de ceux qui le croisaient. Il avait donc tant que ça l'air étrange ? Il ne lui avait pas semblé être si différent des hommes, ni de ses pairs... Pourtant tous l'avaient rejeté, d'une manière ou d'une autre. Sauf le groupe de marin qu'il venait de laisser derrière lui, à Maïrenn, après la perte d'un des leurs, sur une terre dévastée par la guerre et cette horrible magie qu'il avait vue dans la grande ville. Rien qu'à l'évocation de ce qu'il avait vu en approchant, un frisson lui parcourut tout le corps, et il ferma un instant les yeux.

Avait-il bien fait de partir ? Certes, les autres marins mourraient avant lui, et il se serait, un jour ou l'autre, retrouvé parfaitement seul au milieu d'étranger qui le rejetteraient sans doute, comme les autres. Certes, il était venu pour trouver du travail, et on lui en proposait, d'où sa présence sur ce navire. Mais n'était-ce pas une erreur que d'abandonner les seules attaches, le seul soutien qu'il avait eus jusque-là ? Il en était conscient, il avait peur. Il redoutait ce qu'il trouverait sur l'ile de Träne. Les mêmes regards moqueur, ou suspicieux, la même solitude ? Pire encore, la magie ? Il avait beau tenter de se raisonner, de se persuader que les mages étaient traqués par les honnêtes gens et n'y auraient sans doute pas droit de cité, après ce à quoi il venait d'être confronté, ses craintes prenaient aisément le dessus.

Il en était là de ses réflexions existentielles quand un bourdonnement persistant lui fit faire volte face. S'il ne craignait pas forcément les insectes, la présence d'un specimen si loin des terres ne le rassurait guère, mais il s'attendait encore moins à ce qu'il allait trouver ! Face à lui, une espèce de femme miniature virevoltait, maintenue dans les airs par deux ailes translucides, et semblait guider une femme (de taille plus conventionnelle), aux yeux bandés.

Aveugle ? C'était la première idée qui lui était venu à l'esprit. Il détaillait du coup sans trop de remords (ou presque) la jeune femme, à la silhouette élancée et aux formes plutôt avantageuses. S'il n'était masqué sous ce linge blanc, son visage devait être tout aussi séduisant... C'est la présence de la fée qui le tira de ses pensées, et ses joues s'empourprèrent aussitôt lorsqu'il réalisa qu'il était resté le regard rivé sur l'aveugle pendant plusieurs minutes. La petite créature en semblait d'ailleurs assez contrariée. Il tourna aussitôt la tête, replongeant ses prunelles écarlates sur l'onde, tentant ainsi de masquer son embarras. La femme avait-elle idée de ce qu'il venait de se passer ? Il espérait que non, sous peine de lui devoir une explication et, sans doute, de se retrouver dans une situation plutôt conflictuelle. Les mains quelque peu crispées sur le bastingage, il garda les yeux fixés sur l'onde, espérant fortement que la fée la guiderait plus loin. En tout cas loin de lui.

Mais tous les marins n’étaient pas aussi scrupuleux que l’Ondin, comme il n’allait pas tarder à le remarquer… Deux jeunes moussaillons en particulier, bien trop fiers pour leur propre bien, se montrèrent exagérément bruyants dans leurs obscénités :

« Eh, vise-moi ça ! brailla l’un à son compagnon qui éclata d’un rire bourru. Qué fait donc une pauv’ fille sans défenses sur not’ rafiot ? C’est-y la nouvelle récré du marin ? »

Eléonore sursauta, se tournant dans leur direction sans comprendre… Un jargon vulgaire hors de portée de ses nobles connaissances, mais elle en avait saisi assez pour savoir qu’on parlait d’elle, et que ça ne devait avoir rien d’élogieux. Que pouvaient-ils donc lui vouloir, à elle qui ne faisait que prendre l’air ?
Elle… Une femme sur un navire, d’autant plus celui d’une compagnie de mercenaires, était rarissime ! Un léger frisson parcourut alors l’échine de la Reine Déchue, elle avait totalement oublié ce genre de détails… L’aristocrate resta interdite, ne sachant comment réagir.

« Eh, continua l’autre devant son manque flagrant de réactions, c’est qu’en plus ’doit pas y voir grand’chose la petiote ! Ahah, d’puis quand on fait les gardes-malades, hein ? »

Ils repartaient tous deux dans un rire moqueur, laissant la sorcière comme paralysée de terreur. Il faisait si sombre sous son rideau, rempart à l’anonymat, rempart à l’hostilité du monde à son égard, avait-elle pensé… Mais celui-là même qui protégeait la Reine de l’Eau ne pouvait rien pour l’aveugle Eléa : vulnérable, faible femme au milieu de mille marins ricanant. Combien étaient-ils à se moquer d’elle, à nourrir mille sombres desseins à son égard ?
Sa main se mit à trembler, comme d’autres fois elle l’avait fait quand la pression se faisait forte. Elle avait tant de fois résisté, mais c’était pour des choses futiles, déraisonnables et dangereuses, des gamineries indignes de son rang d’alors. Et si elle était en danger ? S’ils pensaient à la tuer ?
Alors seule la Magie la sauverait… instinct de survie, mais ne risquait-elle pas plus gros encore en agissant de la sorte ?
Dilemme qui peu à peu se creuse, mais pourtant bascule vers l’idée la plus noire, radicale : l’instinct de survie est plus forte que toute éthique, toute morale. Ce n’est qu’après qu’elle le regrette, après qu’elle se morfond, qu’elle se dit : « Mais pourquoi.. ? ». Pourquoi…
Elle a peur, peur, peur de céder à ce qui par trois fois a coûté des vies pour sauver la sienne. Il lui faut résister : trop de magies, trop de malheurs dans sa vie ; trop de morts en son nom aussi.
Soudain elle ne sent plus la fée à son doigt… l’a-t-elle elle aussi abandonnée ? Les lèvres d’Eléonore commençaient à se mouvoir quand une claque se fit entendre. Les rires cessèrent d’un seul coup, arrêtant la Sorcière dans son geste. S’en suivit un silence de mort, qu’une voix flûtée vient bientôt interrompre : Etincelle était en pleine action.
Ses paroles exactes ? Nul ne les saura jamais, mais le ton était clair : on touche pas à la Mirbelkor ou bien ça va aller mal !
Seul un vague sourire sortit des lèvres mortelles de la Reine Déchue. Doucement, elle s’appuya sur la rambarde derrière elle, ne se préoccupant plus guère de tous ces matelots moqueurs : tant que la fée l’accompagnerait ils n’oseraient rien contre elle (du moins l’espérait-elle).
En attendant… Que le vent était frais, agréable fouet sur un visage qui en avait tout simplement trop vu… Ce répit ne durerait pas, il lui fallait le mettre à profit.

[Je devrais avoir honte... un mois pour pondre ça et je suis même pas foutue de te faire une ouverture. Missante Eleo, missante !]

Au grand dam du triton, la jeune femme ne bougea pas. Pire encore, les marins à l'autre bout du pont la houspillèrent honteusement, et, si Murdock aussi, avait observé ses formes, il rougit plus violemment à leur façon de la décrire.

« Eh, vise-moi ça ! Qué fait donc une pauv’ fille sans défenses sur not’ rafiot ? C’est-y la nouvelle récré du marin ? »

« Eh, c’est qu’en plus ’doit pas y voir grand’chose la petiote ! Ahah, d’puis quand on fait les gardes-malades, hein ? »

Il aurait été à sa place, cible de tant de quolibets, il aurait fait de suite demi-tour. D'ailleurs, de peur d'être pris à parti, il était prêt à aller se réfugier ailleurs, n'importe où, bien qu'il n'ait aucune idée d'où il se rendrait, quand une claque violente retentit et lui fit tourner la tête, stoppé net dans l'ébauche d'élan qu'il prenait pour quitter la scène.

La femme miniature s'était élancée sur les marins, et, s'il resta un instant interdit, paralysé par la surprise, le triton éclata bientôt de rire. Ca n'était pas tous les jours qu'on voyait un lot de marins, durs à cuire se faire remonter les bretelles par une toute petite créature...

Seulement son rire retomba très vite. A côté de lui, la femme s'était appuyée contre la rembarde, un pâle sourire sur les lèvres, et, par réflexe, il s'était de nouveau cramponné au bastingage, reposant une fois de plus ses prunelles rouges sur l'horizon. Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ? Un coup d'oeil en coin lui fit comprendre, à sa posture, qu'elle savourait l'air sur son visage. Il décida donc de la laisser tranquille - de toute façon, pas question de se faire remarquer, on ne sait jamais... - et poursuivit son observation de l'onde au-dessous d'eux...

D'autres rires suivirent, mais ils n'étaient plus vraiment moqueurs : tout simplement amusés, d'autres marins rudoyèrent les vulgaires et félicitèrent gentiment la fée Etincelle pour cette avertissement exemplaire. Puis le calme reprit sur le navire, et la femme ailée alla bientôt se lover sur les épaules d'Eléonore, qui appréciait en silence l'atmosphère du dehors.

Au bout d'une heure de concentration reposante, la Sorcière découvrit qu'il y avait en ce monde plus de nuances qu'elle ne s'était jamais imaginé auparavant : la brise étant tantôt plus chaude, tantôt plus fraîche, plus salée ou moins épaisse… La houle, qui lui avait toujours semblé être une mélodie répétitive, se fit bientôt plus subtile, comme si chaque vague qui se brisait sur la coque était unique, avait sa propre symphonie qui se noyait pour laisser place à mille autres.
A cela se mêlait l'ordinaire d'un bateau : les ordres braillés du Capitaine, le maugréement des marins ; les cordes qu'on tire, l'aviron qu'on tourne… Même le souffle devint perceptible parmi tout le brouhaha, parfois saccadé sous l'effort, parfois ronflant, parfois calme et serein, méditatif.

Méditatif… elle sursauta en se rendant compte qu'un marin n'avait pas bougé depuis qu'elle était arrivée, à quelques mètres d'elle à peine. Que faisait-il là ? Son souffle semblait plus au moins à la même hauteur que la tête de la Reine Déchue, ce qui est excluait l'hypothèse de la sieste, mais sa respiration était trop calme pour supposer qu'il travaille…
Intriguée par cet inconnu au repos, l'aveugle pencha légèrement sa tête pour tenter de mieux cerner une quelconque activité, mais seule sa respiration, lente et profonde, trahissait le moindre signe de vie. Qu'y avait-il de si intéressant pour rester ainsi sans bouger une heure durant ?
De ses mains pâles, Eléonore palpa la rambarde, et la longea calmement jusqu'à l'être énigmatique, puis s'arrêta à un mètre de lui. Silencieuse, elle gardait le visage au vent, hésitant une question sur le bout de la langue… Que regardait-il qu’elle ne pouvait voir ? Quelle occupation pouvait-il occuper son attention, lui qui vivait depuis longtemps sur un bateau ?
A quoi pensent les marins quand ils s’ennuient, quand le vent est en poupe et la tempête loin derrière… Quand ils ignorent ce qu’ils vont devenir, ballottés par des vents capricieux qui n’en font qu’à leur tête ?
Comment font les gens simples, sans rang ni fortune ni pouvoirs destructeurs, pour supporter l’incertitude du lendemain… Etincelle était bien gentille, mais jamais elle ne pourrait lui dire comment agir comme une pauvre roturière sans défense.

[A ceux qui ont remarqué ma bourde : chuuut]

[Ta bourde ? Quelle bourde ?]

Les rires s'étaient amoindris, avaient changé tout du moins, certains marins réprimandaient les autres, et Murdock tâchait de se faire oublier, à côté de la jeune femme. La toute petite créature ailée était revenue auprès d'elle, s'installant au creux de son cou. Elle devait avoir la peau douce... A cette pensée, il rougit plus violemment encore, et une fois encore, fut soulagé de la savoir aveugle.

Combien de temps était-il resté ainsi accoudé, à attendre qu'elle se lasse ? S'il pouvait rester des heures à observer la mer, à écouter le clapotis de l'eau, la brise marine, à scruter les flots à la recherche de poissons remontant à la surface, il avait toujours cru que les humains, surtout ceux qui n'étaient pas marins, s'en lassaient très vite, incapable d'en saisir toutes les subtilités. Pourtant elle restait là, silencieuse et sereine...
Jusqu'au moment où elle avait glissé le long de la rambarde, s'arrêtant à un mètre tout au plus. Elle avait donc réalisé qu'il était là, mais pourquoi s'approcher pour rester silencieuse ? A moins que ce ne soit purement fortuit et qu'elle ait simplement cherché à se décaler, sans savoir qu'il était juste à côté ? Il hésitait. Il ne pouvait faire comme s'il ne l'avait pas vue, et partir sans la saluer eût été d'un manque de correction frisant la bêtise des autres marins. Mais que devait-il dire à une jeune femme aveugle ?
Il espérait qu'on ait besoin subitement de ses services, mais le navire tournait bien sans lui, et il n'avait été embauché que pour les réparations. D'ailleurs, on lui avait bien fait comprendre qu'il valait mieux qu'il ne touche à rien à moins qu'on lui en fasse la demande expresse, et comme personne ne lui avait demandé quoi que ce soit depuis le départ, il était resté oisif. Maintenant, il le regrettait. Il fallait qu'il trouve quelque chose à dire, et vite, ça ne faisait pas de rester ainsi muet devant une dame...

- Euh... commença-t-il, toujours hésitant, en se tournant vers elle, bonjour...

"Et au revoir", soufflait une petite voix dans son esprit qui lui intimait l'ordre de prendre ses jambes à son cou. Mais ses pieds restaient cloués au sol, et ses mains appuyées sur le bastingage, non parce que la peur le paralysait - quoique - mais parce que c'eût été trop impoli.

- Je... Je me nomme Murdock... Désolé pour les autres, ils ne sont pas très... pas très délicats...

C'était pire que tout, il bredouillait tant que ça en devenait presque inaudible. Et pourquoi il avait cherché à justifier les autres ? Il n'en avait aucune idée, il avait juste tenté de combler le silence. Ca n'était peut-être pas la meilleure idée qu'il ait eue, vu ce qu'il avait tout juste pu baragouiner, et, rougissant de plus belle, il détourna une fois de plus le regard vers l'horizon.

[Ma bourde ? Quelle bourde ? ]

Le souffle de l'homme sembla se perturber légèrement à son approche, et il lui semblait même entendre le coeur se serrer à sa venue. Qui avait-il à rougir, cher marin ? Un leger sourire devant le désarroi de l'autre : qu'il était bon de sentir qu'elle n'avait pas tout perdu de sa prestance naturelle.
L'homme s'éclaircit la gorge, comme pressé de saluer la Dame du navire, et se présenta avec une amusante maladresse, chevrotant un nom et une excuse au nom des autres.
Le sourire s'élargit aux lèvres de la Reine Déchue, peut-être sa méditation s'explique-t-elle par son attitude de benêt ? Mais il est vrai que la roture n'a que peu l'occasion de s'instruire de l'art du discours, pauvre humanité ! Peuplée d'ânes imbéciles qui ne savaient ni lire ni écrire… Il faut dire que ce n'était pas ce qu'on leur demandait.

« Bonjour, Murdock, lui répondit-elle avec une certaine complaisante. Appelez-moi Eléa si vous le voulez bien… Et ne vous excusez pas pour ces… hommes, ils ne méritent pas qu'on s'intéresse à eux plus que nécessaire. »

Une certaine fierté transcendait de son discours, comme pour se rappeler à elle-même qu’elle était plus noble que tous ces hommes réunis, plus instruite, plus puissante, aussi déchue soit-elle il lui restait au moins le souvenir d’avoir été leur Reine et cela nul Démon ne pourra lui enlever !
Mais le secret demeure, et seules ses intimes pensées et celles d’un archer trop intelligent peuvent encore le répéter… Pour l’instant elle restera Eléa l’Aveugle, réfugiée fuyant le désastre de Mairenn, survivante de la Bataille du Port en route vers Träne. Voilà qui elle était, mais qu’était Murdock ? Un marin ? Un guerrier resté en arrière ? Un réfugié comme elle, cherchant sécurité dans cette île ?
Peut-être voir sa carrure l’aurait-elle aidée, mais elle que sa voix, et sa respiration, calme et profonde malgré un malaise certain pour communiquer. Elle pourrait poser la question directement, mais… Non, cela encouragerait l’autre à l’interroger aussi, ce qu’elle ne voudrait en aucun cas.
Il fallait qu’il parle, se mette en confiance… Puis la discussion lui manquait depuis qu'elle était enfermée dans sa cabine.

« Comment est la mer ? finit-elle par demander après un silence un peu lourd, puis d’un petit rire gêné : Je ne peux plus la voir comme avant, vous comprenez, est-ce que vous pourriez… me la raconter ? »

Non, peut-être n’était-elle pas si sûre qu’elle voudrait se le faire croire, malgré toutes ses convictions, ces titres qu’elle se répète intérieurement elle avait besoin qu’on lui parle, qu’on lui conte la mer, les eaux, son Continent. Qu’on lui dise qu’elle n’avait rien abîmé, que le monde tournerait comme avant, ignorant de ses erreurs passées… Que seul les hommes ont souffert de la bêtise des hommes, mais que l’Eau reste, que Mitroble demeure en paix.

Le ton de la voix de l'aveugle, lorsqu'elle brisa le silence qu'il avait laissé, ne plut guère au triton qui se demanda un instant s'il devait répondre. Mal à l'aise, il n'avait qu'une envie, celle de s'éloigner le plus loin possible. Et pourtant ses jambes refusaient de bouger. Elle s'était présentée, il fallait qu'il réponde, c'était la moindre des choses... Toujours écarlate, d'un ton toujours hésitant, il finit par souffler sans pour autant oser la regarder de nouveau.

- Enchanté, Eléa.

Pourquoi ne regagnait-il pas la mer et la faune sous-marine ? Qu'est-ce qui pouvait bien le retenir sur ce pont, à côté d'une femme qu'il ne connaissait guère et qui ne semblait pas vraiment s'intéresser à lui ? Il savait que ces questions ne rimaient à rien. Regagner le milieu marin ne changerait rien au fait que ses yeux écarlates en faisaient un paria, et il ne serait pas forcément mieux traité qu'ici... Pourquoi avait-il quitté le petit port du village où il avait enfin été intégré, ou il avait passé tant d'années ? A ça non plus, il ne pouvait répondre que par ce qu'il avait déjà songé plus tôt. Tous ceux qu'ils connaissaient là-bas étaient humains. Ils mourraient tous avant lui. Et il se retrouverait seul de nouveau. Alors tant qu'à replonger dans la solitude, autant que ce soit de son plein gré pour une fois... Enfin à peu près... Il n'avait pas trop eu d'autre choix que d'aider à retaper ce navire pour le remettre à l'eau...

L'aveugle le tira de ses pensées en lui demandant comment était la mer. Ainsi elle n'avait pas toujours été aveugle ? La mer... Elle était aussi majestueuse qu'il l'avait toujours connue, calme et tumultueuse à la fois... Le soleil commençait à décliner à l'horizon et s'il teintait le ciel d'or et de sang, il brillait comme mille joyaux flamboyants à la surface.

- Vous raconter la mer ? répéta Murdock d'un ton où transparaissait une admiration non dissimulée. Est-il seulement possible d'en décrire l'immensité par des mots ? Tout ce que je pourrai vous en dire resterait à mille lieux de sa beauté... Tenez, le soleil commence à se coucher, et elle lui renvoie une myriade de bijoux de feu, comme cadeau d'adieu. Les marins, les hommes en général même, n'y voient qu'une étendue d'eau prête à leur fournir poissons et coquillages... Ils n'en connaissent qu'une infime part. Sous la surface, c'est tout un autre monde qui reste ignoré de ceux de la terre. Les poissons pêchés, les huitres, les moules que vous récoltez, ne sont qu'un aperçu minime de sa richesse et sa diversité. Vous connaissez sans doute nombre de fleurs aux parfums ennivrants, aux couleurs chatoyantes. Aux fonds des eaux, se trouvent des jardins plus merveilleux encore, et plus troublants. Certaines espèces ne semblent ni tout à fait végétales, ni tout à fait animales... Peut-être sont-elles un peu des deux...

Un léger sourire effleura ses lèvres, comme s'il revoyait ce qu'il appelait des jardins, ces mers d'algues, d'anémones, de coraux dansant au gré des courants...

- Il y a tout un monde sauvage aussi, lorsqu'on descend plus au fond encore et qu'on s'éloigne de la lumière du soleil. Des créatures que vous ne pouvez pas même imaginer, qui se nourrissent des poissons égarés, les attirants par un leurre brillant, si bien qu'ils croient revenir près de la surface alors qu'ils ne s'approchent que de la mort. Ca peut vous sembler cruel, mais c'est aussi ce qui fait l'équilibre de ce monde si fabuleux... Et puis il y a ces petits poissons colorés, qui ne doivent leur salut qu'à l'aide qu'ils apportent à leur prédateur : leur petite taille, leur agilité, leur permettent d'atteindre les moindres recoins des écailles de leurs congénères de taille plus imposante, et ils en délogent les parasites qui sont leur mets préféré. Je suis toujours fasciné par ces colosses des mers qui, bien que se nourrissant des plus petits qu'eux, gardent auprès d'eux cette variété si particulière pour leur venir en aide...

Un soupir lui échappa, sans qu'il réalise réellement qu'il l'avait laissé partir.

- C'est un monde plus simple et plus pur que celui de la terre. La magie, le feu, ça n'existe pas sous l'eau... C'est un refuge que je ne voudrais jamais voir souillé...

Enfin, il sembla se rendre compte qu'il parlait à une humaine, et qu'il avait monopolisé la conversation de surcroît. Il se retourna vivement vers elle, avec un mouvement de recul, et déglutit avant de s'excuser.

- Pardonnez-moi... bredouilla-t-il, comme s'il avait commis une faute.

Elle lui avait demandé de lui raconter la mer, mais il s'était laissé emporter par son amour pour les fonds marins, son monde d'origine. S'il savait n'y avoir plus sa place, il n'en restait pas moins un éternel amoureux des merveilles abyssales... Cependant, ce n'était sans doute pas un point de vue partagé, et il craignait la réaction de la femme. Elle avait tout à l'heure eu un ton condescendant, il était certain à présent qu'il entendrait les mêmes accents si elle daignait lui adresser de nouveau la parole. Avait-elle compris ce qu'il était, d'ailleurs ? Il le craignait d'autant plus. Les gens ne réagissaient jamais bien quand ils comprenait à quelle race il appartenait...

Autant l'homme lui avait semblé maladroit en se présentant, autant il se fit poète en contant la mer : un poème sans rimes, sans strophes ni scansion, une poésie simpliste mais passionnée qui la berçait dans ses souvenirs… Elle revoyait les vagues se briser contre les falaises des Mirbelkor, l'écume blanchâtre aller et venir contre les rochers, et s'imagina en dessous ce monde onirique que lui décrivait Murdock. Etait-il possible qu'autant de vie grouille sous ces flots ? Non, bien sur ce devait être un songe, un rêve qu'aurait fait le marin après avoir abusé de drogues, mais il le racontait avec un tel charme, une si grande admiration qu'elle ne pouvait faire autrement que de faire semblant : elle avait besoin de rêves, quoi qu'elle en dise, de quoi faire oublier les malheurs qui s'étaient abattu sur elle.
Accompagné de chant des flots sur la coque, le récit se faisait épopée d'un monde impossible qui se cacherait sous les eaux. Et pourquoi pas des sirènes, tant qu'il y était ? Et puis des tritons aussi… Mais la Chute des Déesses avait si profondément abîmé son Continent qu'elle doutait que ces créatures marines aient pu survivre sans Mitroble à leurs côtés.
Mais le conteur marqua une pause, un soupir plein de désespoirs.

« C'est un monde plus simple et plus pur que celui de la terre, disait-il. La magie, le feu, ça n'existe pas sous l'eau… C'est un refuge que je ne voudrais jamais voir souillé… »

Un couteau en plein coeur ne lui aurait pas fait plus de mal, une phrase cinglante, cruelle qui la rappela à une bien dure réalité... Peut-être se rendit-il compte de son désarrois car il s'excusa mais le mal, pour ainsi dire, était fait.
La Magie, le Feu… L'enfant aux yeux blancs, les deux livres, et enfin le papillon, le papillon : voilà ce qui avait détruit Mairenn, sa terre, sa patrie.
Sa vie !
Sa gorge se serra en un sanglot réprimé, et le mouchoir se fit bientôt humide de quelques larmes qui sortirent tout de même. Ca n'existe pas sous l'eau, qu'il disait, ça n'existe pas...
Elle resta silencieuse un moment, le temps de chasser cette boule au fond de sa gorge qui ne demandait qu'à éclater, puis murmura enfin :

« P… Puissiez-vous avoir raison, le mal qui a frappé Mairenn… »

Elle s’arrêta, ne sachant que dire. Elle est bien belle la Mirbelkor, si sûre d’elle un premier temps, effondrée l’instant suivant ! Le mal, oui, mais quel mal ? Une magie, la sienne, celle de son ancêtre, sa meilleure ennemie dont elle ne peut se passer, sans quoi elle aurait du la jeter par-dessus bord à la première occasion ! Et pourtant, pourtant… comment la condamner pour les bêtises des hommes qui l’utilisent ? Comment l’enfant avec l’eau du bain ?
La magie avait assassiné toute une cité, peut-être pourrait-elle en reconstruire une autre ailleurs.. ? Idée idiote, futile, mais c’était un espoir auquel elle se rattachait quand le souvenir de sa chute se faisait trop dur.

« P… Puissiez-vous avoir raison, le mal qui a frappé Mairenn… »

La jeune femme semblait désespérée en cet instant. Qu'avait-elle perdu pour être ainsi troublée ? Peut-être tout ce qui faisait sa vie jusque-là, comme beaucoup d'autres... Mais quel mal la rongeait à ce point qu'elle en pleurait malgré ses yeux aveugles ? Murdock détourna le regard, mal à l'aise. Qu'avait-il dit pour la mettre dans cet état ? Quel détail de son récit avait réveillé de si douloureux souvenirs ? Car il lui semblait qu'il s'agissait là de bien plus que des tout récents événements à Maïrenn.

- Je suis désolé, je ne voulais pas vous faire de peine... J'ignore quel souvenir j'ai réveillé, mais je ne souhaitais pas vous faire de mal.

Un soupir passa ses lèvres comme il s'accoudait une fois de plus au bastingage, ses cheveux flottant au vent. Son récit réveillait d'autres souvenirs dans son propre esprit, qui revenaient toujours aux mêmes choses, à tous ces moments où il avait été rejeté pour avoir eu la malchance de naître avec des pupilles écarlates, au jour où il avait quitté la communauté, plus par la force des choses que par désir de voir la surface. L'envie de retourner dans les fonds marins l'avait souvent séduite, mais il la rejetait à chaque fois qu'il songeait à l'accueil que lui réserverait les siens... Un paria. Ou qu'il se trouve, c'était ce qu'il était. Il devrait pourtant y être habitué... Mais à chaque fois, c'était comme une nouvelle lame qu'on enfonçait dans son coeur. Parviendrait-il un jour à se sentir réellement chez lui ? Même auprès des marins, ça n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler un foyer.

Un nouveau soupir lui échappa. L'aveugle ne savait rien de lui, et c'était sans doute pourquoi elle lui parlait aussi naturellement. Si elle venait à l'apprendre, comment réagirait-elle ? Oh ! Sans doute comme tout le monde... Il préféra donc taire ses pensées, et resta un moment silencieux, ne sachant quoi ajouter. A quoi pensait-elle à présent, cette jeune femme appuyée au bastingage près de lui ? La petite créature à son épaule ne devait plus le juger dangereux vu qu'elle ne bougeait plus. Tant mieux, ça changeait des gens qui partaient en courant... Il hésita, puis se décida à reprendre la parole.

- Etes-vous native de Maïrenn ? Vous semblez très liée à ces terres... Comme je le suis à la mer...