Anxiété incontrolable

[suite de --> Valaurakar]

Thalie était enfin revenue du royaume du Mal. Tant de péripéties... Et pourtant, rien. Pas un seul indice. Personne n'avait pu l'aider, et elle n'avait pu aider personne. Etait-elle destinée à ne pas trouver de réponse? A tourner maintes fois en rond? Et à en oublier l'essentiel, quand elle aura perdu tout sens à sa misérable vie? Deux cent ans d'existence, et jamais le pouvoir de contrôler vraiment la situation. Subir, toujours subir. Le déséspoir avait de nouveau reprit le contrôle de sa vie. Il était évident qu'elle ne trouverai jamais de réponses, et qu'elle ne pourrait jamais réaliser ses désirs, ses pensées, ses rêves. Tout cela n'était qu'illusion, sa vie ne menait décidement à rien. Elle se sentait lésée, mise sur la touche. Etait-ce vraiment son futur? Devait-elle vraiment donner cette fiole à Sylphe. Ca n'avait été qu'un rêve, rien de plus, rien de moins, non? Devait-elle faire confiance à un....rêve? Et ses "soeurs", existaient-elles réellement? Ou n'était-ce que le fruit de sa profonde naïveté? Après tout, tout le monde détestait les Déesses et les loyalistes, pourquoi devrait-elle croire à cela alors? Aucune solutions ne venaient à son esprit. Seul le réel pouvait lui donner une quelconque réponse. La fiole était belle et bien réelle, et pouvait se défendre seule. Ses quelques pouvoirs et la capacité de donner des visions! Ce n'était pas rien, mais elle aurait tout donné pour être quelqu'un de normal, sans aucun pouvoirs, en ayant une famille, des enfants, et qu'elle finirait sur un lit de mort comme toute personne normale.
Ce n'étaient que des rêves, des espoirs, ou bien un profond déséspoir, cependant, il y avait une sorte d'envie d'avoir toutes ces choses là. Changer de vie, d'enveloppe corporelle, et ne pas à subir cette chasse aux sorcières. Elle devait tout le temps fuir. Fuir à toutes jambes, si elle ne voulait pas que le loup ne la rattrape.

Elle avait croisé le chemin d'une petite voleuse et d'un inventeur bien couard, elle avait suivie leur route, dans l'idée de pouvoir les aider. Ils étaient alors arrivés au continent du mal, et, après quelques désastreuses péripéties, ils l'avait quasiment abandonnée pour entrer dans un parc étrange. La voleuse semblait ravie de se débarasser d'elle, quant à l'inventeur... elle ne s'en souvenait plus. Sa mémoire lui faisait défaut, et cela depuis ce voyage express sur le continent du mal. Elle avait peu à peu perdu pied à sa mission, à tout ce qui la reliait de son rôle de Muse. Etait-ce donc cela, qui provoquait chez elle ce rejet? Son rejet de sa fonction et de tout ce qui s'y reliait? Oui peut-être... Mais, seule, comment peut-on y remédier? Lutter seule est bien trop éprouvant pour une fille aussi frèle et aussi fragile. Elle aurait tant voulue avoir une épaule sur qui se reposer. Oui, elle aurait tant voulu...

Elle avait continué à marcher tout en songeant ainsi à son insignifiante petite vie. Fatiguée de tant de pensées, elle coucha près d'un arbre. La jeune Muse ferma les paupières, et s'endormit pour le royaume des songes.

[ouvert à tous]

[vient du port de Träne]

[HRP : C'est ouvert, donc je me permets de venir, même si c'est pas indéfiniment Twisted Evil

]

Cela faisait une ou deux heures que le petit lycanthrope courrait, sans but précis, mis à part celui de retrouver la petite fille aux cheveux bleus.

Et à force de courir, deux problèmes se présentaient à lui : la faim, et la fatigue. Il fuyait les cours d'eau, parce qu'entendre le son des rivières et autres lui donnait envie de hurler. Pourquoi l'eau chantait comme ça ? Elle avait l'air de l'appeler, et il n'y avait rien de mieux pour l'énerver, à cet instant précis.

Le petit garçon s'arrêta soudainement, en sentant une excellente odeur de char fraîche. Il secoua a tête, et s'approcha, toujours à quatre pattes, vers la personne. Silencieux, il l'était suffisamment pour ne pas troubler le sommeil qu'il entendait grâce à a respiration lente de ce qu'il jugeait être une femme.

Du moins, elle avait l'odeur et le souffle d'une femme. Il mit son visage à quelques centimètres de l'endormie et huma ses cheveux. Un sourire satisfait erra sur les lèvres de Ciel d'Orage, qui fit agrandir ses crocs.

Le repas avait une excellente odeur, et tout semblait annoncer qu'elle serait juteuse à souhait, cette victime. Avec maniaquerie, le petit lycanthrope déposa Nounours à terre, à côté de la femme, et sourit doucement.

Tout doucement, Ciel d'Orage s'avança vers la gorge de la Muse, mais à l'instant où il allait la mordre, un frisson le parcouru. Et une voix.

Une petite voix mélodieuse, comme une source qui coule faiblement, et qui parcourt son corps en entier. Une toute petite voix qui murmurait dans son esprit, et à laquelle il offrait le visage de la fille aux cheveux bleus et à l'air attirant.

"Non, c'est mal."

Mal ?

Mais il voulait jouer, lui ! C'était tout ! Simplement jouer, et manger un peu ! Où était le mal là-dedans ?

"Il ne faut pas la manger, elle."

Les cheveux de Ciel d'Orage se hérissèrent, et il prit le visage d'un petit garçon auquel on empêchait de s'amuser. Ce qui était le cas, à vrai dire. C'était fondamentalement injuste. Et pourtant, il avait l'impression qu'en écoutant la petite voix, il la rendrait heureuse. Donc il ne fallait pas manger la dame qui sent bon la viande, parce que cela rendrait la petite fille aux cheveux bleus contente.

Ciel d'Orage s'étant promis de ne plus faire pleurer la petite fille et le papillon, il décida d'écouter la voix, et de préférer dormir, plutôt que de manger.

L'enfant ne se dérangea pas pour choisir sa couche, puisqu'il se mit dans les bras de la dame qui sentait bon, et se recroquevilla sur lui-même. A savoir qu'il n'était pas ce qu'il y avait de plus propre, puisque le petit garçon était tâché de sang, dans des vieux lambeaux de vêtements gris.

Il ne trouvait pas le sommeil, mais demeurer sans bouger ainsi, entouré d'une odeur aussi agréable, cela lui plaisait et le permettait de reprendre un peu de force. Surtout que le jeune Oracle de l'Eau avait la conviction de faire plaisir à la petite fille qu'il cherchait.

[HRP2 : je sais, c'est un sans-gêne, cet enfant.]

[Dire que j'ai failli poster dans ton sujet au port de Träne Twisted Evil

]

Thalie fut réveillée à moitié par une présence tout près d'elle. Elle ne savait cependant pas si c'était le rêve ou la réalité. Elle s'était posée tant de questions, qu'elle ne savait plus si ce qui se passait était réel ou non. Mais la fatigue avait largement prit le dessus et avant qu'elle n'ait pu rouvrir les yeux (si cela se passait bel et bien dans la réalité) elle était repartie pour le royaume des songes. Un endroit bien plus satisfaisant pour elle, puisqu'elle pouvait vivre d'autres aventures que celles qu'elle partageait réellement avec son enveloppe corporelle. Il était si simple de ce découvrir des dons de piraterie ou d'archer, qui s'effaçaient lorsque les paupières se relevaient. C'était, pour la jeune Muse, le seul moment de bonheur qu'elle arrivait à recevoir. C'était aussi la seule chose qu'elle partageait avec les humains. Et puis, elle était Muse de l'Air. Le vent, les nuages, le ciel... Tout cela ne pouvait que faire rêver! Bref, elle n'avait pour l'instant que cet echappatoire, et cela l'aidait à retrouver son état normal lors de son réveil.

Aussi, quand elle rouvrit, cette fois çi, bel et bien les yeux, elle découvrit une petite chose roulée en boule contre elle. Ce que c'était, elle ne pouvait donner de définition. La peur ne lui prit pas au ventre, elle s'était calmée depuis son éveil. Et puis, il y avait quelque chose de différent içi, comme si...
N'ayant pas plus d'explications à donner, elle se dégagea doucement et avec délicatesse, de peur de réveiller l'étrange être qui s'était logé si facilement dans ses bras. Elle remarqua alors une petite peluche. Un ours en peluche, plus exactement. Aussi, l'identité de l'être qui dormait lui fut donnée en relation avec ce qu'elle venait d'observer. Un enfant, c'était un simple enfant.
Pourtant, elle observa quelque chose d'étrange. L'enfant en question était sale, même si ce n'était pas étonnant pour cet âge là; et des taches de sang ornaient ce qui pouvait être considéré comme des vêtements. Et puis, son état ne semblait pas être celui d'un enfant "normal", il y avait autre chose. Quelque chose en plus, qui le différenciait des autres. D'abord ses cheveux en batailles, roux comme les feuilles d'automne (il est bien roux, hein?(cf avatar)), et son attitude, qui le rapprochait plus d'un petit chien battu qu'à un véritable enfant.

Mais, malgré ces quelques remarques, elle ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir prit autant ses aises. Le fait que quelqu'un s'approche d'elle et ne la considère pas comme une sorcière, ou comme une marchandise de grande valeur lui réchauffa le coeur. C'était bien la première fois qu'un humain (enfin, en était-ce bien un?) lui donnait autant d'attention à son égard (à part peut-être ce cher Wilstroo; mais il n'était pas vraiment humain lui, et faisait parti de cette caste si secrète de "Loyaliste en fugue"). Avec précaution, elle posa sa main sur ses cheveux, essayant de marquer comme elle le pouvait une petite marque d'affection. Elle qui aurait voulu avoir des enfants, la voila servie, du moins pendant quelques heures encore, et après, qui vivra verra... Le destin choisirai encore la voix qu'elle devra suivre, bon gré mal gré.

[HRP : Oui, il est roux, et il a les paupières à peine écartées, parce que ses yeux sont brûlés... Et répondre dans le Port... bah ça aurait été bizarre ^^]

Ciel d'Orage sentait la respiration de la dame changer petit à petit, mais ne fit aucun geste pour autant. Elle se réveillait, mais il ne voulait pas la brusquer. Juste demeurer là, parce que c'était bien agréable. Un court instant, il pensa à sa mère, qui avait une douce odeur aussi... Une odeur différente, bien sûr, mais cela suffisait à le rassurer.

Elle mit un certain temps avant de bouger, et puis elle posa une main dans ses cheveux. Ses cheveux à lui. Rien de bien propre, c'était certain. Et il était si peu habitué à un tel geste, qu'il sursauta légèrement, parcouru d'un frisson.

C'était un geste que sa mère faisait, quand il était blotti contre elle. Et cela avait de quoi surprendre le petit garçon. Alors il entrouvrit la bouche, puis décida de ne rien dire, finalement, en hochant négativement la tête. Il ne fallait pas se mentir. Il était bien ici, et la petite voix dans sa tête avait eu raison. C'était mieux, comme ça. Ciel d'Orage ne pouvait pas passer son temps à jouer. Il pouvait rester tranquillement contre la dame.

-Tu sens tout doux...

L'Oracle déposa son visage contre la Muse, en soupirant doucement. Il sentait quelque chose d'étrange, qu'il n'avait jamais sentie auparavant. Cela ne le dérangeait pas. Il n'avait pas la force d'en être dérangé. En fait, il y avait quelque chose qui coulait en lui, et qui chantait. Comme la mer de tout à l'heure. Et cela chantait à l'unisson avec ce qu'il percevait de la Muse.

Ciel d'Orage n'était pas avec la petite fille et son papillon, mais il était avec quelqu'un de doux. Bien qu'il soit un enfant perturbé, avec des envies de meurtres à tout va, bien qu'il soit triste, bien qu'il soit en colère, et que ses mains soient tâchées de sang ; Ciel d'Orage demeurait un petit garçon.

Un petit garçon qui profitait d'un câlin improvisé, avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Cela ne lui faisait pas peur, parce qu'il savait qu'il pouvait se défendre, si la dame était méchante.

Soudainement, il tendit la main vers le visage de la Muse, en cherchant sa joue un peu à tâtons. Ses gestes étaient hésitants, mais il déposa ses doigts un peu sales sur elle, et sourit, en les faisant glisser très légèrement.

-Tu sens tout doux, et tu as une peau calme. Alors, tu es gentille... Non ?

L'enfant ne se rendait pas compte que ce qu'il disait était un peu flou. Ou tout simplement incompréhensible. Ses petits yeux brûlés s'étaient calmés. Aucun éclair n'y frémissait, juste du noir...

-Parce que moi je veux pas faire du mal à la douceur... Et la petite fille serait triste, si je te fais du mal...

L'enfant se blottit un peu plus contre la Muse, comme pour y rechercher cette douceur qu'il sentait à travers elle.

Thalie observa longuement le petit garçon. Il était si simple de s'attacher à une personne inconnue. Seul l'instinct découvre la partie de nous même capable de faire cela; sans connaître l'histoire de cette personne, ou encore sa race. Non, c'était juste une relation incongrue, tellement improbable qu'il est difficile de vouloir le faire exprès. Mais la Muse semblait tellement impressionnée par cette relation basée sur une confiance incertaine, qu'elle avait tout bonnement relachée sa méfiance. Aussi, lorsque l'enfant aux cheveux roux lui demanda si elle était gentille, elle eut comme un sursaut au plus profond d'elle. Comme un hoquet revenu du fond des entrailles. La question était loin d'être stupide, et elle ne savait pas du tout comment y répondre.

Elle? Gentille? Oui... Et.. non. Que pouvait-elle répondre à un enfant né dans un monde, où ses habitants renient au plus profond d'eux même la notion même de Déesse. Oui, dans un sens, elle était gentille. Elle voudrait, enfin, elle doit, sauver le monde de l'échéance. Mais comment un enfant pourrait connaître le sens même de cette phrase? Il est si difficile de faire comprendre toute la perplexité du monde à des êtres, même adultes. Elle même avait du mal à connaître le sens réel de cette haine ancestrale et héréditaire que les gens ont de sa mère et de celles de ses soeurs. Elle aurait tant préféré vivre ailleurs, avoir une chose moins difficile à faire, mais aucune marche arrière n'était possible. Ce n'était pas comme dans ses rêves, ou elle avait un semblant de pouvoir sur les choses qui lui arrivaient. Non, içi, elle devait subir. Tout lui échappait des mains, comme l'eau qui s'échappe irréversiblement des mains lorsque l'on tente de la stopper. Non, elle devait suivre le fil du destin qui lui était tracé... Impossible de faire autrement.

Alors, que pouvait-elle vraiment lui répondre, elle, la Muse des Arts, de la création en elle même. Elle, qui est née du mistral, qui suit le vent comme chemin, et qui tente par dessus tout de retrouver une Sylphe errante. Difficile de trouver une explication rationnelle, aussi choisit-elle la voie du coeur pour s'exprimer:

"-Je suis telle que je suis. Mais je ne pourrais me définir par un mot ayant autant de perceptions différentes selon les individus. Pourtant, je ne saurai faire de mal sur ce monde. Suit la voix qui te guide au fond de toi, et tu sauras comment réagir face à des situations dont tu ne voit pas d'issues. Suit ton coeur pour savoir si telle ou telle personne est digne de ta confiance."

Ces mots étaient certes philosophiques, elle savait qu'il les comprendraient, d'une façon ou d'une autre. Préférant ne rien ajouter, ni demander quelle était cette petite fille dont il parlait, elle le prit dans ses bras, comme une mère témoignerai son amour à un fils. C'était certes une situation incongrue, rien ne pouvait l'empêcher de ne pas recevoir la confiance qu'on acceptait de lui offrir.

Ciel d'Orage fronçait les sourcils, suite à la réponse de la dame. Il avait du mal à comprendre ce qu'elle voulait lui dire. C'était un peu flou. Il fallait qu'il se concentre, lui qui était plus habitué à ce qu'on lui parle comme on parlait à un enfant. La dame avait-elle senti qu'il n'était pas aussi jeune que ce qu'il voulait bien croire ?

Elle était telle qu'elle était. Donc elle ne voulait pas être jugée en étant gentille ou méchante. Cela lui était égal, s'il comprenait bien. Elle ne saurait pas faire du mal, donc ses agissements, elle les considérait comme étant des actions bénéfiques.

La voix au fond de lui... parlait-il de la petite fille ? Peut-être l'imaginait-il tout simplement, cette petite fille. Peut-être n'était-ce qu'un rêve, ou la venue d'une sorte de conscience. A moins qu'une part de lui ne veuille arrêter de jouer... Arrêter de jouer ! Non, jamais !!! Cela lui était tout bonnement inconcevable, à ce petit garçon.

... Quant à son coeur... Il jugeait ne plus en avoir depuis un moment, donc ne se sentait pas concerné. Etant donné que la phrase n'avait aucun sens, il pensa bon de souligner :

-Les Anges Déchus Lycanthropes qui jouent n'ont pas de coeur.

[HRP : Aussi discret que Keela...]

Il se blottit un peu plus contre la Muse, pour fermer ses paupières, en laissant planer un court silence. Court, parce qu'une idée se planta dans son esprit, et il ne put s'empêcher de questionner la dame.

-J'ai rêvé d'une petite fille aux cheveux longs et bleus, qui pleurait. Elle avait besoin d'aide, et puis il y avait de l'eau, et du feu, mais j'ai peur du feu, et je veux pas qu'elle brûle... Et puis y'a eu un papillon, et depuis qu'il m'a touché, j'entends l'eau chanter.

Il soupira.

-Est-ce que tu l'as vue, la petite fille ?

Ciel d'Orage semblait porter autant d'indifférence à la réponse, que d'importance capitale. Impossible de savoir pourquoi il tournait subitement la tête, vers un cours d'eau lointain. Ses yeux étaient clos, son regard ne pouvait donc rien trahir. Il n'y avait que sa main, agrippée au vêtement de la Muse, comme pour garder quelqu'un à ses côtés... comme pour empêcher la dame de partir sans lui.

"-Les Anges Déchus Lycanthropes qui jouent n'ont pas de coeur."

La remarque fit longtemps réfléchir la jeune Muse. Il avait donc été un ange autrefois? Ce petit être accroché à ses vêtements, pas plus haut que trois pommes? C'était intéressant, d'autant plus intéressant qu'il était maintenant déchu. Ce qu'il avait fait pour le devenir, Thalie n'en avait aucune idée, et ne voulait pas le savoir. Elle savait qu'il fallait faire une chose grave pour que cela arrive, mais un enfant aussi jeune, de sa façon de parler et d'agir, avait-il eut vraiment conscience de ce qu'il faisait à ce moment précis? La fille de Sylphe espérait profondement que non. De tous les cas, elle ne réfléchissait qu'au moment présent. Peu importe qu'il fut ceci ou celà, peu importe qu'il soit lycanthrope, ou autre race peu gratifiante, il était ce qu'il était. Et même si le mot "jouer" n'était pas le même pour lui que pour elle, mais quelque chose de bien plus sordide, elle n'en démorda pas moins. S'il était venu près d'elle, sans la juger, sans vouloir la manger, il pouvait être quelqu'un de bien, mais peut-être ne le sait-il pas encore.

Elle lui répondit alors, en le regardant:

"-Je me fiche que tu sois un ange mauvais et un loup garou; je sais que tu as quand même un coeur, même s'il est caché au plus profond de toi et que tu ne t'en rends surement pas compte. Cependant, tu viens de faire quelque chose que je n'aurais jamais cru quelqu'un capable vis à vis de moi: m'approcher sans te méfier, sans sortir les griffes. Tu viens de faire une heureuse. Tu sais, les gens sont très méfiants de nos jours, il est difficile de recevoir un peu d'amour. Grâce à toi, j'ai pu enfin y goûter ne serais-ce quelques miettes; et ça c'est la preuve que tu as bel et bien un coeur."

Thalie observa le petit garçon contre elle, il semblait réfléchir à quelque chose. Très vite, il lui dit:

"-J'ai rêvé d'une petite fille aux cheveux longs et bleus, qui pleurait. Elle avait besoin d'aide, et puis il y avait de l'eau, et du feu, mais j'ai peur du feu, et je veux pas qu'elle brûle... Et puis y'a eu un papillon, et depuis qu'il m'a touché, j'entends l'eau chanter...Est-ce que tu l'as vue, la petite fille ?"

La question lui fit l'effet d'un electrochoc. Qu'était-il au juste? Il avait vu une petite fille aux cheveux bleus. Et depuis, il entendait "l'eau chanter". Aussi étonnant que cela puisse paraître, la jeune Muse semblait avoir déja entendu ce refrain. Des petites filles...Avoir peur qu'elle ne brûle...L'Eau opposé au Feu...La réponse était là, au bout de sa langue...Des petites filles...Des petites filles... Des petites filles liés à des éléments...Serait-ce? Etait-il possible que cet enfant connaisse l'existence des Déesses sans les renier? Oui, c'était possible en effet, mais peut-être n'avait-il pas conscience de ce qu'elles étaient en parlant de petite fille, et seulement de cela.

Elle préféra ne pas prendre de risques, après tout, beaucoup d'espions traînaient ses temps çi. Même si son comportement était quelque peu exagéré, elle le savait bien, se méfier ainsi d'un enfant était irrespectueux, mais elle aussi avait peur, et elle ne voulait pas revivre d'être enfermée loin de tout. Aussi, comme l'enfant était presque aveugle, et que personne ne rôdait alentours, elle tendit son bras devant elle et, en ouvrant sa paume, fit apparaître une petite boule lumineuse, lévitant à quelques centimètres de sa peau. Sans hésitations, celle çi se fit verte clair, illuminant tout autour d'eux deux. Il était donc un "gentil" comme elle les appelait. Il pouvait-être loyaliste. Pouvait, car, d'après ce qu'elle avait compris en décodant les quelques nuances qui apparaissaient à l'intérieur de la sphère, il semblait être un futur oracle, mais il n'en avait pas encore vraiment conscience.

Soulagée, elle l'a fit disparaître, et répondit au petit garçon, toujours accroché à ses vêtements:

"-Je ne l'ai pas vue, mais je sais à quoi tu penses. Si tu penses qu'elle va brûler, il faut que tu la sauve à tout prix. Elle a besoin de toi, c'est très important..."

Le petit garçon écoutait avec attention chacun des mots de la Muse. Il ne savait pas pourquoi, lui qui détestait porter de l'attention à qui que ce soit, surtout quand cela pouvait se manger. Enfin, le mal était fait, il était l'auditeur de la dame, qui lui expliquait quelque chose qui ne lui plaisait qu'à moitié.

Ciel ne savait pas réellement comment réagir. Alors il se tut, et eut le droit à une réponse pour la petite fille. Là encore, il n'était qu'à moitié satisfait. Elle ne savait pas où était la petite fille bleutée, mais elle attisait son envie de la retrouver.

Que faire, donc ? Il devait bien s'avouer qu'il était bien, là. Qu'il se sentait en sécurité, contre la dame. Alors il pouvait rester. Mais rester, c'était dangereux. Cela voudrait dire que la dame, il lui ferait du mal. Ou alors, qu'il ne serait pas là pour la protéger au moment venu. Et cela ne plaisait pas du tout au petit Lycanthrope.

-Mais si je la retrouve, je vais la mettre en danger. Je mets tout le monde en danger.

Il soupira légèrement. La Muse, par exemple, pouvait être déchiquetée, s'il ne contrôlait pas une de ses propres transformations. Alors pourquoi restait-elle avec quelqu'un d'aussi dangereux et malchanceux que lui ?

-Pourquoi tu t'enfuis pas ? Moi les gens ont peur de moi, et quand ils ont pas peur, et bah ils veulent me tuer. Si t'es gentille, tu devrais partir, non ?

C'était si logique, qu'elle s'en aille, plutôt que le garder contre elle, que l'enfant la sentait déjà s'éloigner, et se retrouver seul, et perdu, dans un endroit peu connu. Non, il ne fallait pas qu'elle demeure près de lui, parce que c'était la meilleure façon de mourir. Comme tous les autres.

L'enfant frémit légèrement. malgré ses pensées, ses mots, sa petite main se serrait sur le vêtement de la dame, comme pour lui dire de ne surtout pas s'en aller. De ne jamais le laisser seul... Oh, être seul, ça serait pire que tout...

-Comment tu t'appelles ?

"-Mais si je la retrouve, je vais la mettre en danger. Je mets tout le monde en danger.
Pourquoi tu t'enfuis pas ? Moi les gens ont peur de moi, et quand ils ont pas peur, et bah ils veulent me tuer. Si t'es gentille, tu devrais partir, non ?"

La jeune Muse soupira à sa réponse. Il ne pouvait pas non plus comprendre sa peine à elle, puisqu'il n'avait à priori jamais connu de personnes fiables et aimantes. Et de par sa cécité, il ne pouvait pas voir son visage, et la mine qu'elle arborait. Elle aimait pourtant bien ce petit garçon. Mais comment pouvait-il le savoir, sans que cela ne paraisse suspect. Il n'avait jamais vécu cela auparavant. Alors comment lui faire savoir et ressentir son besoin à elle de se sentir protégée par le petit lycanthrope? Cela était stupide, mais elle se sentait beaucoup plus en confiance avec un petit gamin des rues, crasseux et pouilleux (sorry) qu'avec un homme riche et plein d'avenir. Elle avait déja eut à faire à ce type d'homme par le passé, et jamais au grand jamais, elle ne voudrait recommencer. Surtout si c'est pour voir de plus près l'orgueil et l'avarice des hommes. Içi, c'était autre chose. Le gamin avait juste besoin d'elle pour son amour maternel... Et non pour ses visions, ou ses capacités à rendre l'Homme avide de pouvoir. On avait besoin d'elle pour une chose que toute femme a! Caché au plus profond d'elle! Enfin, elle était Muse, était-ce seulement la même chose?

Elle avait laissé libre cours à son imagination, ses pensées les plus impensables. Tout cela était si beau. Quelques larmes roulèrent sur ses joues. Elle avait enfin découvert un amour, parmi tant d'autre. L'amour le plus important. L'amour maternel.

Elle reprit cependant ses esprit. Avant qu'elle ne put lui répondre, il posa une autre question, bien plus simple celle çi:

"-Comment tu t'appelles?"

Elle lui sourit, sachant tant bien qu'il ne pouvait la voir, et lui répondit:

"-Je m'appelle Thalie. Et toi?"

"-Si tu veux, je peux te montrer quelque chose en toi, que tu as surement oublié, et qui pourront surement t'aider pour aider la petite fille aux cheveux bleus."

(Dis moi, ce serait quoi l'art dans lequel ton gamin pouilleux serait enclin à avancer? Razz

)

(voilà une superbe question, qui m’a fait réfléchir pendant bien longtemps…)

Ciel d’Orage releva un peu la tête vers le visage de Thalie, quand elle lui dit son prénom. Il sentait qu’elle ne lui mentait pas. Que c’était son vrai prénom. Et en même temps, pendant un court instant, il se demanda pourquoi il avait une telle réflexion. Pourquoi douter ?

Peut-être parce qu’il avait deux prénoms, lui. Et qu’il disait souvent le faux, aux gens. Et il fallait avouer que le vrai, il n’avait plus beaucoup de sens.

-Moi j’ai deux prénoms. J’ai le premier, Vio, mais personne ne m’appelle plus comme ça, parce que je suis devenu un joueur. Et le deuxième, Ciel, où c’est le nom que j’ai depuis que je joue.

Un léger silence, puis il ajouta :

-Je n’aime ni le vrai, ni le faux prénom. Je crois que ce sont des mensonges tous les deux. Le premier ne veut plus rien dire, et le deuxième sert à se cacher.

Il se blottit de nouveau dans les bras de la Muse, pour sourire doucement, et avouer :

-Mais faut pas le dire, parce que c’est un secret… Et si je te le dis, c’est parce que je t’aime beaucoup. Et tu as un joli prénom.

(si l’odeur la dérange, elle peut prendre son courage à deux mains, et mettre tout ça dans la flotte… Je conseille de mettre des boules quiès, parce qu’il va crier ^^)

Le voilà en train de jouer avec un pli du vêtement de la Muse. Il semblait être en train de réfléchir à la proposition. Quelque chose qu’il avait oublié ? Parce qu’on pouvait oublier ? Ca voulait dire quoi, en vrai, oublier ? … C’était bien vague, comme mot, dans son esprit enfantin.

-Je veux bien que tu me montres, mais seulement si ça ne te fait pas mal.

D’où lui venait une telle condition ? Difficile à savoir. En présence de Thalie, il se sentait plus doux, plus calme. Plus gentil aussi. Elle était douce, Thalie… Thalie. Thalie. Thalie. C’était agréable, comme prénom, aussi. Très joli, comme il l’avait déjà dit. Elle devait être très belle, à regarder. Elle sentait bon, elle avait un prénom musical, une voix toute douce…

-Mais si tu fais ça, et bien tu vas partir pour me laisser tout seul, c’est ça ? Et moi je veux pas… je…

L’enfant se mordit la lèvre.

-Finalement, je voudrais rester avec toi.

(pour ta question, je serais bien tentée de répondre l’art-trite, mais c’est franchement un jeu de mot très nul. Enfin bon, je pense qu’il peut être conteur. Avoir un certain don pour imaginer et raconter des histoires…M’enfin, la question est vraiment difficile, mais je ne vois pas grand chose d’autre… en majeure partie à cause de sa cécité… et de son caractère… Mais bon, ça y est, ma décision est prise !)
(Et pour mon post, même explication qu'avec Keela : je ne suis pas chez moi, donc je réponds leeeeeeeeeeeeeeeeeentement)

Thalie observa le petit lycanthrope, blottit contre elle. Il semblait si fragile, elle n'avait pas envie de le laisser partir. Lorsqu'il lui avoua ses prénoms, elle souria. Elle aimait bien le second. Ciel. Il était triste et en même temps, très poétique. Ciel.

Lorsqu'il lui donna son autorisation, elle ne put qu'être comblée. <<...seulement si ça ne te fait pas mal..>>. C'était bien la première fois qu'elle entendait une telle condition. Pour elle, les Humains étaient bien trop orgueilleux de leur bonheur et de leurs richesses qu'ils ne pouvaient pas se soucier d'autrui. Elle avait eut raison de faire confiance à ce gamin des rues. Il n'était pas comme tous les autres. Il faisait attenion à elle, comme elle voulait faire attention à lui. Une confiance mutuelle.
Elle lui répondit:

"-Ne t'inquiète pas, si je te le propose, c'est que je te fait confiance."

Puis, tout doucement, elle cessa de serrer Ciel contre elle, et leva les mains pour pouvoir enlever le gant de sa main droite. Puis, celle çi vint se poser délicatement sur une des mains de l'enfant.

La vision vint sans prévenir. Elle était plus violente, plus longue, plus détaillée. Beaucoup d'images vinrent se poser les unes sur les autres, si bien qu'elle eut un moment de peur. Que se passait-il? Cela ne lui avait jamais fait auparavant. Son coeur battait à la chamade. Elle n'avait pas peur de ce qu'elle voyait, elle avait peur de ce qu'allait penser le petit lycanthrope après tout ça. Lui ferait-il encore confiance?! Elle voulut retirer sa main, mais quelque chose l'en empêcha. Une vague de magie semblait opérer entre les mains des deux êtres. Comment cela pouvait-il?

Elle prit le temps de réfléchir et de faire abstraction de toutes les images qu'il lui venait, dûes aux visions. Etait-ce parce qu'...parce qu'il allait devenir un oracle? Les muses et les oracles sont donc liés? Tout semblait l'être, car elle n'en avait jamais rencontrée d'autres avant. Un lien les unissait. Il avait donc un peu de magie en lui, un début; et elle l'avait fait remonter en surface, grâce à ses pouvoirs à elle. Cependant quelque chose clochait dans ce lien, ce n'était pas la bonne combinaison, elle le savait. Il était du continent de l'eau, elle de l'air. Mais ce simple échange avait permis à Thalie de trouver une autre partie de sa mission. Trouver son oracle. Elle pourrait ainsi parvenir à retrouver sa Mère.

La vision se calma alors. Les images devinrent nettes et précises. Ciel était doué pour conter les histoires. C'était une bonne chose pour lui. Il allait pouvoir réinventer le monde, puisqu'il était aveugle.

Elle retira alors sa main, remit rapidement son gant, et observa, inquiète le comportement du petit lycanthrope. Elle le serra contre elle et lui murmura à l'oreille:

"-Je suis désolée, ça ne m'était jamais arrivée. Excuse moi, j'espère que tu n'as pas eu peur. Je m'en voudrais terriblement."

[Hum, désolée pour l'ENORME attente ^^' . Heureusement que tu as d'autres persos ^^]