La fille aux Rubans [ petite nouvelle ^^ ]

Le vent soufflait sur sa nuque ornée d'un ruban bleu pâle. Elle aimait les rubans. Elle avait des rubans de toutes sortes chez elle qu'elle aimait sortir de leur petite boîte en bois noir et usé pour les regarder pendant des heures, accroupie comme une petite enfant qui regarde une coccinelle sur une fleur. Elle nouait ses cheveux avec ces rubans, elle s'ornait de ceux-ci autour de ses petits poignets blancs, autour de ses chevilles maigres, autour de son cou ou tout simplement pour ajouter de l'éclat à une robe démodée en en brodant un peu partout. Elle ne donnait pas de rubans en cadeau. Même si les gens admiraient ses ornements et scandaient haut et fort qu'ils
aimeraient en avoir, elle se contentait de sourire et s'empressait d'aller vérifier dans la boîte noire si ils y étaient toujours. Elle adorait aller se balader sur la petite colline qui dominait l'océan d'où une jolie barrière en fer et aux motifs de fleur stoppait une chute de plusieurs mètres dans les flots agités. Elle adorait y aller lorsque le temps se couvrait de gros nuages sombres et qui remplissaient l'air d'un vent qui faisait retourner les parapluies. Elle s'habillait alors très chic, d'une robe blanche de dentelles et évidemment, elle se parait de rubans roses, bleus et blancs et marchait les bras tendus en essayant de serrer le vent dans ses bras. Les feuilles des cerisiers blancs s'arrachaient de leurs branches et virevoltaient autour d'elle. Le vent faisait soulever sa longue crinière blonde et venait chatouiller son cou. Son cou si bien vêtu. Le vent s'enroulait autour de ses poignets et de ses chevilles en glissant sur ses rubans. La fille aux rubans fermaient les yeux et riait. Le vent aimait bien ses rubans. Il jouait avec eux au rythme de ses pas. Mais soudain, le vent jouait trop fort, trop brutalement et ses rubans commencèrent à se détacher un à un. Son sourire se figea et dans un hurlement déchirant , elle pourchassa ses trésors sans regarder où le vent la menait. Elle était rouge de colère, puis blanche d'effroi, les yeux écarquillés par l'horreur. Elle maudissait la brise ennemie, autrefois son amie si douce et parfumée. Puis, tout à coup, son cri se transforma en une longue plainte souffrante. Elle avait sauté par dessus la barrière de fer sans s'en rendre compte. Ses rubans l'avaient entraîné vers le précipice et maintenant tout s'écroulait. Les rubans, eux, ne tombaient pas. Ils semblaient danser en regardant la femme prise de folie tomber dans les flots azurés. Elle ne criait plus, ni ne bougeait. Mais dans une dernière pensée, elle détesta les rubans.