Suite de la Reine

Assise devant la coiffeuse, la Reine Eléonore brossait soigneusement sa longue chevelure brune en observant les flots d'un air rêveur... Cette mer qui s'écumait, ces vagues qui se brisaient contre les rochers, elle ne les voyait que trop peu de là où elle était mais dans sa tête la souveraine se représentait sans aucun problème ce liquide translucide aux allures bleuâtres se faire fouetter par les vents du large... Il s'en aurait fallu de peu pour qu'elle entende les mouettes accompagner la houle!
L'unique trésor intact de l'époque élémentaire: les côtes de Mairenn, l'Océan sauvage qui n'appartient à personne... Que Mitroble se fasse haïr ne changeait rien, et même les pluies acides qui avaient meurtries le plus beau des Royaumes ne semblaient pas ébranler cette géante qui s'étendait à l'infini, et ses multiples habitants... Que serait Mairenn sans sa mer, sans son port? Sans sa Déesse en quelque sorte? Peut-être bien un cailloux stérile, peut-être autre chose elle ne savait pas trop...
Mais un bruit léger interrompit les pensées de la Reine, le son discret de quelques tapes sur la porte pour signaler sa présence...
Se relevant prestement pour faire face à l'entrée, Eléonore reconnut immédiatement la petite silhouette menue de Gratia son ancienne nourrice devenue dame de compagnie.

« Monseigneur votre invité est arrivé, votre Majesté. » déclara la servante, baissant la tête en une humble révérence.

La Reine hocha la tête, cette petite pause était finie, il était temps qu'elle revienne aux affaires d'Etat... Encore que celle-ci n'en était pas vraiment une, mais elle restait une contrainte à laquelle elle devait se plier.

« Bien Gratia, lui dit-elle en reposant la brosse. Dis-lui de patienter quelques instants que je sois présentable »

Tandis que la servante repartait de son petit pas pressé, Eléonore déposa un petit châle noir sur ses épaules, et remit son diadème, symbole de son autorité. Un regard dans le vieux miroir qui pendait au mur, sa coiffure n'était peut-être pas parfaite mais suffisante pour l'homme qu'elle allait voir. Il n'était pas vraiment de ces nobliaux à l'examiner sous toutes les coutures à la recherche d'une faiblesse... La souveraine n'était même pas sure qu'il prêtait une réelle attention aux apparences!
Soit, en tout cas il préfèrerait ne pas avoir à attendre trop longtemps pour des broutilles pareilles, le connaissant...
Elle s'avança donc dans le bureau, et s'y plaça derrière avec toute la prestance et la droiture requise à son rang.

« Fais-le entrer, Gratia. » lança-t-elle à sa dame de compagnie, qui se pressa d'aller le chercher.

Digne et fière, la Reine attendit calmement que son invité entre et la salue, conformément à l'étiquette.

Hilderic s'était rendu au plus vite au palais de reine de l'eau pour l'informer à propos d'une affaire importante. Comme à chaque fois qu'il est venu au château de la reine, les gens le défiguraient ayant entendu parler de lui un peu partout. Par contre, Hilderic ne prenait absolument pas attention à ce que les gens pouvaient bien dire à son sujet et à propos de l'inquisition. Il était certain qu'il ne faisait aucun effort pour que les gens aient une meilleure opinion de lui. Hilderic était descendu de son cheval peu de temps après avoir passé les portes de la forteresse de la reine. Laissant la plupart de ses hommes dans à côté de son cheval, il pénétra dans le château étant toutefois accompagné de deux hommes qui avait l'air particulièrement dangereux. Ceux-ci poussaient sur le côté tous les gens qui se mettaient dans le chemin du seigneur inquisiteur. Sachant qu'il était attendu, il s'annonça à l'un des servants de la reine.

-Je viens voir la reine, dit-il d'un un ton extrêmement sérieux.

Bien sur mon seigneur, la reine vous attend, répliqua le servant.

L'homme fit signe à Hilderic de le suivre jusqu'à la chambre de la reine. Sans se poser la moindre question, le seigneur inquisiteur suivit le servant toujours accompagner de ses deux gardes. Lorsqu'ils furent rendus à la chambre, le servant fit signe à Hilderic d'attendre ici un moment. Après un petit moment, une servante cette fois-ci fit entrer Hilderic dans la pièce. La première chose qu'il vit en pénétrant dans la pièce fut la reine derrière un bureau. Hilderic s'agenouilla devant la reine et se releva par la suite. Ses deux gardes par contre regardaient la reine avec un regard plutôt agressant.

-Mes respects ma reine, dit-il d'un avec le respect le plus total.

Un homme à la forte carrure pénétra alors dans la pièce, suivi de près par deux gardes aux airs revêches... Ses gardes du corps? Mais pourquoi diable un grand gaillard comme lui s'amènerait avec deux gardes de la même carrure que lui? Et en plus pour un entretien privé avec une petite Reine maigrelette et presque sans défense...
Mais tandis que l'Inquisiteur s'agenouillait en une révérence dans les règles de l'art, la souveraine garda ses réflexions pour elle. Bien sur les deux idiots qui suivaient le noble guerrier n’avaient même pas fait mine de courber la tête devant elle, elle l'avait bien remarqué, mais bon rien qu'à voir leurs grands yeux aussi belliqueux que débiles elle se doutait bien qu'il s'agissait de rustres... On pouvait donc leur pardonner de se moquer des manières de Cour.
N'empêche qu'ils lui semblaient plutôt hostiles, ces deux-là, à croire qu'il la soupçonnait de... de quoi au fait? De magie peut-être? Non, personne ne pourrait ne fut-ce que penser à la soupçonner, et encore moins des imbéciles de ce gabarit...
Reportant son attention sur l'Inquisiteur, elle le salua d'un geste de la tête.

« Mes hommages, Seigneur Hilderic, lui répondit-elle d'une voix neutre, ne sachant pas encore trop quel ton user devant un représentant de l'Inquisition. Je vous suis sied d'être venu aussi vite »

D'un autre côté elle n'aurait pas vraiment toléré un retard trop important, mais ça il était inutile de le préciser... Corvée ou pas elle tenait à ce que cet entretien se passe au mieux, et le retarder serait fâcheux, même s'il n'y avait absolument rien d'urgent...

« Prenez donc une chaise, Hilderic, lança la Reine d'un ton monotone en montrant celle qui lui faisait face. La position debout n'est guère agréable pour la discussion. »

Sans parler que si sa réputation s'avérait justifiée, la discussion serait tout sauf agréable... En espérant que les deux singes qu'il traîne derrière lui n'aient pas soudain la brillante idée de s'en mêler!
Mais bon, c'est ça être dirigeant de tout un Continent, c'est savoir parler avec toute sorte de nobles aux étranges habitudes, et faire en sorte de se les mettre dans la poche. Paraître agréable quand on a envie de leur dire de fouttre le camp... Enfin, tant que les gorilles se contentaient de rester bien sagement immobiles et silencieux, il n'y aurait aucune sorte de problèmes.
Se tournant vers la servante qui restait là, discrète, voir même limite effacée, comme l'exige sa fonction, Eléonore dit:

« Vous pouvez disposer, je vous appellerai si besoin est. »

Mimant une brève révérence, Gratia sortit immédiatement. Elle ne partirait pas bien loin, assez près pour entendre la conversation du moins. Elle faisait confiance à son ancienne nourrice pour bien écouter ce qui se passerait dans le bureau, elle avait une excellente mémoire et lui servait de véritable bloc note vivant. Bien plus discret que le papier ou les sorts, mais tout aussi utile; aucune nuance ne lui échappait.
Refaisant face à l'Inquisiteur, la Reine s'installa elle aussi sur sa chaise, le dos bien droit et la tête haute. Même en entretien privé, elle gardait une allure royale...

Hilderic voyait bien que la présence de ses hommes de mains déplaisaient particulièrement à la reine. Du coin de l’œil, il regarda l'homme qui était à sa droite pour et il vit le regard que l'homme lançait à la reine. Ses deux gardes agressaient littéralement la reine sans aucune raison particulière. Pour eux, ils étaient normaux d'agir constamment de la sorte ce que les gens ne savent pas. À l'aide de son bras, le seigneur inquisiteur fit signe au deux homme de quitter la pièce sur le champ. Sans se poser de question, les gardes quittèrent la salle. Lorsqu'ils furent à l'extérieur, les yeux appercurent tout d'abord la femme qui se tenait à côté de la porte. Sans aucune délicatesse, l'un des deux hommes obligea la servante à quitter l'endroit sur le champ. Ceux-ci s'installèrent ensuite de chaque côté de la porte en attendant que leur maître sorte de la pièce. Lorsque la porte se referma, Hilderic s'assit sur le siège que la reine lui avait proposé.

-Volontié ma reine. Je suis venu sous votre demande le plus vite que j'ai pu. Je suis désolé que mes deux gardes aient pu vous déranger. Ils ne font que leur travaille mais si je revenais maintenant à la véritable raison de ma venue dans votre demeure. Même avec tous les hommes que nous avons de déployé, le suspect se cache et lorsque nous réussissons à le localiser, il disparaît peu de temps après. L'inquisition fait tous ce qui est en son pouvoir pour trouver cet homme.

Hilderic parlait avec un air comme sérieux comme à son habitude. Parler de cette affaire à la reine lui déplaisait parfois parce que c'était l'une des principales affaires auxquelles l'inquisition n'était pas capable de mettre un terme. Il se rendait compte que l'inquisition n'était pas parfaite sur ce qui est de résoudre les affaires. Par contre, il pouvait s'estimer heureux que personne ne soit capable de faire le même travaille avec autant d'efficacité. Hilderic observait subtilement la reine du regard. Il ne pouvait nier que cette femme était belle mais il ne voulait absolument pas que quelqu'un puisse être au courant que le seigneur inquisiteur pouvait penser à ce type de chose. Pendant ce temps à l'extérieur, les deux gardes continuaient à surveiller la porte en ayant la vague impression qu'ils étaient surveillés.

(Je ne sais pas si le sujet est le bon par contre.)

[Non non c'est bien dans ce créneaux-là ^^]

L'Inquisiteur sembla remarquer sa gêne face à ses hommes de main, car il les congédia d'un geste vague. Mais ces pouilleux, en sortant, ne manquèrent pas de remarquer Gratia qui était restée dans l'antichambre, et la Reine put voir, impuissante, l'un des hommes la faire sortir sans ménagement... Quelle bande de brutes! Menacer ainsi son personnel, dans sa propre demeure... Bien sur, la pauvre servante ne tarda pas à battre en retraite.
Ne laissant rien paraître de sa révolte, la Reine laissa la porte se refermer et écouta ce que l'homme avait à dire... En effet, son cher frère posait beaucoup de problèmes à l'Inquisition, ah ce que ça pouvait être drôle de voir ces fiers guerriers se faire ridiculiser par un gamin de 15 ans, un petit Prince qui ne connaît rien à la vrai vie qui plus est! Elle devait se faire violence pour ne rien laisser paraître de son hilarité intérieur et garder l'air grave et mélancolique qui convenait à la situation présente...

« Qui aurait cru que j'aurais un jour à faire poursuivre mon propre frère? soupira-t-elle. Quelle folie a donc pu le prendre! »

Folie, c'est le cas de le dire, cette situation devait le rendre dingue, ce gamin pourri gâté... Sans parler qu'elle n'était pas sure qu'il avait entièrement compris ce qui lui était reproché, le pauvre petit. C'était à mourir de rire!

« J'aurais espéré qu'on le trouve vite pour la paix de l'âme de notre pauvre père et sa si bonne épouse... dit-elle d'une voix mimant la tristesse et la déception. Mais bon, il semble que le parricide soit plus malin que l'on aurait cru. Décidemment le jeune Prince ne cessera de m'étonner... Avant qu'il ne commette cet acte abominable je l'ignorait même capable de survivre sans serviteurs à sa disposition! »

Pour dire la vérité, il ne cessait de l'étonner de par sa bêtise et son manque total de débrouillardise, oh combien de fois elle avait bien cru qu'il allait se faire prendre malgré tous ses efforts! Franchement, on fait tomber un brouillard impénétrable sur la région pour qu'il puisse déguerpir en douce et il trouvait encore le moyen de butter contre l'un de ses poursuivants... Si elle n'avait pas eu la présence d'esprit de faire tomber une lourde branche sur la tête du type, c'en aurait été fini du Prince Robert!

« Il nous donne décidemment beaucoup de fil à retordre, ce jeune Prince, rumina-t-elle en fronçant les sourcils. Beaucoup plus que je n'aurais jamais pu l'imaginer... »

Relevant ses yeux pâles sur l'Inquisiteur, elle guetta les commentaires sur cette traque qui n'en finissait pas, elle était bien curieuse de connaître l'avis des chasseurs sur cette proie qui semblait "protégée des Déesses"...

L'inquisiteur secoua la tête lorsque que la reine parla de l'âge de son frère. Il n'arrivait pas à croire qu'un enfant de 15 ans était capable d'échapper à chaque fois à ses hommes. Il se demandait aussi comment le garçon pouvait bien leur échapper sachant qu'il était presque à chaque fois dans une situation sans issue face aux hommes de l'inquisition. Il se demandait parfois si le garçon n'était pas aidé par une force quelconque. Ses sourcils se froncèrent à cette pensé. Hilderic se demandait aussi pourquoi la reine voulait autant que l'inquisition retrouve son frère. Il se rendait compte qu'il ne l'avait jamais su et qu'il devait avoir la réponse à cette question. Il se demandait par contre si la reine ne serait pas brusquer par cette question. Il resta silencieux un long moment sans dire un mot en étant plongé dans ses pensées.

-Une question m'intrigue au plus au point. Pourquoi tenez-vous donc à ce qu'on attrape votre frère? Je ne vois pas quel menace peu représenter un garçon de 15 ans à vos yeux. Peut-être suis-je dans l'erreur et que vous ne voulez que le revoir mais je ne comprend pas pourquoi il a fuit cette vie. En second lieux, sauriez-vous pourquoi il se cache pour qu'ont ne puissent le retrouver comme il fait en ce moment. Certain de mes hommes ont vraiment l'impression de courir derrière un fantôme.

Hilderic se dit qu'il en avait peut-être trop demander d'un seul coup. Il espérait ne pas avoir brusqué la reine. Il laissa échappé un soupir comme il le faisait souvent. Un soupir qui imageait particulièrement ce sentiment de solitude qui l'habitait à chaque instant de sa longue existence. Il regarda sa main un instant comme s'il espérait voir quelque chose dans celle-ci. Il ne regardait même pas la reine pour voir qu'est-ce qu'elle pouvait penser de son comportement assez anormal. Hilderic laissa retomber sa main par la suite sans dire un seul mot et en relevant ses yeux vers la reine. Pendant ce temps à l'extérieur de la pièce, les gardes se mirent à inspecter l'endroit en ayant constament l'impression de ce faire observer par quelqu'un. Peut-être fesaient-ils preuve d'une trop grande paranoïa.

Le visage de la Reine s'assombrit tandis que l'homme commença à parler, cela ne lui suffisait-t-il donc pas? Elle avait prononcé tant de discours qu'elle croyait avoir suffi à justifier cette poursuite, et l'homme demandait des explications supplémentaires... Soit il est encore plus obtus que l'on aurait cru, soit plus éclairé que la moyenne des gens!
Quoi qu'il en soit, s'il voulait des explications il en aurait...

« C'est plus qu'une question, murmura la Reine en un pâle sourire. Ce que j'ai déjà dit là-dessus ne vous suffi donc pas? »

Eléonore hocha lentement la tête, et se mit à penser à toutes les brimades que son père lui avait fait subir. Généralement, ça l'aidait à paraître plus triste, et donc plus réelle aux yeux de ceux qui l'écoutaient pleurer le couple royal.

« J'ignore ce qui l'a pris, commença-t-elle, mais s'il a pu tuer aussi froidement ses parents, que serait une demi-soeur pour lui? Peut-être bien représenterais-je la seule chose qui le sépare du trône... »

Baissant les yeux, la souveraine songea à la seule chose qui la séparait du trône, cet enfant sorti de nulle part, et cette épouse issue du bas peuple... Ô oui, c'était bien la seule chose qui l'avait séparée du trône! Si seulement son père avait pu rester là-bas, en tant que pêcheur anonyme, si seulement... Rien de tout ça n'aurait eu lieu, nul meurtre, aucun mensonge, juste la légitimité d'être l'unique dirigeante du Continent de l'Eau!
Mais cela n'avait pas pu être possible, et elle avait dû se battre pour rester libre, et ruser pour reprendre la place qui lui était due... De là à tuer, elle ne l'aurait jamais imaginé, mais c'était à se moment-là l'unique solution qui lui semblait faisable... Mais était-ce vraiment elle qui l'avait décidé et mit en application? A chaque fois qu'elle se replongeait dans ce sombre épisode elle avait l'impression qu'elle n'était pas dans son état normal, comme si quelqu'un -ou quelque chose, avait guidé ses pas vers cet acte funeste...

« Peut-être est-ce la folie, peut-être est-ce quelque chose qui nous échappe... murmura-t-elle. J'ignore totalement ce qui a pu le motiver, mais une chose est sure je ne laisserai point ce crime impuni! »

Elle frappa violemment contre le bureau, comme pour appuyer ses dires. Totalement dans son personnage de Reine révoltée, elle arrivait à merveille à feindre le dégoût de cet acte ignoble que le jeune Prince n'avait jamais commis. Elle repensait à tous ces hommes auxquels son père voulait la marier, à toutes les insultes qu'il avait pu lui porter, et se servait de cette rage pour agrandir l'illusion qu'elle haïssait le « parricide ».

« Pourquoi je fais confiance à l'Inquisition pour cette affaire? continua-t-elle, semblant reprendre quelque peu son calme. Cela me semble évident: nous avons retrouvé dans la chambre du Prince des éléments qui font penser qu'il s'adonnait à l'art proscrit... Mes gens d'armes ne sont pas vraiment préparés à faire face à un Mage, j'ai donc fait appel à cet ordre, qui a beaucoup plus d'expérience en ce domaine. »

Si elle avait pu, elle se serait bien passée de ses professionnels de la chasse aux sorciers, mais bon un de ses Conseiller avait eu le malheur de lui rappeler qu'ils étaient les plus qualifiés pour la capture du Prince... Refuser de les contacter officiellement aurait paru louche.
Elle ferait avec, même s'ils étaient mieux prémunis et experts dans l'art de traquer, elle se débrouillait toujours pour qu'il ne soit pas capturé...
La Reine prit une profonde respiration, comme pour s'obliger à reprendre son calme. S'énerver un peu rendait un certain réalisme, mais il ne fallait pas non plus qu'on la prenne pour une hystérique, ce serait indigne de son rang.

« Avez-vous d'autres questions, Seigneur Hilderic? » demanda-t-elle enfin.

Tant qu'à faire, autant qu'il demande tout ce qui lui passe par la tête à propos de cette affaire, au moins il n'y aurait plus de quiproquos...

Les deux gardes d'Hilderic se mirent à rire lorsque la reine parla de ses autorités peu qualifiées. Il n'était pas difficile de savoir que ces hommes étaient du type à se venter. Il était toujours amusant pour eux d'entendre les autres se faire traiter d'incapable. Il trouvait le moyen de s'amusé seulement en écoutant deux personnes très sérieuses entrain de sujet important. Ceux-ci ne se souciaient pas du tout de ce que les gens pouvaient bien penser d'eux.

-Tu as entendu sa, la reine à dit que ses hommes étaient des incompétents. Voilà une preuve que nous sommes les meilleurs.

-En effet, je suis sur qu'il ne serait même pas capable de faire la chasse à un truand qui aurait volé un bout de pain.

-Oui! Même le plus incompétent d'entre nous pourrait être capable de rattraper un mendiant sans aucune difficulté.

Hilderic avait écouté tout ce que la reine lui avait dit sans dire un mot lorsque ses deux gardes se mirent à parler. Il reconnaissait bien la stupidité constante de ses hommes. Il espérait que la reine n'entendait pas ce que ses gardes pouvaient bien dire à propos des autorités du continent de l'eau. Il se dirigea vers la porte et l'ouvrit par la suite. Il regarda ses hommes avec un regard remplis de frustration ce qui les fit aussitôt arrêter de parler. Hilderic referma doucement la porte par la suite en retournant devant la reine.

-Je n'ai pas plus de question à propos de votre frère ma reine. Mes hommes vont redoubler d'effort pour le retrouver, je vous le garantie. Une dernière question. Auriez-vous une idée de ou est-ce que votre frère pourrait bien se cacher?

Un bruissement dans l'air, un rire ignoble, bourru qui atteignait ses oreilles... La Reine leva lentement la tête vers la porte, son origine. Les gorilles, elle les avait presque oublié ces idiots! La prenaient-ils pour sourde ou étaient-ils plus bêtes encore qu'ils ne le faisaient penser?
Ainsi ces gueux semblaient-ils sincèrement croire que ses paroles étaient à prendre au premier degré? Les imbéciles... Le plus drôle c'est qu'ils étaient au moins aussi lamentables que sa garde dans cette mission ; oh et elle se promettait bien de rendre la prochaine confrontation aussi humiliante que possible! Ca les apprendra, à ces scélérats, de se moquer de l’armée de la Reine de l'Eau...
L'homme se leva pour rappeler ses gens à l'ordre, ouvrant la porte pour leur jeter un regard des plus méprisants. La souveraine pu apercevoir un lustre au plafond, parfaitement aligné avec la tête de l'une des brutes... Une légère pression, sans effort ni parole prononcée, juste un discret et une minuscule geste de la main et il assommerait l'idiot!
Rien qu'à cette pensée ses doigts lui démangeaient... Rah que ce serait tentant, rien que pour le voir tomber face à un lustre! Quel spectacle ce serait!
Séduisante idée, mais dangereuse et inutile... User de la magie devant le Seigneur Inquisiteur pour une raison aussi bénigne serait pure folie! Calme, il faut savoir rester serein dans ce genre de situation, et puis elle pourrait certainement lui faire subir bien pire sur le terrain de chasse, et ce en toute impunité cette fois... La vengeance est un plat qui se mange froid! Si elle restait de glace pour l'instant c'est pour mieux lui faire ravaler ses piques plus tard...
Hilderic revint s'asseoir devant elle, Eléonore haussa légèrement ses épaules, comme pour dire que l'avis de ces deux bouseux n'avait aucune importance à ses yeux.
Aucune question, dit-il, il fera de son mieux pour le retrouver, et cetera et cetera... Ah tiens, on dirait qu'il y a quand même une question: où pourrait se cacher son maudit frère?
Bien sur elle connaissait sa position exacte pour l'avoir suivi depuis sa fuite désespérée à travers la forêt de Mairenn, mais franchement comment « l'innocente » Eléonore Mirbelkor pourrait savoir ce que son frère a derrière la tête? A tenter qu'il ait quelque chose dans le crâne bien sur... Là encore elle n'en était pas sure, en fait il semblait plutôt errer au hasard en espérant être dans la bonne direction, l'imbécile! Vraiment lamentable...

« Je n'en sais strictement rien, dit-elle en secouant la tête. Je ne pense pas qu'il ait pu quitter le Continent, tous les ports sont étroitement surveillés et même les pirates ne prendraient pas le risque d'emporter le Prince sur leur rafiot... Maintenant il a peut-être pu user de magie pour passer les barrages mais alors pourquoi avoir attendu tant de temps, prenant ainsi le risque de se faire prendre? »

Elle haussa les épaules d'un air impuissant, après tout la Reine n'avait -en théorie du moins- que sa logique pour les guider. Toute façon, même si elle pouvait donner plus d'indices sans s'attirer les soupçons elle ne le ferait pas. C'était tellement plus drôle de les voir s'emberlificoter les pinceaux à chercher un gamin de 15 ans à travers tout le Continent!

« Non, je ne pense pas qu'il ait pris la mer, peut-être même n'a-t-il pas encore quitté Mairenn... Pour le reste, je n'en sais pas plus que vous! Peut-être êtes-vous même mieux au courant que moi, si les rumeurs sur vos techniques d'espionnages sont vraies... Servez-vous-en et ramenez-moi le Prince parjure! Ma seule et unique exigence est qu'il soit vivant et en état de se tenir debout ; il est tout de même de sang royal, je ne veux pas qu’il soit massacré en pleine campagne comme un vulgaire gueux. Pour le reste, vous avez carte blanche des méthodes pour suivre sa piste. »

Elle n'avait pas envie non plus que son frère se retrouve réduit en charpie par cette bande de brutes sans âme... Il ne méritait pas ça, et en plus si l'un d'eux se souvenait de la promesse qu'elle avait faite elle serait contrainte et forcée d'épouser l'un de ces gros bras! Sans façon, elle préférait encore les noblichons que lui proposait son père : ils étaient peut-être mièvres et sans charmes mais au moins avaient-ils des manières...
Si par malheur ils le ramenaient vivant, elle pourrait toujours s'arranger pour le faire s'échapper avant l'exécution, ce qui rendrait la demande caduque. Toujours avoir une longueur d'avance, tel est la première règle de tout souverain...

« Est-ce tout? » demanda-t-elle à nouveau.

Hilderic n'eut aucune difficulté à se rendre compte que la reine voulait que lui et surtout ses hommes qui son palais. Peut-être se trompait-il mais c'est l'impression que la souveraine lui donnait. Il commença à se dire qu'attraper le frère de la reine n'était pas vraiment utile parce qu'il ne représentait une menace pour personne. À moins que son frère ait commit un délit grave, ce qui n'est pas le cas, il est libre de ses choix d'après Hilderic. Il s'approcha de la fenêtre de la pièce et regarda à l'extérieur. Il regardait à l'extérieur avec un regard vide d'émotion qui semblait être inconscient.

-Non, il n'y a rien d'autre. Je ne vais pas vous faire gaspiller votre temps d'avantage. Je vais dire à mes hommes de redoubler d'effort pour retrouver votre frère et s'il le faut, je m'occuperais de cette affaire par moi-même. Tout dépendra de la tournure que prendra les évènements. En espérant que je n'aille pas à me mêler de cette affaire. Je veux que que mes hommes puissent faire le travaillent eux-même pour une fois. Je ne veux pas me mêler de cette affaire non plus parce que les affaires que je prends en main finissent en générale de façon plutôt radicale.

Hilderic n’avait vraiment pas l’air de quelqu’un qui aimait son travail. On pouvait discerner du dégoût dans son ton de voix lorsqu’il parlait de son travaille ce qui était assez fréquent. Personne ne savait pourquoi il n’essayait pas de se libérer de ses chaînes. Il accota c’est main sur le rebord de la fenêtre sans dire un mot pendant un long moment. Il écoutait ce silence qui se répandait dans la pièce. Il baissa la tête par la suite et l’un de ses points se serra ce qui était un peu étrange à première vue.

L'Inquisiteur paraissait soucieux, il semblait réfléchir à ses paroles, comme pour en tirer les conclusions cachées... Il manquait d'éléments pour cela, bien sur, et jamais personne ne pourrait prétendre la comprendre dans toutes ses raisons cachées... Personne, sauf peut-être Lysa, elle seule la connaissait vraiment, mais elle ne pouvait plus parler. Elle n'avait pas voulu bien sur, mais au fond c'était mieux ainsi, Lysa n'était pas plus mal traité que n'importe quel plante -d'ailleurs qui lui disait qu'elle n'était peut-être pas plus heureuse ainsi?- et son secret était préservé...
Et maintenant il y avait aussi le Prince son frère, mais lui il ne comprenait pas toutes les implications de ses actes, sait-il seulement qui était Nimélior? Avant sa folie, ce Mage semblait avoir été un homme de sciences tout ce qu'il y a de plus admirable... Savait-il seulement ça, cet idiot? Non, pour lui elle n'était qu'une méchante Sorcière machiavélique et égoïste, tout juste bonne pour le bûcher...
De toute manière, il n'aurait jamais fait un bon Roi.
Mais cela n'avait aucune importance dans l'instant présent, c'était le Seigneur Inquisiteur qu'elle avait devant elle, non pas ce maudit Prince qu'elle s'est tout de même promis de protéger...
Celui-ci lui ressortit une série de banalité, il ne l'embêterait pas plus longtemps, et irait sur le champs encourager ses hommes. Une chose l'étonna tout de même: il préférerait ne pas s'en mêler en personne à moins d'y être obligé.
Eléonore avait toujours entendu dire qu'Hilderic était un homme d'action motivé par sa lutte contre les Elémentalistes, et voilà maintenant qu'il avouait préférer laisser faire ses hommes... Soit cet homme avait quelque chose derrière la tête soit les informations qu'elle a sur lui sont erronées. Maintenant qu'elle y pensait elle ne savait pas grand chose de cet homme, sinon ce qu'ont jasés les courtisans. Il faudrait qu'elle fasse sa petite enquête peut-être, il était dangereux de rester dans le brouillard avec ce genre d'homme. S'il le voulait, son armée d'Inquisiteur pourrait facilement rivaliser avec la sienne...
Idée à mettre de côté, le principal pour l'instant c'est que l'Inquisition croie que le Prince Robert est son ennemi.

« Ce sera tout pour l'instant, acquièsça-t-elle. Je n'aurai d'autre indication que d'être vigilant, cet enfant me semble des plus imprévisibles, qui sait ce qu'il est capable de faire? La Reine Galathée de Glingal m'a fait part de sa venue prochaine, et je ne souhaiterais pas qu'il y ait le moindre incident pendant sa visite, vous comprenez? »

Se relevant enfin, la Reine tendit sa main à l'homme, en signe de salut.

« Je ne vous retiendrai pas plus longtemps, dit-elle d'un ton neutre. Vous avez certainement bien d'autres choses à faire... Je vous souhaite une bonne journée, Seigneur Hilderic. »

Hilderic s'était détaché du rebord de la fenêtre et fixait maintenant la reine de l'eau de ses deux yeux. Il se mit à vérifier sont équipement par la suite sachant qu'il avait d'autre détail à régler sur les autres continent. Il était très lent dans ses mouvements parce qu'il voulait que tout soit parfait mais il n'était pas difficile de remarquer qu'il était particulièrement songeur. Personne ne pouvait vraiment savoir à quoi il pensait. Il prit une grande respiration pour ensuite faire face de nouveau à la reine qui était toujours assit sur son siège.

-Merci! Passez une bonne journée vous aussi, dit-il avec un air plutôt désespéré.

Hilderic salua la reine pour ensuite ouvrir la porte et la refermée derrière lui. Il reprit par la suite le couloir par lequel il était arrivé toujours suivit par ses deux hommes qui était resté durant la conversation entière. Après avoir traversé les couloirs du château, Hilderic et les deux hommes de main arrivèrent enfin à leur point de départ. Hilderic fit signe à un des servants de la reine de venir le voir sur le champ. Le jeune en question ne perdit pas un instant pour se rendre à l'inquisiteur.

-N'oublie pas de me prévenir ou de prévenir un autre membre de l'inquisition si quelque chose arrive dans cet endroit, dit Hilderic à l'homme. Dit à tout les autres présent d'être tout de même vigilant.

=Bien entendu mon seigneur, je n'oublierai pas ma tâche, répondit le servant.

Personne ne pouvait vraiment se douter que cet homme était un espion au service de l'inquisition. Pour ne pas éveiller de soupçon, l'homme apporta son cheval à Hilderic comme pour signifier qu'il lui avait demandé de lui amené. Hilderic monta sur le cheval avec une extrême facilité et se dirigea lentement vers la sortit du château. Ses hommes le suivaient à la marche sans se poser de question comme à leur habitude. Finalement le groupe disparut à l'horizon.

(suite au port de mairenn)