Dans la Forêt Verte...

Au sud-est de la Forêt Verte, la nuit est bien avancée, et l’aube approche doucement. La forêt est encore sombre, encore endormie. Les oiseaux ne chantent pas encore. Le vent fait légèrement bruisser les feuilles des arbres. Le ciel est dégagé mais la luminosité croissante fait lentement disparaître les étoiles…

Anya est épuisée. Elle a marché toute la nuit dans la forêt depuis qu’elle est partie de chez elle, au crépuscule. Elle s’arrête un moment dans une petite clairière rocailleuse. Son regard parcourt un moment le sol à la recherche d’un endroit où s’asseoir. Elle choisit finalement un gros rocher pas trop humide. Elle prend ensuite le temps de regarder un peu autour d’elle : les arbres sont sombres, tous identiques. Sa vision ne s’étend pas à plus de 3 mètres d’elle à cause de l’obscurité. Les bruits des insectes et des petits animaux de la forêt ne la dérangent pas. Les pensées de la jeune femme sont totalement désordonnées :

** Comment va père ? j’espère que sa blessure n’est pas trop grave, j’espère qu’il va guérir. Et mère est-elle rentrée maintenant ? A-t-elle trouvé le message que je lui ai laissé sur la table ? **

Puis Anya repense aux évènements de la journée, en particulier à ses larmes, qui ont enflammé le sol de la forêt.

** D’où vient ce pouvoir étrange que je possède ? Je suis sûre qu’il y a un rapport avec ma naissance et les circonstances si obscures dans lesquelles mes parents m’ont adoptée… Je ne sais rien de tout ça… Qui pourrait bien le savoir ? Comment vais-je faire pour me débarrasser de cette malédiction ? **

Anya retira sa cape de voyage déjà bien sale et la posa sur le sol. Elle se recroquevilla par terre et replia le tissu sur elle pour la tenir au chaud. Elle s’endormit au bout de très peu de temps, espérant que les réponses viendraient plus facilement le lendemain…

Le soleil est à peine levé et les premiers oiseaux sifflotent déjà de bon coeur. La forêt se réveille doucement, la végétation est couverte de rosée et le sol brille légèrement aux premiers rayons de soleil. Des insectes parcourent en tous sens le sol feuillu...

Anya a eu du mal à trouver le sommeil, mais elle s'était quand même endormie en fin de compte. A son réveil, sa cape de voyage était humide. Elle s'étira, prit un moment pour s'habituer à la luminosité ambiante, puis se leva. Elle secoua vigoureusement le vêtement qui lui avait servi de couverture, puis le suspendit à une branche, au soleil.
Anya commençait à avoir faim. Cela faisait un moment qu'elle n'avait rien mangé et elle décida de prendre un petit repas avant de se remettre en route. Elle ouvrit son sac et y prit un morceau de pain et le pot de confiture. Au passage elle aperçut sa robe rouge, qui lui rappela sa situation peu enviable...
Après avoir convenablement mangé, elle rangea toutes ses affaires dans son sac et s'apprêta à partir. Elle comptait retourner en direction de la lisière de la forêt afin de trouver un moyen de transport. Elle souhaitait, dans un premier temps, s'éloigner le plus possible de son village.

** Enfin la lisière ! Je me suis plus aventurée dans la forêt que je ne l'aurais cru... Moi qui croyait la plaine si proche ! **

Les arbres de moins en moins nombreux, de plus en plus espacés à l'approche de la lisière de la forêt laissaient filtrer la lumière du soleil plsu profondément dans la forêt. Des insectes et des poussières brillaient dans les rayons de lumière. Quelques buissons épineux sur le sol, une chenille qui monte à un arbre et des papillons qui s'aventurent dans les sous-bois : on aurait pu s'attarder des heures à regarder ce spectacle !

Anya enjambait les derniers arbustes qui la séparaient de la plaine qui bordait la forêt. Une fois sortie, ses yeux encore éblouis par la lumière du soleil, bien plus forte qu'au coeur de la forêt, Anya prit le temps de reconnaître les alentours. Malheureusement la reconnaissance fut de courte durée : jamais elle ne s'était aventurée si loin de chez elle en direction de l'est... Elle ne reconnaissait rien. Son village était totalement hors de vue, tout ce qu'elle savait c'est dans quelle direction celui-ci se trouvait... A la position du soleil déjà bien haut, l'heure du repas devait approcher pour ses parents, et la jeune fille eut une pensée pour eux, quelque peu nostalgique. Pour elle aussi il aurait été l'heure de manger, mais n'ayant pas emporté beaucoup de nourriture, elle décida de ne manger que lorsqu'elle aurait vraiment faim.
Anya longea un moment la forêt, pour aboutir sur une route de terre.

** Tiens, je ne savais pas qu'il y avait une route par ici... Avec un peu de chance je trouverai quelqu'un qui m'emmènera dans un autre village en attendant ici... **

Elle choisit minutieusement un endroit relativement propre et sec pour s'assoir et s'assit. Elle commença à compter les caillous de la route... trouvant cette tâhce trop ennuyeuse, elle regarda les oiseaux, et tendit l'oreille pour essayer de reconnaître leurs champs... plusieurs heures passèrent avant qu'enfin elle aperçoive une charette sur la route qui avançait dans sa direction.

** Enfin quelqu'un ! En plus il va dans la bonne direction... Je vais essayer de me faire emmener... **

Anya attendit patiemment, debout, que la charette arrive à sa hauteur. C'était une petite charette en bois, tirée par deux chevaux gris. L'homme qui tenait les rênes paraissait vieux et fatigué, sa barbe grise négligée et ses habits sales et abimées faisaient de lui l'image parfaite d'un paysan. Anya interpela l'homme :

"Bonjour !
- Bonjour jeune fille... Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
- Je m'appelle Anya. Je souhaiterais me rendre en Rhydderch, mais je suis à pied... Comme vous vous dirigez vers l'est, vous pourriez m'emmener avec vous ?"

Le vieil homme réfléchit un moment... puis sourit à la jeune fille :

"Bien sûr, montez derrière... Rhydderch n'est pas si loin que ça, c'est à 30 kilomètres à peine. Normalement nous y serons demain... Je vais bien au-delà de la frontière donc je vous déposerai dans le premier village que nous trouverons sur la route. Ca vous va ?
- Oui, c'est très bien ! Merci beaucoup monsieur !"

Anya grimpa à l'arrière, dans la charette remplie de foin. Le paysan fouetta les rênes et les chevaux reprirent leur marche. Anya installa sa cape de voyage sur le foin et s'allongea dessus, bien décidée à profiter de ce voyage pour se reposer, sans pour autant perdre des yeux le vieil homme : elle ne lui faisait pas confiance...

[en route pour Rhydderch]