La Marquise de Monté Bello [longue histoire]

Chapitre 1

La marquise de Monté Bello c'était assise et admirait la réception qu'elle donnait en l'honneur de son mari, qui venait d'être promu au rang de général dans l'armée Française. Il était debout, un verre de Champaigne à la main, au centre de la salle de réception bourgogne et beige. Il parlait à un petit homme qui bombait le torse pour faire ressortir ses nombreuses médailles aux diverses couleurs prestigieuses, signes qu'il était supérieur et fier de l'être. La marquise le regarda, il était si beau, ses cheveux blonds, autrefois descendants librement sur ses yeux, étaient maintenant coupés ras sur sa nuque. Il n'y avait plus rien de rebel dans cette chevelure dorée, jadis indomptable. Il souriait timidement à la blague de mauvais goût que Jordan, son supérieur aux multiples médailles, venait de lui compter, suivit de plusieurs clins d'œils complices. Fier de cette plaisanterie salace, Jordan afficha un sourire grossier, comme à son habitude.

Les invités étaient divers ; il y avait de nombreux militaires, et bien sûr leurs épouses, qui étaient toutes plus enuyantes les une que les autres. Quelques amis se trouvaient là. Les autres convives se résumaient en une poignée de personnes qui n'auraient pas du asister à cette réception.

-Marquise de Monté Bello !

Cria une voix aiguë derrière La marquise. Elle se retourna lentement, détachant avec déplaisir son regard de son mari et de son sourire merveilleux. Adèle, la jeune épouse de Jordan, l'appelait, un immense sourire sur son visage saupoudré de maquillage enjôleur. Elle se tenait debout, proche d'elle, une robe violacée décorait son corps langoureux et sa main gauche, gantelée, était déposée sur sa hanche.

-Bonsoir, Adèle.

Souffla la marquise à l'épouse de Jordan. Celle-ci s'approcha vivement et s'assit, en remontant quelques peu sa robe, déjà courte, sur ces cuisses. Élisabeth remarqua ce geste subtile, à l'intention de l'homme barbu assis en fasse des deux femmes. Il sourit, et Adèle lui répondit en lui faisant un petit geste de la main. Adèle reporta son regard aguicher sur la marquise.

-Cette réception est absolument magnifique... Je dois avouer que ses invités aussi d'ailleurs...

Dit-elle en gloussant. La marquise lui répondit avec un léger sourire et un mouvement de tête incertain. Cherchant un moyen rapide pour s'extirper des griffes d'Adèle et de ses propos sordides, elle chercha son mari des yeux, il se trouvait encore au centre de la pièce, à discuter avec Jordan.

-Votre compagnie m’est très agréable, mais je dois m’absenter, n’aillez crainte, je reviens dans un instant.
-Faites, faites. Vous m'enverrez un serveur, je veux boire quelque chose.

La marquise s'éclipsa en un instant, cédant sa place à l'homme barbu. Elle accrocha un serveur maigrichon au passage et lui demanda poliment d'aller servir quelque chose de fort à la dame en rose, sur le fauteuil. Il se s'assit d'un verre auquel personne n'avait encore touché, et s'avança vers elle. Pour sa part, la marquise de Monté Bello se dirigea vers son époux, se faisant interpeller à de nombreuses reprises par les invités. Les bougies avaient presque toutes fondues, répandant leur cire blanchâtre sur les chandeliers en argent polis. Lorsqu'elle fût à une distance convenable de sa destination première, Jordan arrêta net sa plaisanterie en entendant les minces talons cogner contre le sol à chaque pas de la Marquise. Ses escarpins frappèrent le plancher encore six fois avant qu'elle ne puisse entendre leur nouveau sujet de conversation, ou plutôt celui du colonel, car le nouveau général se contentait d'hocher vaguement la tête en signe d'affirmation, de soutient, aux propos de Jordan.

-Ah ! S'écria Jordan. Voici votre charmante épouse qui arrive. Dit-il en bombant son torse de plus belle.

-Bonsoir colonel, lança Élisabeth en posant sa main sur l'épaule de son mari. C'est un véritable plaisir de vous retrouver, ce soir.

-Moi de même, affirma Jordan en éclatant d'un rire gras et impétueux. Vous êtes de si bonne compagnie...,dit-il en reprenant son souffle.

-Certainement moindre que mon cher époux, vous sembliez tant vous amusés. Dit-elle, toujours sur le même ton sympathique pour le supérieur de son mari. Vous êtes debout depuis bien longtemps déjà ! Dit-elle. Allez donc vous asseoir. Rajouta-t-elle, simplement.

-Mais non, je suis un dur. Répondit Jordan en souriant largement.

L'image était amusante : Le petit homme moustachu, presque chauve, qui se vantait d'être un "dur", et en face de lui, un beau grand jeune homme musclé, intelligent et blond ! Le parfait stéréotype, mais qui ne s'en vantait pas et son opposé, qui le faisait !

-J'insiste ! Déclara la Marquise en lui rendant son sourire.

-Comment résister à un aussi beau sourire ? Dit le colonel. Une phrase dépourvue de toute subtilité. Il osait courtiser ouvertement la femme de son général, il faut ajouter qu'Adèle en faisait autant, sinon plus.

Elle murmurait quelque chose à l'oreille du barbu, un mince sourire à ses lèvres rouges. Jordan s'assit sur un fauteil et alluma un cigare brunâtre. Se délectant des jolies femmes qui faisaient des allers retour dans la salle bondés. Élisabeth prit la main de son mari et l'amena loin de Jordan.

La soirée passa lentement. Sans que personne ne s'en aperçoive vraiment, il était non loin de minuit. Les invités partirèrent, peu à peu. Élisabeth ferma la lumière de la grande salle et partit se coucher.
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Élisabeth entendit une porte s'ouvrir, puis se refermer, avec la délicatesse d'un voleur. Elle entendit également quelqu'un descendre le long escalier de marbres qui ornait la maison. La Marquise entendit quelqu'un qui marchait jusqu'à la porte de l'entré. Ne sentant plus son mari à ses coté, elle se leva. Plus ou moins surprise. Elle dévala les marches, et sur le chemin de pierre, son mari marchait lentement. Elle s'arrêta à quelque pas de lui. Sa robe de nuits bleues flottait dans le vent matinal et ses yeux tristes le regardaient, sans haine, sans mépris, un regard, simplement.

-Tu t'en vas déjà ? Déclara la Marquise après un court instant.


Note : J'aimerais avoir vos commentaires sur cette nouvelle que j'ai intitulé La marquise de Monté Bello. J'aimerais bien faire plusieurs chapitres, mais si je vous ennuis, je ne continue pas ^^

C'est vraiment excellent, j'adore, c'est bien écrit et ça se lit très bien.
Si je peux te donner un conseil, c'est de continuer sur cette voie, si tu y trouves ton compte. Moi en tout cas, j'y trouve le mien si tu continues de poster.

Bravo ^^

Léo se crispa et ferma les paupières. Doucement, il déposa son sac usé par les nombreux voyages, sur le chemin et se retourna pour faire face à Élisabeth. Elle chercha son regard, mais le général détournait toujours les yeux. Trop peu de courage émanait de lui lorsqu’il était face à cette femme, pourtant son cran n’avait jamais fait défaillance sur un champ de bataille lorsqu’un homme tentait de l’assassiner sans aucun scrupule, alors pourquoi devant cette femme ? Pourquoi devant sa femme ?

-Tu m’as dit qu’ils t’avaient accordé un congé. Souffla Élisabeth, comprenant que son mari ne parlerait pas.

-Ils m’ont appelés d’urgence.Tenta de se justifier Léo. C’est d’une importance capitale, rajouta-t-il, avec l’espoir vain de se montrer convainquant, mais la mine déçue d’Élisabeth prouvait le contraire.

Elle voulait un mari présent, ce qu’elle n’avait pas. L’armée lui arrachait constamment son époux, elle commençait sérieusement à s’en fâchée, mais cette carrière était importante pour Léo, pour ces aînés, plutôt. Plus de quatre générations occupèrent ce poste, avant lui. Tous de même sang. Élisabeth avait souvent une pensé pour les rois. Eux avaient du sang royal, Léo lui, avait du sang de légionnaire. S’ils avaient un garçon, devra-t-il subir ce rôle, lui aussi ?

Léo se rapprocha d’Élisabeth un peu, puis, encore. Il l’a prit par les épaules, un air compatissant. Cependant, il n’avait pas le choix, c’était ça, l’armée, c’était son choix. Il devait l’assumer, mais parfois, il aurait bien voulu ne pas avoir à le faire.

-Élisabeth, je reviendrai. Dit-il d’une voix faible, il avait peur de sa réaction, pas que la Marquise soit violente, mais à chaque fois que le moment du départ approchait, elle le regardait, d’une manière horrible. Non rien de saugrenu, un regard triste, qui en disait long, comme les silences qui accompagnaient le départ.

-Tu n’en sais pas, il est possible que ça ne soit pas le cas. Précisa la Marquise de Monté Bello, en l’observant, du regard qu’il craignait.

-Je reviendrai, je te le promets. Promit Léo, le plus sincérement possible, mais personne ne peut savoir comment la guerre se termine... Un mince sourire, sur son visage, cependant, il se doutait bien que même la plaisanterie la plus amusante, ne puisse décrocher un sourire à Élisabeth, en ce moment.

-Ne me fais pas une promesse que tu ne pourras tenir. Répondit Élisabeth, en lui tournant le dos et marchant lentement dans la direction opposée.

2 ans plutôt, le 10 septembre 1754, à Marseille.

-Voyons, Élisabeth. Sois raisonnable ! Disait un petit homme à l’allure sympathique, mais un peu surexcité. Il s’approcha d’une jeune femme, qui se tenait au centre du bureau.

-Cela est tout ce que je fais ! Elle chercha ses mots, et repris, en furie.Je suis impeccable avec tous les gens que tu me présentes, je dois toujours faire bonne figure et j’y arrive très bien. Pourquoi ressens-tu le besoin urgent de me marier ? Pourquoi maintenant ?! Disait Élisabeth, furieuse contre l’homme, qui se trouvait à être son père. Je n’ai pas besoin de cela, pas maintenant ! Elle ne hurlait pas, mais c’était tout juste.[/i]

-Mais… Élisabeth… Cet homme est gentil et d’une élégance rarissime, il est parfait pour toi ! Tentait de la résonner le Marquis de Monté Bello, mais Élisabeth ne voulait rien entendre.

-Oui ! Il est gentil, raffiné et sympathique, il est même très beau, mais je ne veux pas me marier avec un soldat ! Ce n’est pas le mariage que je souhaite ! Je veux une famille heureuse, pas… un mari manquant ou mort par la guerre. Affirma la jeune femme, d’un ton plus doux, mais toujours soucieuse de son avenir.

-Et bien, tu aurais du me faire part de tes craintes, bien avant. J’ai déjà envoyé un messager, il est probablement arrivé à destination, et votre mariage, est imminent, annonça le Marquis. Loïs aurait voulu ce mariage. Rajouta-t-il.

-Personne ne sait ce que mère aurait voulu. Affirma Élisabeth, juste avant de sortir de la pièce à grand pas.

Au même moment, à Paris.

Quelques personnes étaient assises sur des chaises, dans un petit salon marron clair. Tous avaient un énorme et radieux sourire, seul un homme ne souriait pas, il ne comprenait n’ailleurs pas la raison de leur joie. Un grand homme aux cheveux courts et grisonnants était le plus comblé de tous, pris la parole le premier afin de devancer son fils.

-Aujourd’hui est un grand jour, une journée exceptionnelle, car dans cette lettre, il pris une enveloppe sur une table basse et la désigna fièrement, je sais que mon fils vient de gagner un joyau précieux. Léo haussa un sourcil, surpris, il attendit que son père annonce l’objet de sa fierté avant de parler ou de s’objecter. Une perle rare de plusieurs convoités, l’homme chercha une autre métaphore, question de faire languir son fils, et continua. une fleur qui ne laisse paraître son inconditionnelle beauté, qu’aux plus chanceux d’entre nous. Telle la rose, qui écorche les doigts de ceux qui s’empressent de se délecter de son odeur, mais qui émerveille ceux qui prennent le temps d’y arriver. Il marqua une pause lente, peut-être s’évertuait-il à imaginer une autre comparaison ? Pourtant, il attendait hâtivement, un événement. Une petite chapelle était située non loin de la demeure, à midi tapant, comme à chaque jour, un petit moine faisait résonner les cloches. À ce moment précis, Arnold reprit la parole en s’adressant spécifiquement à son fils. Tu entends ces cloches, mon fils ? Léo hocha vaguement la tête, sans savoir la raison exacte de cette question pour le moins absurde. Elles sonneront bientôt pour toi. Déclara Arnold, en guise de réponse.

-Je vais me marier ?! Compris Léo, éberlué par cette annonce. Surpris, certes, content, il ne saurait le dire. Mais… qui sera ma fiancée ? Demanda-t-il, encore sous le choc de cette révélation soudaine. La lettre attira son attention. Une fine écriture ornait le message, il ne put distinguer que quelques mots, mais c’était assez pour comprendre ; «…avec un immense plaisir que j’accepte ce mariage, entre deux nobles familles françaises ; Monté Bello et Maller… »

Le Marquis de Monté Bello n’avait qu’une seule héritière ; Élisabeth, qui selon des rumeurs, allait bientôt être Marquise. La santé de son père était dite défaillante...

Merci, c'est gentil ^^ Sincérement, j'aime bien cette histoire, donc je devrais continuer sur cette voie, cependant, j'aime plus les émotions que la violence ou l'action, donc cette histoire ne sera sûrement pas débordante d'événements du genre meutre et bain de sang. Ce sera sûrement quelque chose de plus doux... Mais je te remercie sincérement pour cette critique ^^