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 Le village de Rurok

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Ellensys
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MessageSujet: Le village de Rurok   Le village de Rurok Icon_minitimeVen 25 Aoû - 0:11



L’obscurité…la réconfortante obscurité qui englobe et dissout tout. Une sensation vint la perturber, comme une fine goutte d’eau solitaire trouble la calme surface d’un lac plat. L’ondulation ainsi provoquée gagna en amplitude, faisant vaciller la chape de ténèbres qui le recouvrait, jusqu’à ce qu’elle se déchire complètement pour révéler, une fois de plus, un univers cruel et hostile.

« Contemplez la dangereuse bête que le vaillant Hertor, le chasseur aux cent tours, a réussi à capturer au péril de sa vie ! Cette bête hargneuse qui hantait la vallée, n’attendant que le bon moment de fondre sur le village pour dévorer nos troupeaux…et nos familles. Contemplez la monstrueuse descendance de Mitroble ! »


Le crieur ponctua sa harangue par un coup de lance au drake, lui faisant à nouveau ressentir la douleur qui l’avait tiré de l’inconscience. Il poussa un petit couinement de souffrance, encourageant les vivats de l’assemblée réunie au centre du village et faisant naître un sourire de satisfaction sur le visage de son tortionnaire. Paniqué, il tenta de se relever et de s’enfuir. Il ne réussit qu’à s’écrouler pitoyablement, ses membres encore gourds à cause du puissant sédatif qu’Hertor lui avait administré. Ces mouvements maladroits et apeurés soulevèrent les railleries de la foule, qui savourait le plaisir d’avoir à sa merci une créature qui l’aurait terrifiée en temps normal.

Ellensys se trouvait à l’intérieur d’une cage composée d’épais rondins liés les uns aux autres, juste assez grande pour lui permettre de ne pas avoir à s’enrouler sur lui-même. Une lourde chaîne de fer lui entourait le torse, plaquant ses ailes contre son corps. Quatre autres chaînes reliées à des pieux plantés profondément dans le sol lui liaient solidement les membres et un épais arceau lui enserrait le cou, selon le même principe. Ellensys balaya la horde de bipèdes qui l’encerclait à bonne distance d’un regard affolé. Il y en avait tant présents en ce lieu, et pourtant, il n’en avait jamais rencontré au préalable dans sa vallée. À l’exception de celui qui semblait être la cause de sa situation précaire ; celui qui se tenait le plus près de lui, le torse bombé, recevant l’accolade et les félicitations de tous ceux qui passaient à proximité. La simple vue de cette créature abjecte lui donnait des frissons. Ce qui le décontenançait le plus, cependant, résidait dans le torrent d’émotions hostiles qui l’agressait sans cesse. Qu’avait-il bien pu faire pour qu’on le déteste à ce point ? Il demeura lové contre lui-même, la respiration irrégulière et son cœur battant la chamande à cause de la peur, écoutant les sons produits par les êtres qui le tenaient prisonnier.


« Maintenant, je vous le demande, chers citoyens : que devons-nous faire de cette abomination ? »

« Mettons-la à mort ! »

« Découpons-la en morceaux et vendons les à Träne ! »

« Faites-la rôtir vivante, pour lui faire payer ce qu’elle a fait à mes deux chèvres ! »


Alors qu’une nouvelle vague de haine déferlait sur Ellensys, celui qui semblait être le dirigeant réclama le silence en frappant bruyamment du manche de lance contre les rondins de la cage. Les réverbérations se répercutèrent dans toute la cage, et le drake fut pris de tremblements incontrôlables.

« Du calme, du calme ! Puisqu’Hertor a risqué sa vie pour la capturer, qu’il soit le seul juge de son sort. »

Un moment de silence tomba sur la grand place, alors que tous attendait impatiemment la décision du chasseur.

« Nous la tuerons proprement, puis nous la dépècerons et nous vendrons les parties qui intéressent les marchands. »


Un léger murmure de déception accompagna la déclaration

« Cependant, avant cela, montrons donc à ce monstre de quel bois se chauffe l’humanité ! »

Les acclamations fusèrent de toute part, et la cacophonie ainsi produite acheva de faire perdre la tête à Ellensys. Il réussit à se mettre debout, puis s’ébroua pour tenter de se dépêtrer des chaînes qui le retenaient. Il ne réussit qu’à s’écorcher la peau à chacune de ses entraves, avant que les villageois ne se mettent à lui lancer des projectiles divers. Des tomates pourries s’écrasèrent contre ses flancs, répandant une écoeurante odeur de pourriture. Un autre lui balança un seau d’eaux usées en plein visage, alors qu’un second tentait de mettre le feu à sa queue à l’aide d’une torche. Une roche s’envola et vint le percuter au niveau de ses organes sensoriels, sur le côté gauche de sa tête. Il tenta de se cabrer, mais ses liens tinrent bon, et sous le feu nourri de projectiles que cette dernière tentative avait soulevé, il se recroquevilla sur lui-même dans un coin, à la recherche de l’obscurité salvatrice. Agressé autant par les projectiles que par la haine des villageois, terrorisé jusqu’à l’impuissance par toute cette rage et tous ces éléments inconnus, il ne put que lancer un puissant et silencieux cri, hurlant à la face du monde sa détresse et sa douleur dans toute son intensité par son moyen d’expression le plus naturel et le plus profond. Malheureusement, comme toujours, il n’y avait personne pour l’entendre, personne pour le comprendre, personne…

Quoique…


[réservé, pour le moment]
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Uranie
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MessageSujet: Re: Le village de Rurok   Le village de Rurok Icon_minitimeJeu 2 Nov - 16:40

[=> Perdu dans les neiges]


Debout parmi la foule hargneuse, Uranie arborait une expression d'indifférence soigneusement étudiée. Les cris bestiaux des villageois pressées contre elle lui écorchaient les oreilles, et elle eut un mouvement de recul lorsqu'une femme brandit un panier de légumes pourris sous son nez, lui proposant muettement de partager les projectiles immondes. Fronçant le nez de dégoût, elle tourna les talons et se faufila comme une anguille parmi la populace.

La foule était en grande partie constituée d'humains, bien qu'elle pouvait repérer quelques elfes ou gens du petit peuple ici et là, et tous hurlaient unaninement la condamnation de la créature exposée dans la cage au centre de la place. Qu'avait-il donc fait, cet être ? Il était étrange, bizarre, c'était vrai, et en deux siècles d'existence Uranie ne se souvenait pas avoir jamais rencontré ou entendu parler d'un tel animal. Mais bien que son aspect soit des plus curieux, il ne paraissait tout de même guère agressif, enchaîné ainsi et tremblant visiblement de terreur. De part son apparence frêle et déguingandée, elle avait bien du mal à croire qu'il ait pu un jour s'attaquer à un poussin, sans parler de la demi-douzaine de chèvres dont on lui mettait la disparition sur le dos.

Mais les êtres pensants étaient bien souvent bourrés de préjugés, qu'ils soient humains ou pas. Uranie avait déjà expérimenté cette triste vérité bien des fois, parfois d'un peu trop près à son goût, et il était des choses immuables que même la fille d'une déesse ne pouvait abolir. Quoiqu'à cette affligeante époque, il était de meilleur ton de s'avouer que cette impuissance était surtout le lot de la fille d'une déesse...

Glissant sa silhouette d'adolescente entre les derniers villageois, la Muse se dirigea vers la sortie de la place, bien décidée à quitter le village sur-le-champ. Elle avait pensé s'arrêter à Rurok pour se reposer un peu et reprendre sa marche le lendemain matin, mais ce spectacle l'avait écoeurée et pour la peine l'auberge locale devrait se passer de sa contribution. Elle ne pouvait rien pour la créature, quand bien même elle l'aurait voulu - ce dont elle n'était pas tout à fait certaine, car bien que relativement généreuse, elle était trop vieille pour se laisser aller à penser qu'une bête dont elle ignorait tout ne se révèlerait pas soudain mortelle pour son "sauveur". La bonté gratuite avait ses limites, surtout lorsqu'elle atteignait celles de la prudence.

Elle allait enfiler la ruelle qui la conduirait du centre du village à la route du sud, sa prochaine destination, lorsqu'elle cessa soudain de respirer. Venue de nulle part, une écrasante lance de désolation perça impitoyablement toutes ses défenses et vint se loger près de son coeur. Vibration de souffrance insondable, onde de douleur infinie, hurlement de pure agonie, à travers elle il lui sembla entendre le son du verre qui se brise et tombe en pluie d'éclats sur les dalles froides de coeurs sourds et aveugles.

Elle reprit contact avec la réalité lorsque ses genoux s'écorchèrent sur le sol battu de la ruelle. Tremblante, elle lutta pour que ses jambes flageoyantes acceptent à nouveau de supporter son poids et se soutint au mur d'une maison adjacente le temps que des étoiles cessent de danser derrière ses paupières. Confusément, elle sentait que ce qui venait de se passer avait un rapport avec l'étrange créature qu'elle avait laissée derrière elle. C'est en titubant qu'elle revint sur ses pas, voyant à peine où elle mettait les pieds et manquant plusieurs fois trébucher.

L'être chevalin s'était recroquevillé dans un coin de sa cage, misérable, et Uranie pouvait à peine l'apercevoir à travers la foule surexcitée. Mais elle savait que c'était de lui qu'était venue l'onde intime et silencieuse qui l'avait projetée à genoux. Instinctivement elle tâtonna à la recherche d'un interrupteur dans sa tête, cherchant à l'aveuglette dans cette partie de son être qui avait résonné à l'entente de ce cri, cette partie d'elle-même qui lui avait toujours permis d'activer son don de Muse au contact d'un autre esprit.

C'est à tâtons et sans vraiment s'en rendre compte qu'elle diffusa des pensées apaisantes en retour à la douleur de l' "animal", émettant des ondes de curiosité bienveillante à l'intention de son esprit blessé tout en se faufilant dans la foule en sens inverse, luttant à présent pour se rapprocher de la cage et de l'humain braillard qui, planté non loin de là, encourageait les villageois.

[HJ : ^__^]
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Ellensys
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MessageSujet: Re: Le village de Rurok   Le village de Rurok Icon_minitimeDim 3 Déc - 17:33


Son âme guettait la moindre approche de la Faucheuse, prête à lui sauter dans les bras dès qu’elle montrerait le bout de sa sinistre silhouette. N’importe quoi, pour échapper à tant d’animosité, tant de haine inconsidérée. Son instinct de survie venait d’abandonner la partie face à une si féroce adversité. Ne restait plus que résignation et un vague sentiment d’horreur à l’approche d’un destin inéluctable, qui l’effrayait jusqu’aux tréfonds de son être sans qu’il ne puisse déterminer pourquoi. Une peur viscérale et irraisonnée, qui n’avait rien à voir avec celle que lui inspirait l’aversion que faisait naître en lui les armes et les projectiles des villageois. Non, c’était une crainte ancienne, primitive, ancrée si profondément en lui qu’elle constituait en fait la raison, ou du moins, l’explication ainsi que la justification, de sa propre existence. Et maintenant, ce précepte premier, à la base de sa vie, à la base de toute vie, s’approchait de son inéluctable conclusion.

Il tenta de fermer ses paupières, avec le très vague espoir que la menace s’évanouirait comme le réveil dissipe le cauchemar, mais se retrouva plutôt cerné par de monstrueuses ombres de haine, d’idée meurtrière, d’étroitesse d’esprit. Au milieu de ces ténèbres insondables et toujours plus opaques s’éleva cependant un point solitaire, minuscule au départ, qui scintilla quelques instants en virevoltant au hasard, avant de se précipiter dans sa direction. Interdit, Ellensys fixa son attention sur l’étincelle qui s’approchait à une vitesse fulgurante, avant d’éclater à quelques millimètres de son museau écailleux et de former une longue et soyeuse chape argentée qui le recouvrit d’une bienveillante lumière. Au loin, une silhouette de la même teinte se découpait progressivement à mesure qu’elle prenait de l’ampleur, révélant peu à peu une forme humanoïde pratiquement identique à toutes celles qui lui avaient apporté tant de malheurs jusqu’à présent. Elle se distinguait toutefois des autres par la netteté et le caractère positif de ses sentiments à son égard, qui se traduisait pour le moment en une curiosité emplie de sollicitude, combiné à un flou paradoxal du restant de son être et de ses émotions. Même si cela pouvait se révéler trompeur, Ellensys vit en cette lumière une source d’espoir et, ouvrant à nouveau les paupières, trouva la force de poursuivre le combat afin de chasser les ombres et d’examiner cette lumière, qui semblait si rare et précieuse en ce monde.

Il lui fut cependant beaucoup plus ardu d’identifier de visu la créature lui témoignant d’un certain réconfort au milieu de cette masse compacte d’humains. D’autant plus qu’il devait constamment remuer la tête et fermer les yeux pour tenter d’éviter de se faire blesser sérieusement par les projectiles que la foule surexcitée faisaient pleuvoir sur lui. Cette nouvelle attitude plus combattive de la bête sembla de plus raviver l’ardeur des paysans, qui considéraient maintenant comme un défi personnel d’atteindre franchement une partie sensible de l’animal et de lui faire pousser un couinement de douleur.

Encore une fois fortement affecté par l’ampleur des mesures destinées à mettre fin à ses jours et le fort désir d’y parvenir des villageois, Ellensys avait cependant maintenant une raison de croire que cet univers hostile recelait, ici et là, quelques perles de bonheur et de confort destinées à son attention. Si quelque chose était parvenu à communiquer avec lui, à lui transmettre une idée, alors cela signifiait fortement qu’il y en aurait d’autres en quelque part, et donc qu’il devait y avoir une place où il serait accepté en ce monde. Peinant sous le poids de ses fers, il parvint à se redresser et à tourner son long cou reptilien en direction du nord, là où se trouvait la créature qui avait répondu à son appel. Les gens situés de ce côté s’éloignèrent tous, craignant une forme de représailles quelconque et plus que justifiée de la part de la créature. Tous, à l’exception d’une seule, une femelle, qui demeura sur place, interdite. Lorsqu’il plongea son regard dans ses deux yeux « X », il sut qu’elle était son étoile. Quelque chose dans le regard qu’elle posait sur lui, dans l’éclat de son aura et dans la complexité de son âme et de ses émotions témoignait de son caractère unique parmi les siens. Hypnotisé par l’enchevêtrement ordonnément chaotique de ses sentiments, de ses états d’âme et de ses souvenirs, qui faisait paraître banalement simple tous ces humains qu’il avait préalablement rencontré et dont la propre complexité l’avait alors sidérée, il en oublia même la situation précaire qui était la sienne en ce moment. Malheureusement, tous ne partagèrent pas son inertie…

Voyant que la bête semblait avoir décidé de vendre sa peau plutôt que de se laisser dépecer sans rechigner, Hertor entreprit, d’une main tremblante, de remettre en place la corde de son arc.

L’harangueur de foule, qui se trouvait en fait à être le benjamin du chef de village actuellement en voyage officiel pour régler une quelconque besogne, constata quant à lui le fait que la bête semblait attiré par cette femme et, pour donner l’illusion de sa prévoyance d’esprit au restant des habitants, fit comme s’il pouvait comprendre des situations auxquelles le commun des mortels n’entendait rien. Il cria donc :

« Cette femme est une adoratrice de Mitroble la chienne ! Elle vient pour libérer la bête ! Saisissez-vous d’elle au plus vite !! »

Et les villageois, croyant leur vie menacée, décidèrent d’entreprendre ce qu’il considérait comme la seule action susceptible de leur épargner une stèle funéraire et obéirent, en songeant à quel point ils étaient choyés d’avoir comme héritier au chef un jeune homme d’une si grande perspicacité…

Le cri fit sortir Ellensys de sa torpeur et, lorsqu’il vit la façon dont les villageois s’approchait de la femelle et qu’il comprit ce que signifiait la nouvelle flagrance de crainte qui se dégageait d’eux, réalisa que l’on allait bientôt s’en prendre à son étoile ! Poussant une unique trille suraiguë et monotone, il tenta de se rapprocher d’elle. Il fut brutalement freiné à la fois par la cage, qui tint bon sous l’impact, et par les chaînes qui le retenait. Il dirigea la colère engendrée par le fait de ne pas pouvoir aller lui porter secours sur la source de sa frustration, et deux barreaux ainsi que deux maillons de chaînes volèrent en éclats, projetant des éclats de bois et de métaux à la ronde et dont une grande partie vint se ficher dans ses chairs.

Il réussit ainsi à sortir de sa prison tant bien que mal, brisant deux autres barreaux sur son passage, portant encore sur le dos les chaînes qui lui bloquaient les ailes et encore cloué au sol par les menottes surdimensionnées encerclant son cou ainsi que ses deux pattes du côté droit. Se dirigeant vers Uranie, il ne comprit pas réellement pourquoi il fut stoppé à un petit mètre d’elle, lorsqu’il arriva au bout des dites chaînes. Il avait beau se débattre, se tortiller et crachoter, rien n’y faisait.

Et les villageois s’approchaient toujours d’Uranie…

…alors qu’Hertor se préparait à encocher une flèche.
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MessageSujet: Re: Le village de Rurok   Le village de Rurok Icon_minitimeVen 5 Jan - 12:19

Encore sonnée par le hurlement silencieux de l’animal, Uranie mit plus de temps qu’elle ne l’aurait dû à se rendre compte du mouvement de recul de la foule autour d’elle. Ce n’est que lorsqu’une femme la bouscula dans sa hâte de rejoindre le gros des villageois qu’elle releva la tête et avisa le regard fixe de la bête sur elle, ainsi que le changement d’atmosphère qui s’était soudain abattu sur la place. Trop tard pour se fondre naturellement dans la masse, les visages se tournaient déjà vers elle.

‘Oh oh. Dans quoi t’es-tu encore fourrée, espèce d’idiote ?’

La réponse vint plus vite qu’elle ne l’aurait aimé et elle blêmit devant les accusations qui lui étaient portées. Etait-ce donc à nouveau sa mère qui la mettait dans cette situation ? Avait-elle mis cette créature sur son chemin afin de révéler à tous sa véritable nature, la contraignant à fuir et à se terrer comme autrefois, lorsqu’elle avait dû vivre tant d’années dans la peur perpétuelle de l’Inquisition ? La haïssait-elle donc tant ?

Mais non, non !

Mitroble, sa mère Mitroble était morte, et jamais elle ne lui aurait imposé une telle épreuve ! Cet homme, cette arrogante excuse d’être vivant ne savait rien et s’empressait de cacher son ignorance derrière un voile de faux-semblants et d’appels à la haine. Moisissure puante que les êtres comme lui ! Dieu aurait dû se tapir de honte le jour où il décida de leur offrir la parole. Si ce n’était pour de pareils imbéciles, les bûchers auraient peut-être été un peu moins nombreux sur cette terre !

Et elle, elle qui avait survécu à des années de traque, à des décennies de soupçons, à des siècles de dissimulation, fallait-elle aujourd’hui qu’elle meure pour quelque chose qu’elle ne savait contrôler, pour avoir entendu là où les autres étaient sourds, pour satisfaire l’ego d’un humain à peine sorti de l’adolescence qui se sentait le droit de jouer à l’adulte en décrétant la mort de ses semblables ? Fallait-elle qu’elle laisse des villageois arriérés, de pusillanimes mortels avoir raison d’elle, quand le temps lui-même épargnait son existence ?

Elle était la fille d’une Déesse, la tenante d’un pouvoir et d’une responsabilité qu’ils ne pouvaient même pas appréhender. Elle avait vécu deux siècles et quatre vies, possédait plus de sagesse et de connaissance qu’aucun d’eux n’en acquèrerait avant que la Grande Faucheuse ne les rende tous égaux ! Et chacune de ces existences dormait encore en elle, souvenirs, émotions, convictions, volonté !

La Gamine s’était enflammée la première, adolescente rebelle qui brûlait d’envie de mettre cet ignare à genoux d’un coup de pied bien placé. La Femme tremblait, tout au fond de son cœur, celle qui avait dû fuir comme un animal pour échapper au bûcher, un siècle auparavant. Mais plus que tout, s’éveillait en elle le souvenir d’une époque où personne n’aurait osé élever la voix contre elle, où un simple regard de sa part pouvait faire trembler les hommes et gémir les femmes. Celle-Qui-Voit aurait mis cette foule à genoux, par la simple peur d’un futur qu’elle suspendait au-dessus de leurs têtes telle une épée de Damoclès.

« Calomnie !! »

Pâle de fureur, droite comme la justice, elle les foudroya tous du regard.

Elle ne sut jamais ce qui poussa la foule à hésiter devant cette adolescente frêle qui la défiait. Peut-être était-ce l’absence de peur dans son regard, la colère légitime et l’assurance qui avaient envahi un visage aussi jeune. Peut-être aussi avait-elle involontairement fait appel à son empathie de Muse, bien qu’elle doutât être jamais capable d’obtenir un tel effet.

Quoiqu’il en soit, les villageois frémirent et hésitèrent, comme frappés par la foudre. Dans le silence soudain, le cliquetis des chaînes de la bête qui se débattait, étant Mitroble seule sait comment parvenue à sortir de sa cage, résonna avec une brutale clareté.

En deux enjambées, Uranie fut près d’elle et lui saisit brutalement la tête, lui intimant de s’immobiliser d’une onde mentale chargée de colère. C’était sa faute si elle en était là, sa faute s’ils risquaient à présent tous deux la mort. Au fond d’elle, la Femme tremblait et brûlait de prendre ses jambes à son cou. Et pourtant, elle entendait encore le cri silencieux de l’animal résonner dans son cœur, et c’était aussi un peu pour lui qu’elle tremblait, en vérité.

« Faut-il donc que vous tuiez une fille du voyage parce qu’elle a le malheur de se faire aimer des bêtes ? Quel genre d’hommes êtes-vous pour vouloir me brûler pour le sang d’elfe qui coule dans mes veines ? »

Un humain se tenait non loin, ridicule pantin figé en position de tir, une flèche à moitié encochée sur son arc, et elle le foudroya du regard.

« Et quel genre de chasseur êtes-vous donc pour vouloir me priver de mon gagne-pain ? »
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