La forêt de Rhydderch

Lorsque la femme qui se trouvait face à elle lui caressa la joue du bout de ses doigts, Anya ressentit une sensation étrange. Les paroles qu'elle entendait l'apaisaient. Ce contact, fut-il si bref et si léger, représentait un peu de la chaleur humaine dont Anya avait manqué durant les jours passés, seule dans la forêt et seule dans ses pensées. Déjà les larmes cessaient de couler. Malgré la fatigue, la jeune femme sentait quelques forces revenir en elle, la volonté de persévérer et la force de tenir encore sur ses jambes. Elle se souvint de la promesse qu'elle s'était faite : trouver l'origine des phénomènes étranges qui la pourchassent depuis sa plus petite enfance. Après tout, elle venait de rencontrer pour la première fois depuis qu'elle avait quitté ses parents quelqu'un qui lui portait un minimum d'attention. Et Anya en avait besoin, de l'attention, alors qu'elle était épuisée, pourchassée par ses pensées obscures, ne pouvant que difficilement fermer l'oeil la nuit, par crainte des dangers de la forêt.

Mais la femme avait déjà retiré sa main.
A ses mots, qui lui apparurent comme un ordre, Anya ne réfléchit même pas, et se mit en route. Quelques larmes perlaient encore sur ses joues et sur le bout de son nez. Ayant bougé un peu brutalement, une larme tomba de son visage. Elle ne s'en aperçut que trop tard... La goutte d'eau salée tomba sur le sol de la forêt et une flammeche jaillit des feuilles du sous-bois. Bien qu'à peine perceptible et sans risque pour la forêt humide, Anya mit le pied dessus, comme si de rien n'était, espérant que la personne qu'elle venait de rencontrer n'avait rien vu. Elle poursuivit son chemin, s'assurant d'un rapide regard que la flamme était bien éteinte.

Après quelques minutes de marche, Anya brisa le silence, sa voix étant très atténuée par la timidité :

"Je m'appelle Anya..."

Aux pas de la Dame d’Aragon se mêlèrent bientôt ceux d’une petite fille à laquelle elle adressa un sourire plein de douceur, de l’amour pour ce petit ange en souffrance. Elle avait cessé de pleurer, même si quelques larmes perlaient encore sur ses pommettes pleines de candeur ; et sans cesse la Muse ne pouvait s’empêcher de superposer ce visage avec celle d’une autre fille il y a deux cent ans, qui pleurait la perte de ses sœurs et la haine des hommes sur la Grande Plaine. A cette époque, une jeune veuve l’avait recueillie et aimée comme son propre enfant…
Pourquoi ne pouvait-elle pas faire de même ? Le Manoir d’Aragon était assez grand et confortable pour héberger une mère et sa fille pour autant de temps qu’il le faudrait, ce serait le départ d’une nouvelle vie : sereine, tranquille, normale. Pourquoi refuser pareille opportunité ?

Quelques moments plus tard, l’enfant lui révéla son nom : Anya. C’était simple, joli, ça rimait avec Callya. La Baronne se retourna pour lui sourire, pleine d’une tendresse nouvellement retrouvée.
–Appelle-moi Callya, lui murmura-t-elle pour toute réponse, sur son petit nuage. Et la blonde fit signe de continuer.
Elle arriva bientôt dans la clairière au tournesol, qu’elle traversa avec mélancolie ; eut le cœur serré en apercevant le blé mais un regain d’énergie en passant devant les ruines. Elle s’y arrêta un instant, comme pour se recueillir devant le monument, puis se remit en route vers le Manoir.

–J’habite cette vieille ferme que tu vois tout là-bas, expliqua-t-elle au bout d’un moment, alors qu’elles arrivaient en vue du Manoir : Façade un peu terne mais très confortable… C’était la belle demeure de feu mes ancêtres : Calliope et Lysandre d’Aragon.
Petit mensonge nécessaire, qui était devenu une vérité en soi. Il le fallait bien, car qui comprendrait qu’une veuve puisse vivre si longtemps ? C’était contre-nature ; elle était contre-nature.
–Où sont tes parents, Anya ? voulut-elle tout de même s’assurer avant de l’adopter.

-->Océan

Cela faisait maintenait presque trois jours qu’il avait établi ses quartiers sur une presqu’île de Rhydderch, là où se situait le campement terrestre des esclavagistes, dans un léger renflement de la côte qui rendait la crique quasi invisible de la mer. Un endroit magnifique, autant au niveau tactique que panoramique. En plus, ils n’étaient qu’à quelques milles nautiques du continent du mal, là où se trouvait bien évidemment la plus forte demande. Velix profita de ces quelques journées pour se familiariser avec les modus operandi de l’organisation, ainsi qu’à apprendre à connaître les différents membres. Au bout de quoi, il rassembla l’ensemble de la troupe pour leur exposer les nouvelles orientations du groupe…


«Et maintenant ? Le soi disant ambitieux Vélix finira-t-il ses jours en tant que prince d’une bande de criminels complètement anonyme ? Je dois avouer que je suis sidéré par ton audace, vraiment…»

Pour une fois, les sarcasmes du démon ne firent pas complètement mouche, et Vélix répondit avec grand plaisir.

«Et ton manque de vision m’exaspère. À quoi bon supporter ta présence si désagréable si tu n’as même pas plus de perspicacité qu’une taupe aveugle. Sache que tout ceci n’est qu’une première étape. Je ne pourrai pas tout accomplir par moi-même, et j’aurai besoin d’hommes de main sur qui je pourrai compter. Maintenant que c’est sur la bonne voie, je peux maintenant me consacrer à la recherche d’une demeure à ma mesure.»

Qu’est-ce que c’est que cette conner...»

«Je savais que tout cela te dépasserais. Tire-toi un siège et assiste, tu verras. »


Sur cet entrefaite, le nouveau capitaine du Marsouin fit son entrée pour obtenir l’accord de Velix pour lancer une nouvelle expédition près des côtes de Nennvial, afin de rassembler des hommes à la fois pour renforcir les rangs et pour renflouer les caisses. Alors que, les détails réglés, l’homme s’apprêtait à se retirer, Velix l’interrompit.

«Une dernière petite chose, si vous permettez.»

«Bien sûr, dites commandant...»

«Il y a longtemps que vous êtes ici capitaine, non ?»

«C’est exact. Depuis environ 6 ans. Pourquoi cette question ? »

«En fait, je me demandais tout simplement où vous aviez bien pu trouver ce fauteuil, » dit-il en désignant l’élégante chaise d’acajou ouvragée qui reposait derrière un bureau de facture beaucoup moins élaborée.

«Hem..., si je me rappèle bien, c’était un certain Claudus, un collectionneur d’objets ancien»s de valeur qui tient plus d’un receleur. Il nous l’avait refilé en échange d’une belle Lòmelindienne, et de la promesse qu’il ne dirait rien de noter petit commerce aux autorités de Rhydderch… Un beau salaud! À elle seule, la fille devait valoir le prix du Marsouin… »

«Le genre d’erreur que je veillerai personnellement à ce qu’elle ne se reproduise plus. Merci beaucoup, Kellear, de votre loyauté et de ses renseignements. Je vous souhaite des vents favorables. »


Kellear grommela un timide «Ouais» en se massant l’avant-bras et se retira.

«Cette fois, on devient un amateur d’ébénisterie ? Décidément, tu m’impressionnes de plus en plus»

Vélix soupira avant de répondre

«Tu vois, ce magnifique emblème en relief au dos de la chaise ? Et bien, c’est celui des Aragon, l’une des plus grandes familles d’inquisiteurs du continent, maintenant tombée dans le néant…»

*******

Agenouillé près d’une source, Vélix se frottait frénétiquement les mains et les avant bras contre une pierre, tâchant de retirer une souillure que lui seul percevait, dernier vestige témoignant du caractère réel du cauchemar qu’il revoyait en boucle depuis deux heures. Claudus qui hurlait le nom de l’homme qui lui avait apporté les objets frappés du sceau des Aragon alors qu’on lui arrachait un quatrième ongle de la main droite. Le corps bouffi de Claudus, les lèvres blêmes, les yeux exorbités, la tête plongée dans une bassine où il avait exhalé son dernier souffle. Puis venait Herald, pendu par un pied au sommet du clocher de l’église de son village, qui hurlait comme un dément la direction du manoir où il avait pillé certains objets, entre autres choses. On continuait toutefois de lui découper les muscles de la jambe droite, jusqu’à ce que son mollet et son quadriceps ne pendent au niveau de son visage, retenu simplement au niveau de la hanche, jusqu’à ce qu’il meure finalement au bout de son sang… Puis, une course folle dans la forêt, et ce sang, ce sang invisible qui portant lui imprégnait les mains.

Même s’il tentait de toutes les manières imaginables de se convaincre du contraire, il savait qu’il était entièrement responsable de ces deux meurtres barbares et gratuits. Quel espèce de monstre était-il en train de devenir ?

« Celui qui se trouve au fond de toi, très cher. Et je parle de celui qui s’y est toujours trouvé… »

« Ferme-la ! Je sais très bien que tu es l’unique responsable de tout ceci ! Tu n’avais nul besoin de faire cela ! Ils nous auraient dit ce que nous voulions savoir de toute façon ! »

« Peut-être…mais ça aurait éveillé des soupçons… Et d’ailleurs, il faut que les gens commencent à respecter le Fer Rouge. Ce vendeur avait eu la main haute sur ton prédécesseur, et je suis convaincu qu’il s’en soit vanté à tous ceux qui passaient à portée de voix. Lorsque les rumeurs de sa mort…pénible…se répandront, ainsi que celle de ta nomination, les gens comprendront le message. Ne me jette donc pas la pierre trop rapidement, je travaille pour toi ! »

Velix lança la pierre avec laquelle il avait fini par s’écorcher les mains contre son reflet, en répliquant sur le ton de la colère

« Tais-toi donc ! Tes paroles ne font qu’empirer ton cas ! »

Il allait poursuivre sa tirade, mais s’arrêta en réalisant qu’en fait, tous les reproches qu’il pourrait formuler ne s’adresserait en fait qu’à lui-même, contre sa volonté trop faible pour maintenir les pulsions démoniaques qui pulsaient en son âme. Et pour la énième fois, il en vint à se demander s’il avait le bon choix…tandis qu’une partie de son esprit commençait à se questionner sur les vérités qui se dissimulaient au sein des paroles du démon, qui de jour en jour le connaissait de mieux en mieux. La seconde partie, quant à elle, transmis à la division « conscience » que des bruits de voix féminines s’étaient élevés à proximité durant son introspection, et qu’elles avaient cessées lors de son exclamation. Selon toute vraisemblance, les possesseurs de ses voix viendraient investiguer se qui se passait dans le coin, et Vélix consacra les quelques secondes qui le séparait de cette rencontre pour se préparer mentalement à les recevoir avec tact.

Savia fut contente de retourner sur sa terre natale, le continent du feu. Ayant débarquer du bâteau quand il est arrivée au port, Savia fut parti en vitesse veuillant être seul à visiter son continent.
-Rien n'a changé depuis mon départ!, dit-elle avec soulagement et elle parti voir les habitants du forêt.
Quand elle fut parti, Savia avait senti d'être regarder autre que les habitants du forêt. Savia avait pris la décision de se "cacher". Quand elle tournait d'un arbre, Savia se métarphorsé comme un vieil champignon qui poussa près de l'arbre et essayant de cacher sa présance. Elle ne voulait surtout pas se battre avec personne, seulement d'être laisser tranquille pour le moment.

« Tais-toi donc ! Tes paroles ne font qu’empirer ton cas ! »

Dame Callya s'arrêta net, tournant la tête vers l'origine du cri sans comprendre. Qui hurlait donc ainsi à travers la campagne ? Dans quel but ? Ce ton… il lui rappelait les douces vindictes populaires, tandis que le loyaliste hurlait et hurlait son innocence, et que Dame Douleur souriait à sa souffrance. Un inquisiteur en ces terres ? Non, c’était peut-être une querelle entre fermiers, ou plus certainement un règlement de compte de bandits de grand chemin car elle n’avait jamais entendu cet homme… Il valait mieux s’en assurer.

Elle plissa les yeux, cherchant à voir l'inconnu derrière cette voix qu'elle ne reconnaissait pas, mais ce n'était pas possible : un talus se dressait entre elle et lui. Elle regarda l'enfant, puis le monticule de terre, et enfin se décida :

–Ne bouge pas, demanda-t-elle à sa petite protégée. Je reviens dans un instant.

Alors la femme s’engagea en dehors du sentier, se frayant un chemin à travers la végétation champêtre avec aisance, discrétion, car elle connaissait assez bien les lieux… Une très belle source, la plus pure des environs ! En des jours meilleurs, elle s’en servait pour nettoyer les légumes ou nourrir les bêtes.

En des jours meilleurs, des jours qui ne seront plus. Sa main droite serra un peu plus encore le tournesol en un élan de mélancolie tandis qu’elle arrivait au sommet du monticule, mais son esprit en fut bientôt détourné quand elle fut en vue de la scène : un homme seul se tenait face à elle, quand elle s’attendait à en voir deux.

Silencieuse et calme, la blonde dévisageait l’inconnu sans pouvoir s’expliquer cette étrange situation : pour quelle raison un homme si bien vêtu (car il l’était, comparé à la paysannerie locale) allait-il s’enfoncer dans la campagne, si loin de tout ? A qui parlait-il ? Que signifiait donc cette mascarade ?

–Besoin d’aide ? demanda-t-elle à tout hasard, intriguée par cet homme sorti de nulle part.

Ayant découvert qu'elle était sain et en sécurité, Savia retourne dans sa forme humaine et s'étira les muscles de son corps. Elle n'avait pas utilisé son pouvoir pour un bout temps et elle n'avait pas mangé encore. Cette fois-ci elle devait boire du sang humain si elle voulait continuer de marcher. Elle regarda autour d'elle et trouvait un homme blessait hors des portés de guérrir. Savia souffla de tristesse, elle avait juré qu'elle n'allait pas boire du sang humain pour que des exceptions spécial. Peut-être elle devrait revoir son ancien patron Drak Valentin.
(Suite de Savia Au Bosquet)